Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

acoustique

Étude physique des sons, portant sur leurs caractéristiques intrinsèques, leur émission, leur mode de propagation et de perception.

On désigne aussi par acoustique l'ensemble des propriétés qu'a un lieu, ouvert ou clos, de propager et de transmettre les sons : c'est l'acoustique d'une salle. La science de l'acoustique touche notamment à l'analyse physique des sons, à l'organologie, à l'acoustique architecturale, aux phénomènes de la phonation et de l'audition, et se diversifie aujourd'hui en des domaines spécialisés comme ceux de l'électroacoustique ou de la psycho-acoustique.

   Les Anciens avaient une connaissance empirique extrêmement poussée de l'acoustique, comme en témoignent les propriétés exceptionnelles de leurs théâtres. C'est essentiellement cette même connaissance qui a présidé à la mise au point des instruments de musique et, dans une certaine mesure, à l'orchestration musicale. De Stradivarius, on peut dire qu'il fut acousticien autant qu'ébéniste de génie. L'orchestration de Berlioz tient compte des conditions acoustiques d'exécution de chaque œuvre. Le Requiem, en particulier, est étroitement lié à l'acoustique de l'église des Invalides. Les compositions pour orgue de Vierne dépendent, dans leur écriture même, de l'acoustique de Notre-Dame de Paris, aussi étroitement que celles de Bach le font d'églises allemandes dotées d'instruments beaucoup moins importants dans des acoustiques moins réverbérées, permettant donc une polyphonie plus intelligible dans sa complexité et un jeu plus rapide. Un interprète doit savoir modifier le tempo de son exécution en fonction de l'acoustique du lieu où il joue, de façon que le tempo perçu par les auditeurs dans ces conditions acoustiques corresponde au tempo psychologique de l'œuvre. En tant que science, l'acoustique apparaît seulement dans les temps modernes.

   Ayant à saisir un objet fugitif, immatériel et se modifiant dans le temps, l'acoustique n'a pu se développer scientifiquement et aboutir à une théorisation qu'avec l'invention des moyens de fixer et de reproduire, puis d'analyser, de mesurer et d'engendrer par synthèse des phénomènes sonores.

ad libitum (lat. ; « à volonté »)

Comme les expressions a piacere, senza tempo, a capriccio, ad libitum est employé pour indiquer à l'interprète qu'une certaine liberté lui est permise dans le mouvement d'un passage, dans une cadence ou lors d'une pause (point d'orgue). Dans la musique des XVIIe et XVIIIe siècles, ad libitum indiquait la possibilité de remplacer un instrument par un autre (ex. : la flûte par le violon). Un autre sens possible est une liberté offerte à l'exécutant pour l'interprétation d'une partie vocale ou instrumentale. Le contraire d'ad libitum est obbligato (« obligé »).

adagietto (ital. ; « petit adagio »)

Ce terme indique un mouvement un peu moins lent qu'adagio, et surtout un caractère plus léger. La Cinquième Symphonie de Mahler possède comme quatrième mouvement un « célèbre » adagietto pour cordes et harpe.

adagio

Mot italien signifiant à la fois « à l'aise » et « lentement ».

Le mouvement ainsi indiqué se situe entre le largo et l'andante. Le terme revêt une valeur expressive, impliquant un ton sérieux, profond et soutenu ; il est souvent accompagné d'une qualification telle que cantabile, sostenuto, appassionato, etc.

   Apparu pour la première fois au début du XVIIe siècle, l'adagio indiquait souvent un élargissement du tempo à la fin d'un mouvement, d'une ouverture par exemple. Cette invitation à prendre son temps, à devenir plus solennel paraît avoir été plus importante que l'implication d'un tempo bien précis, car, pour certains compositeurs d'autrefois, Purcell et J.-S. Bach entre autres, adagio pouvait indiquer un mouvement plus lent que largo, voire plus grave.

   Le mouvement lent d'une symphonie ou d'une sonate classique est souvent intitulé « adagio ».

Adam (Adolphe Charles)

Compositeur français (Paris 1803 – id. 1856).

D'origine alsacienne, il entra en 1817 au Conservatoire de Paris, où il étudia avec une certaine désinvolture jusqu'au jour où Boieldieu, ayant remarqué sa verve mélodique, le prit dans sa classe. Il obtint bientôt le deuxième grand prix de Rome. Il écrivit d'abord des pièces pour piano, pour chant, et aborda le théâtre lyrique avec une comédie de Scribe : le Baiser au porteur. Il se révéla par la suite comme un compositeur fécond (53 ouvrages lyriques et des ballets), aimant plaire, écrivant avec facilité, clarté, simplicité. D'autre part, il réorchestra à la demande de Louis-Philippe, pour d'importantes reprises, des œuvres comme Richard Cœur de Lion de Grétry ­ ce qui lui valut une vive critique de Wagner ­ ou le Déserteur de Monsigny. En 1847, il fonda le Théâtre National, dans l'intention d'y accueillir les compositeurs délaissés par les deux scènes lyriques officielles de Paris. Malgré son succès, cet organisme sombra dès février 1848, au lendemain de la révolution, pour des raisons pécuniaires. Reçu à l'Institut en 1844, Adam succéda à son père comme professeur de piano au Conservatoire en 1849.

   Parmi ses œuvres lyriques, certaines ont été longtemps populaires : le Chalet (1834), le Toréador ou l'Accord parfait (1849), le Sourd ou l'Auberge pleine (1853). D'autres le sont encore et figurent au répertoire en France et en Allemagne : le Postillon de Longjumeau (1836), Si j'étais roi (1852). Le ballet romantique Giselle (1841) est régulièrement joué par toutes les grandes compagnies. Adam est également l'auteur de messes et de pièces religieuses diverses, dont le célèbre noël Minuit, chrétiens.

Adam (Theo)

Baryton-basse allemand (Dresde 1926).

En 1949, il débute à l'Opéra de cette ville dans le rôle du prince Ottokar du Freischütz de Weber. En 1952, il commence une carrière à Bayreuth dans le petit rôle d'Hermann Ortel, l'un des « maîtres chanteurs ». Devenu par la suite un très grand spécialiste de Wagner, il est le plus célèbre Wotan (la Tétralogie) de sa génération. Le rôle de Pizarro (Fidelio) et celui de Wozzeck comptent parmi ses grands succès. T. Adam se consacre également à l'oratorio et au lied. Il a chanté à partir de 1968 au Metropolitan Opera de New York et a créé en 1981 à Salzbourg Baal de Friedrich Cerha.