Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Chou (Weng-Chun)

Compositeur américain d'origine chinoise (Chefoo, Chine, 1923).

Il a étudié à Shanghai (1941-1945) et à Boston (1946-1949), ainsi qu'avec B. Martinu (1949) et E. Varèse (1949-1954). Citoyen américain en 1958, il est entré en 1964 à la faculté de musique de l'université Columbia. Sa musique, qui incorpore la tradition et les chants populaires chinois dans une syntaxe occidentale allant jusqu'au contrepoint atonal, s'inspire aussi volontiers de prétextes anecdotiques ou pittoresques liés au folklore chinois : d'où son coloris particulier. Sa production comprend notamment Landscapes (1949, 1re aud. San Francisco 1953), All in the Spring Wind (1952-53) et And the Fallen Petals (1954) pour orchestre, Yü Ko pour 9 exécutants (1965), Yün pour vents, 2 pianos et percussion (1969). On lui doit aussi divers écrits, en particulier sur Varèse.

Choudens

Maison d'édition musicale fondée en 1845 par Antoine de Choudens (mort en 1888).

Elle fut ensuite dirigée par ses fils Antoine et Paul, par Paul seul jusqu'à sa mort en 1925, puis par les gendres de Paul, Gaston Chevrier et André Leroy. À sa tête, se trouve actuellement André Chevrier de Choudens. Le fonds réputé de cette maison comprend une grande quantité d'ouvrages lyriques de Berlioz, Bizet, Gounod, Bruneau, Offenbach, Messager, Bondeville, Landowski, etc., des musiques de film, des œuvres symphoniques de compositeurs français contemporains, des solfèges, méthodes et ouvrages pédagogiques divers.

Chowning (John M.)

Compositeur américain (1934).

Il a fait ses études musicales (percussion, écriture, composition) à Stanford et à Paris avec Nadia Boulanger. Il révolutionna, à Stanford vers 1965, la synthèse directe des sons par ordinateur, en inventant une technique originale et pratique de synthèse des timbres complexes par modulation de fréquence (brevets américains). De ses travaux, qui ont porté également sur la simulation de trajectoires sonores dans l'espace par des sons de synthèse, l'acquis appartient désormais au « fonds commun » de la recherche internationale : il en a illustré brillamment l'efficacité sur le plan sonore par des œuvres comme Turenas, Sabalith, Stria.

   Directeur du Stanford Computer Music Project depuis 1975, John M. Chowning a collaboré étroitement avec l'I.R.C.A.M. après la création de cet organisme.

Chrétien de Troyes

Trouvère du XIIe siècle, d'origine champenoise.

Il résida longtemps à la cour de Champagne, puis eut pour protecteur Philippe d'Alsace, comte de Flandre. Avec ce poète-musicien s'instaura un véritable renouveau poétique ; Chrétien de Troyes fut en effet le premier à faire passer le lyrisme provençal dans la langue d'oïl, ceci sur les conseils d'une autre protectrice, Marie de Champagne, fille de Louis VII et d'Aliénor d'Aquitaine. Si deux de ses chansons seulement nous sont parvenues (Amors tançon et bataille ; D'amors qui m'a tolu a moi), il a laissé cinq « romans » écrits en octosyllabes : Erec et Enide (v. 1170), Cligès (v. 1176), le Chevalier au lion ou Yvain, le Chevalier de la charrette ou Lancelot, ces deux derniers ouvrages écrits entre 1177 et 1181. Tous deux s'inspirent des légendes celtiques du roi Arthur. Enfin, et surtout, il écrivit un autre « roman », empreint d'un grand mysticisme, le Conte du Graal ou Perceval, commandé par Ph. d'Alsace en 1180 et resté inachevé. Ce conte devait être traduit et chanté par le minnesinger Wolfram von Eschenbach, comme le fit Gottfried de Strasbourg pour Tristan. C'est de cette version allemande du Graal que Wagner allait s'inspirer, au XIXe siècle, pour composer son dernier drame lyrique, Parsifal (Bühnenweihfestspiel).

   Le style de Chrétien de Troyes est à la fois novateur et fort élégant.

Christie (William)

Claveciniste et chef d'orchestre américain naturalisé français (Buffalo 1944).

Il étudie le piano, l'orgue et le clavecin, notamment avec R. Kirkpatrick. Diplômé de Harvard et de Yale, il s'installe en France en 1971 et enregistre son premier disque pour l'O.R.T.F. Parallèlement, il continue ses études de clavecin avec Kenneth Gilbert et Davitt Füller. De 1971 à 1975, il fait partie du Five Centuries Ensemble, groupe expérimental consacré aux musiques ancienne et contemporaine. En 1976, il rejoint le Concerto vocale dirigé par René Jacobs, où il tient le clavecin et l'orgue jusqu'en 1980. Il fonde en 1979 les Arts florissants, ensemble avec lequel il se consacre à la redécouverte du patrimoine français, italien et anglais des XVIIe et XVIIIe siècles. Sa passion pour la déclamation française le conduit à aborder la tragédie lyrique, et il se voit rapidement confier la direction musicale de productions d'opéras avec les Arts florissants. Il contribue largement à la redécouverte de l'œuvre de Marc-Antoine Charpentier. Parmi les grandes productions qu'il a dirigées, il faut citer Hippolyte et Aricie de Rameau en 1983, Atys de Lully en 1987, les Indes galantes de Rameau en 1990 et, la même année, la première intégrale depuis 1674 de la musique du Malade imaginaire de Marc-Antoine Charpentier pour la pièce de Molière. De 1992 à 1995, il a été chargé de la classe de musique ancienne au Conservatoire de Paris, créée à son intention. Avec les Arts florissants, il a enregistré de nombreux disques consacrés au répertoire baroque, français en particulier, souvent en première mondiale.

Christiné (Henri)

Compositeur français (Genève 1867 – Nice 1941).

Il fit des études à l'université de Genève et fut professeur de lycée dans cette ville. Il apprit la musique durant ses heures de loisir et jouait du piano et de l'orgue. Ayant épousé une chanteuse de café-concert, il quitta l'enseignement, s'installa à Nice et composa des chansonnettes pour sa femme, puis peu à peu pour les grandes vedettes du moment (Dranem, Mayol, Fragson, etc.) qui firent de ses œuvres de célébrissimes succès (la Petite Tonkinoise, etc.). S'étant fixé à Paris au début du siècle, il signa quelques opérettes en un acte, mais conquit définitivement la popularité avec Phi-Phi, en partie par un concours de circonstances, car cette œuvre, dont la répétition générale eut lieu aux Bouffes-Parisiens le 11 novembre 1918, bénéficia de l'euphorie de l'armistice. Christiné composa encore une douzaine d'opérettes dont seule Dédé s'est, aux côtés de Phi-Phi, maintenue au répertoire. Formées d'une suite de chansonnettes et de quelques ensembles ou finales très simples, utilisant les rythmes de danses nouvelles tel le fox-trot, les œuvres de Christiné s'écartèrent de l'opérette et fondèrent, en fait, la comédie musicale.