Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

sujet

1. Outre son acception habituelle ­ le sujet d'un opéra ­, ce terme s'emploie spécialement, dans la fugue, pour désigner le thème principal présenté dans l'exposition, et qui doit devenir l'élément essentiel du développement. Le mot « sujet » cesse de s'employer lorsque ce thème est présenté sous la forme et dans les notes où il répond pour la première fois au sujet initial ; le thème garde alors toujours son nom de « réponse », tandis que le mot « sujet » peut être employé dans tous les autres cas (sujet à la sous-dominante, au IIe degré, etc.).

2. En langage de ballet, le terme désigne les différents grades du corps de ballet (premier sujet, grand sujet, etc.).

Suk

Famille de musiciens tchèques.

 
Josef, violoniste, pédagogue et compositeur (Krecovice 1874 – Benesov 1935). Fils d'instituteur, musicien et mélomane, il apprend le violon dès l'âge de quatre ans. Admis dans la classe de violon d'Antonin Bennewitz au conservatoire de Prague en juillet 1885, il travaille l'harmonie (Josef Foerster) et la composition (Antonín Dvořák), et devient le camarade, puis l'ami, de Vitezslav Novak. Admis dans l'intimité de Dvořák à Vysoka, il fait la connaissance de sa fille Otilka. Il fonde avec Karel Hoffmann, premier violon, Oskar Nedbal, alto, et Otto Berger, violoncelle, le Quatuor tchèque, sous la direction du célèbre violoncelliste et professeur Hanus Wihan.

   Ce quatuor donne son premier concert le 19 janvier 1893 à Vienne. Suk restera le deuxième violon de cet ensemble jusqu'à son concert d'adieu, le 20 mars 1933. De 1893 à 1905, il écrit de nombreuses pièces pour le piano, Six Pièces op. 7, Feuillet d'album, Pièces op. 12, Impressions d'été op. 22b, ainsi que la célèbre Sérénade pour cordes op. 6, sous l'influence directe de son maître, devenu son beau-père, depuis son mariage avec Otilka. Le 1er mai 1904, alors que Suk vient de se faire applaudir par le public tchèque pour son immense poème symphonique Praga, Dvořák meurt subitement. Le 5 juillet 1905, Otilka meurt, à son tour, de tuberculose. Désormais, Suk n'est plus le chantre du printemps et de l'amour. Son style devient d'une grande complexité polyphonique et polyrythmique. En mémoire de sa femme et de son beau-père, il écrit un immense chant funèbre, une Symphonie en ut mineur, Asraël, dont l'ossature thématique est constituée par le thème du destin, qui s'unit à celui de la mort, telle la malédiction de Roduz, et Mahulena. Cet immense poème en 5 mouvements forme le premier pilier d'une tétralogie qui comporte aussi le Conte d'été op. 29 (1909), Maturation op. 34 (1917) et Épilogue op. 37 (1933).

   Suk est pourtant le fondateur de l'école tchèque moderne et, avec Novak, celui qui a su faire passer la forme du quatuor, comme celle du poème symphonique, de Brahms et Strauss à Janáček, Hába et Martinů. La puissance méditative, la vitalité, la tendresse expressionniste de Maturation s'opposaient, à l'époque de la création de l'ouvrage, à la musique « blanche » d'un Stravinski et aux principes de non-répétition de l'école viennoise. Aujourd'hui, Suk attend sa réhabilitation, tout comme l'autre école de Vienne, celle allant d'Hauer à Franz Schmidt.

 
Josef, violoniste (Prague 1929). Petit-fils du précédent et arrière-petit-fils de Dvořák, il a fait ses débuts en public dès 1940, a étudié au conservatoire de Prague jusqu'en 1951, a été premier violon du Quatuor de Prague (1951-52), et, en 1962, a formé un duo avec la claveciniste Zuzana Ruzickova.

   Il s'est imposé à l'étranger à partir de 1959, et est le premier violoniste tchèque de sa génération, tant comme soliste que comme musicien de chambre.

sul ponticello (ital. ; « sur le chevalet »)

Indication de jeu non pas « sur », mais « près » du chevalet, afin de produire un son nasillard.

On la trouve à la variation III (premiers et seconds violons en doubles croches) de l'Adagio ma non troppo de la symphonie en ut majeur no 97 de Haydn (1792).

Sullivan (sir Arthur)

Compositeur et chef d'orchestre anglais (Lambeth, Londres, 1842 – Londres 1900).

Il écrivit dans de nombreux genres beaucoup d'œuvres sérieuses qui le firent parfois considérer comme le principal compositeur anglais de son temps (Irish Symphony, 1866 ; Ouverture di ballo, 1870). Mais presque aucune de ces œuvres ne lui a survécu, et c'est à ses ouvrages scéniques à la veine légère, en particulier à ceux qu'il produisit avec comme librettiste W. S. Gilbert, qu'il doit son immortalité. Parmi ces ouvrages (plus ou moins dans la descendance d'Offenbach) de « Gilbert & Sullivan », citons HMS Pinafore, or The lass that loved a sailor (1878), The Pirates of Penzance (1879), Iolanthe (1882), The Mikado (1885), The Yeomen of the Guard (1888) et The Gondoliers (1889).

Supervia (Conchita)

Cantatrice espagnole (Barcelone 1895 – Londres 1936).

Elle débuta à quinze ans au Colón de Buenos Aires, chanta Carmen en 1911 à Bari, et Oktavian à Rome pour la création italienne du Chevalier à la rose. Dalila à Barcelone en 1912, elle s'imposa dès lors, en Europe et en Amérique, dans Carmen, dans Chérubin, mais aussi dans le répertoire comique rossinien. Elle fut Rosine du Barbier de Séville dès 1915, Cenerentola dès 1921, et Isabella de l'Italienne à Alger en 1925, rôles qu'avec Carmen elle interpréta triomphalement à Paris et à Londres dès 1929. Elle mourut en couches au sommet de sa gloire.

   Soprano grave plus que véritable mezzo-soprano, maîtresse d'une technique absolue, Conchita Supervia possédait un timbre inimitable, sa voix unissant un vibrato très serré au grave intense des chanteuses de flamenco (elle a laissé un enregistrement essentiel des Sept Chansons de Manuel de Falla) et aux inflexions presque infantiles de son registre aigu. Excellente comédienne, elle possédait une vis comica naturelle qui lui permit de s'affirmer dans le répertoire rossinien, pour lequel elle n'avait pas les moyens vocaux exacts, mais son interprétation d'une Carmen jeune, spontanée mais tragique est sans doute demeurée jusqu'à présent inégalée.

Suppe (Franzvon)

Compositeur autrichien (Spalato, Dalmatie, 1819 – Vienne 1895).

Après avoir montré des dispositions musicales précoces, il commença des études de médecine. Mais une rencontre avec Donizetti le ramena à la musique. Il travailla alors avec Ignace von Seyfried, un disciple de Haydn, et fut engagé au Josephstadt Theater de Vienne comme chef d'orchestre et, surtout, comme compositeur et arrangeur de vaudevilles.Il le quitta bientôt pour le Théâtre An der Wien, pour lequel il devait écrire la plupart de ses opérettes. Parmi ses plus grands succès, il faut citer Dix Filles et Aucun homme (1862), Fatinitza, extraite de la Circassienne de Scribe (1876), et Boccaccio (1879). Ses partitions, nourries de valses viennoises, témoignent d'une forte influence italienne au niveau de l'écriture vocale et montrent d'ingénieuses trouvailles instrumentales. Suppe fut, avec Johann Strauss, le plus heureux et le plus fécond des compositeurs de la belle époque viennoise. Seules, cependant, certaines de ses ouvertures sont vraiment passées à la postérité : Poète et Paysan, Cavalerie légère.