Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Maazel (Lorin)

Chef d'orchestre et violoniste américain (Neuilly 1930).

Il commence l'étude du piano et du violon à l'âge de cinq ans. Ses parents, musiciens originaires de Los Angeles, s'installent à Pittsburgh en 1938, et, dès 1939, il dirige en public à New York et à l'Hollywood Bowl. En 1941, Toscanini l'invite à diriger l'orchestre de la N. B. C. Après avoir terminé des études de mathématiques et de philosophie à l'université de Pittsburgh et s'être produit quelque temps comme violoniste, il est nommé chef de l'orchestre symphonique de Pittsburgh (1949), et, en 1951, obtient une bourse pour aller étudier en Italie la musique baroque. À la même époque, il commence à diriger les grands orchestres européens : il est le plus jeune chef et le premier Américain à diriger, en 1960, au festival de Bayreuth (Lohengrin). Invité à Salzbourg (1963), il donne en 1968, à Berlin, la première mondiale de l'Ulisse de Dallapiccola. De 1965 à 1975, il est directeur musical de l'orchestre de Radio Berlin. Codirecteur, avec Otto Klemperer, du New Philharmonia Orchestra de Londres de 1970 à 1972, il succède, dès 1972, à George Szell comme chef et directeur artistique de l'orchestre de Cleveland. En 1977, il est nommé chef principal de l'Orchestre national de France, auquel il reste attaché jusqu'en 1990. De 1988 à 1996, il a été directeur musical de l'Orchestre de Pittsburgh. Il a pris en 1993 la direction de l'Orchestre symphonique de la Radio bavaroise à Munich. C'est lui qui enregistre, en juillet 1978, Don Giovanni de Mozart pour le film de Joseph Losey.

Macdowell (Edward)

Compositeur et pianiste américain d'origine écossaise (New York 1861 – id. 1908).

Il fit ses études à Paris (Savard et Marmontel) et à Francfort (Joachim Raff). Il débuta comme professeur à Darmstadt en 1881. Sur le conseil de Liszt, il se consacra à la composition dès son retour aux États-Unis. Les deux concertos pour piano et orchestre écrits pendant ses années d'études l'avaient déjà rendu célèbre et c'est également au piano qu'il confia alors ses quatre sonates (sous-titrées The Tragica [1893], The Eroica [1895], the Norse [1900] et The Keltic [1901]), ses douze études de virtuosité, son étude de concert et les Woodland Sketches (1896), pièces très romantiques d'inspiration et d'écriture où sa sympathie pour Grieg se révèle fréquemment, à côté d'autres influences telles que celles de Wagner, Liszt ou Mendelssohn.

   Nommé professeur à l'université de Columbia, il concilia pendant huit ans les obligations de sa charge avec la composition de son œuvre, manifestant un grand intérêt pour la musique populaire et spécialement les thèmes indiens que lui avait révélés Théodore Baker. Sa deuxième suite d'orchestre, dite Suite indienne (1895), en utilise plusieurs.

   MacDowell ne cessa de protester contre les idées de Dvořák en affirmant qu'il ne suffit pas d'arranger un thème populaire pour le baptiser musique américaine. Et, dans une déclaration souvent reproduite, il ajoutait : « Ce que nous devons chercher à exprimer, c'est la vitalité, la jeunesse, l'optimisme et la ténacité d'esprit qui caractérisent l'homme américain. » Son nom est fréquemment cité comme celui du premier compositeur américain digne de participer au concert universel.

Mace (Thomas)

Luthiste anglais (Cambridge v. 1613 – ? v. 1706).

Il est l'auteur d'un important ouvrage, le Musick's Monument (1676), qui traite à la fois de l'enseignement du luth, de la composition et de la musique en général, et constitue un précieux document sur les problèmes musicaux de l'époque. Chantre au Trinity College de Cambridge, il inventa plusieurs instruments de musique incongrus, dont un luth à 50 cordes, le « dyphone ».

Mácha (Otmar)

Compositeur tchèque (Ostrava 1922 – Pardubice 2006).

Il est l'élève de F.-M. Hradil au conservatoire (1943-1945), puis de J. Řídký à l'Académie de musique et d'art dramatique de Prague (1945-1948). Il est nommé au service des émissions musicales de la Radio tchécoslovaque (1945-1955). Artiste austère et réfléchi, il écrit peu, si ce n'est des chansons, contes, ballades et chœurs d'enfants, qui montrent sa nature profondément lyrique. Après une première série d'œuvres lumineuses et concises telles que ses Sonates pour violoncelle (1949), pour violon (1948), ou les Danses de Moravie septentrionale (Kopaničářské tance, 1950), son style atteint dès 1960 une extrême concentration, un dépouillement grandiose, proche de Berg. Mácha n'utilise le legs de l'école de Vienne qu'avec économie, bâtissant fréquemment ses œuvres sur un seul motif dont le traitement harmonique et mélodique est fort riche. Ainsi, dans son poème symphonique Nuit et Espoir (Noc a naděje, 1959), ses Quatre Monologues de 1966, les Variations de 1968. De ses œuvres se dégage une impression de puissance, de profonde humanité. Il est l'un des représentants les plus intéressants de l'école tchèque actuelle.

Machabey (Armand)

Musicologue français (Pont-de-Roide 1886 – Paris 1966).

Élève de Vincent d'Indy et d'André Pirro, il soutint en Sorbonne, en 1928, une thèse de doctorat sur l'histoire et l'évolution des formules musicales au Moyen Âge. Ses travaux sur Guillaume de Machault (2 vol., 1955) font autorité. Il s'est attaché à définir le champ et les méthodes de la musicologie. Ses ouvrages sont un exemple de la rigueur scientifique qu'il exige des adeptes de cette discipline.

Mâche (François-Bernard)

Compositeur français (Clermont-Ferrand 1935).

Après avoir obtenu des prix de piano (1951) et d'harmonie (1952) au conservatoire de sa ville natale, il entra à l'École normale supérieure (1955) et obtint son agrégation ès lettres (1958). La même année, il entra au Groupe de recherches musicales de Pierre Schaeffer, où il devait rester jusqu'en 1963, et au Conservatoire de Paris, où il travailla avec Olivier Messiaen. À partir de 1959, il participa à la réalisation des premiers films expérimentaux du Service de la recherche, et, en 1960, obtint le prix de philosophie de la musique dans la classe d'O. Messiaen. Il fut successivement professeur de lettres à Chartres (1962), à Neuilly-sur-Seine (1963) et en classes terminales et préparatoires au lycée Louis-le-Grand à Paris (depuis 1968). Chroniqueur musical à la Nouvelle Revue française (à partir de 1969), il effectua un voyage dans le sud-est asiatique, en particulier à Java et à Bali, en 1972, et a obtenu un doctorat d'État (en esthétique) en 1980. Opposé par tempérament aux courants postsériels, présentés comme des « combinaisons très complexes, sans rapports au réel », il s'attache à des données purement sensorielles, utilisant d'une part des langues inconnues de lui, considérées comme des matériaux purement sonores, et d'autre part des sons/bruits enregistrés à l'état brut, sans aucune manipulation. Il n'en reconnaît pas moins l'apport considérable de la musique concrète, « intrusion de sons mal élevés… qui n'avaient pas droit de cité ». On lui doit notamment Duo pour violon et piano, première œuvre de lui jouée au concert (1957) ; Prélude pour 3 pistes magnétiques (1959) et Lanterne magique pour 2 pistes magnétiques (1959) ; Safous Mélé, cantate pour 9 instruments, chœur de voix de femmes et voix d'alto (1959) ; la Peau du silence pour orchestre, commande du Service de la recherche (première version 1961-62 pour 30 exécutants, deuxième version 1964-1966 pour 110 exécutants, troisième version 1970 pour 83 exécutants) ; le Son d'une voix pour 16 instruments (1964) ; Nuit blanche pour 2 pistes magnétiques et récitant sur un texte d'Antonin Artaud (1966) ; Répliques, expérience orchestrale avec participation du public muni d'appeaux (1969, création la même année au festival de Royan) ; Rituel d'oubli pour 20 instruments et 2 pistes magnétiques (1969) ; Danaé pour 12 voix mixtes et 1 percussionniste (1970) ; Kemit pour darbouka ou zarb solo (1970, création au festival de Royan de 1973) ; Agiba pour 2 pistes magnétiques (1971) ; Rambaramb pour orchestre, piano solo et bande magnétique (1972) ; Temes Nevinbür pour 2 pianos, 2 percussions et 2 pistes magnétiques (1973, création la même année au festival de Royan) ; Naluan pour 8 instruments et 2 pistes magnétiques (1974) ; le Jonc à trois glumes pour orchestre (1974) ; Marae pour 6 percussions et 2 pistes magnétiques (1974) ; Solstice pour clavecin et orgue positif (1975) ; Da Capo, œuvre de théâtre musical créée au festival d'Avignon de 1976 ; Kassandra pour orchestre et bande magnétique (1977) ; les Mangeurs d'ombre, œuvre de théâtre musical (1979) ; Aera pour 6 percussions (1979) ; Amorgos pour 12 instruments et bande magnétique (1979) ; Andromède pour double chœur, 3 pianos et orchestre (1979, créé en 1980) ; Temboctou, œuvre-spectacle créée en 1982 ; Eridan pour quatuor à cordes (créé à Radio France en 1987), Cassiopée pour chœur mixte et 2 percussions (1988), Khnoum pour percussion (1990), Athanor pour dix instruments (1991).