Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
R

Rousset (Christophe)

Claveciniste et chef d'orchestre français (Avignon 1961).

Il étudie le clavecin auprès d'Huguette Dreyfus, Kenneth Gilbert et Bob Van Asperen. 1er Prix au Concours international de Bruges, il commence une carrière de soliste et se produit à Amsterdam, Cologne, Aix-en-Provence, Berlin, etc. À la fin des années 80, il est l'assistant de William Christie à la tête des Arts florissants et commence à diriger. Il fonde en 1991 son propre ensemble, les Talens lyriques, et mène une double carrière de claveciniste et de chef, interprétant le répertoire des XVIIe et XVIIIe siècles, français en particulier.

Rouvier (Jacques)

Pianiste français (Marseille 1947).

Il apprend le piano au Conservatoire de Marseille, avant d'entrer au Conservatoire de Paris en 1963. Il étudie avec Aline van Barentzen, Vlado Perlemuter et Pierre Sancan. En musique de chambre, il est l'élève de Jean Hubeau. En 1970, il fonde un trio avec le violoniste Jean-Jacques Kantorow et le violoncelliste Philippe Muller. Avec cette formation, il s'impose dans le répertoire français, jouant toute la musique de chambre de Ravel, Debussy, Franck et Lalo. Il aborde aussi les trios de Chostakovitch, et joue en duo avec Théodore Paraskivesco. Il enseigne à l'Académie Ravel de Saint-Jean-de-Luz et, depuis 1979, au Conservatoire de Paris.

rovescio (al) [ital. ; « à l'envers »]

L'expression s'applique aussi bien à la récurrence (rétrogradation) qu'au renversement. La symphonie en sol majeur no 47 de Haydn (1772) contient un Menuetto al Roverso (la seconde partie est la rétrogradation de la première, et il en va de même dans le trio) ­ mouvement repris dans la sonate en la majeur no 41 (Hob. XVI.26) de 1773 ­, et la sérénade pour vents en ut mineur K.388 de Mozart (1782-1783), un Trio in Canone al Rovescio (en canon renversé).

Roy (Jean)

Critique musical français (Paris 1916).

Licencié en philosophie, il a débuté en collaborant dès 1937 à la Revue musicale dirigée par Henry Prunières. Parallèlement à une carrière de fonctionnaire, de 1941 à 1977, aux ministères de l'Intérieur et de la Culture, il a poursuivi ses activités de critique en publiant des articles dans de nombreux journaux et revues, et réalisé plusieurs émissions radiophoniques. Ses ouvrages, la Vie de Berlioz racontée par Berlioz (1954), Présences contemporaines : musique française (1962), Francis Poulenc, (1964), Darius Milhaud (1968), Bizet (1983), le Groupe des Six (1994) et de nombreux textes sur des compositeurs français témoignent d'une orientation à laquelle il faut adjoindre une ouverture sur l'ensemble des arts dont la musique, selon lui, ne peut jamais être séparée.

Royan (Festival international d'art contemporain de)

Créé en 1963, ce festival consacré essentiellement à la musique contemporaine a eu lieu 14 années de suite, durant une semaine aux environs de Pâques, de 1964 à 1977. Il eut comme président-fondateur le docteur Bernard Gachet, et comporta également des manifestations théâtrales, cinématographiques, chorégraphiques ou picturales annexes. Jusqu'en 1972, son directeur artistique fut Claude Samuel, qui eut comme successeur, à partir de 1973, Harry Halbreich. Certaines années, l'accent fut plus ou moins mis sur tel ou tel aspect de la production musicale d'aujourd'hui : les pays de l'Est (1971), ou encore la jeune génération (1972). Par le nombre des partitions commandées, par celui des premières auditions françaises ou mondiales, le festival de Royan prit rapidement une importance internationale qui en fit au moins l'égal de ceux de Donaueschingen ou de Venise. Celui de 1974, par exemple, annonça 49 compositeurs (dont 15 nés après 1940) originaires de 18 pays, et représentés par 120 œuvres dont 100 créations (39 mondiales et 61 françaises). Dans le cadre du festival a eu lieu à cinq reprises, jusqu'en 1971, le concours international de piano Olivier-Messiaen, auquel a fait suite, pour une année (1972), un concours de flûte.

   Avec l'arrivée de Harry Halbreich, le festival s'est plus encore orienté vers la création, à la fois par le nombre des premières auditions mondiales et françaises que par la programmation de jeunes compositeurs (nés entre 1940 et 1955) français ou étrangers jusqu'alors peu ou très peu joués. Les derniers festivals de Royan ont ainsi mieux fait connaître ou même révélé des compositeurs de la génération de Boulez ou de peu ses cadets, comme Berndt Alois Zimmermann, Isan Yun, Dieter Schnebel, Klaus Huber, Franco Donatoni, Cristobal Halffter, Hans Joachim Hespos, Jean-Claude Éloy ou Heinz Holliger, mais aussi et surtout des compositeurs nés à partir de 1940 comme Hugues Dufourt, Brian Ferneyhough, Giuseppe Sinopoli, Emanuel Nunes, Horatiu Radulescu, Jacques Lenot, Tristan Murail, Michael Levinas, Michael Finnissy, Sandro Gorli, Philippe Manoury, Wolfgang Rihm ou José-Ramón Encinar (d'une façon générale les jeunes écoles italienne, espagnole et allemande). Cet aspect " forum de la création " n'a pas échappé à la critique, et il est certain qu'il ne saurait constituer à lui seul une politique de la musique contemporaine. Son utilité n'en demeure pas moins, et il est non moins certain que depuis 1977 rien n'est venu remplacer, en France en tout cas, et malgré l'existence des Rencontres de Metz (jusqu'en 1992), du festival Présences de Radio France et du festival Musica de Strasbourg, le festival de Royan sur ce point.

Principales créations mondiales ou françaises (f) au festival de Royan

1966 : Triade de Gilbert Amy, Interférences de Paul Méfano, De natura sonoris de Penderecki, Terretektorh de Xenakis, Variations pour orchestre de Stravinski (f) ; 1967 : archipel I de Boucourechliev, D'un opéra de voyage de Betsy Jolas, Dans le deuil des vagues de Gérard Masson ; 1968 : Trajectoires de Gilbert Amy, le Temps restitué de Jean Barraqué, Lignes de Paul Méfano, Imaginario II de Luis de Pablo, Punkte de Stockhausen (f), Solo de Donatoni (f), Nuits de Xenakis ; 1969 : Sinfonia de Berio (f), Archipel II de Boucourechliev, Reliefs polychromés de Jean-Pierre Guézec, Quadrivium de Bruno Maderna, Nomos Gamma de Xenakis ; 1970 : Cette étoile enseigne à s'incliner de Gilbert Amy, Archipel IV de Boucourechliev, Quatorze Stations de Marius Constant, Cérémonie II de Pierre Henry, Holydays Symphony de Charles Ives (f), la Cérémonie de Paul Méfano ; 1971 : Schichten d'Alsina, Austrahlungen de Globokar, Écran de Vieru, Synaphai de Xenakis ; 1972 : Ludwig Van de Kagel (f), Madrigal de Paul Méfano, Lovercraft de Tristan Murail ; 1973 : Solo de Donatoni (f), Préludes et fugue de Lutoslawski (f), Kermit de François-Bernard Mâche, Bleu loin de Gérard Masson, Extensions de Francis Miroglio, 24 Préludes de Maurice Ohana, Concerto pour violoncelle de Penderecki, Choralvorspiele de Dieter Schnebel (f), Photoptosis et Action ecclésiastique de Berndt Alois Zimmermann (f) ; 1974 : Clocks and Clouds de Ligeti (f), Symphonie de René Kœring, la Dérive des continents de Tristan Murail, Missa brevis et Sieben Sterne de Brian Ferneyhough, Shanti de Jean-Claude Éloy, Mélodies de Paul Méfano, Tenebrae de Klaus Huber (f), Bergkristall de Bussotti (f), Aura de Maderna (f), Sur Mi de Philippe Boesmans, Quatuor de René Kœring, Quatuor de Gérard Masson ; 1975 : Sonatas pour quatuor à cordes et Transit de Ferneyhough, Quatuor de Heinz Holliger, Sables de Tristan Murail, Souvenirs à la mémoire de Giuseppe Sinopoli, Lamento di Gesu de Radulescu, Espressivo de Franco Donatoni, Pinturas Negras et Tiempo para espacios de Cristobal Halffter, Puzzle de Philippe Manoury, Thrène de Boucourechliev, Down to a Sunless Sea de Hugues Dufourt (f), Musik im Bauch de Stockhausen ; 1976 : Ondes de Paul Méfano, Ecce Opus de Francisco Guerrero, Concerto pour violoncelle de Cristobal Halffter, Concerto pour violoncelle de Isan Yun, Sinfonie de Freidrich Cerha ; 1977 : l'Orage et Erewhon de Hugues Dufourt, Symphonie de Jacques Lenot, Lichtzwang de Wolfgang Rihm, Symphonie no 3 de Henryk Gorecki, Ruf d'Emanuel Nunes.