nuance
1. Au sens actuel usuel, degré de force ou de ténuité du son, correspondant pour le musicien à ce qu'est pour le physicien l'amplitude de la vibration (par ex., la nuance piano). S'emploie surtout au pluriel dans une acception globale impliquant la variabilité de ces « nuances » (faire des nuances). Jusqu'au XVIIIe siècle, sous l'influence d'instruments tels que l'orgue ou le clavecin, dont le degré de sonorité était indépendant de la force d'attaque des touches, on pratiquait surtout les nuances par plans successifs ou superposés, sans véritable oscillation au cours d'une phrase ou d'un morceau.
Avec l'avènement du piano-forte, la conception a changé, et la pratique des fluctuations de nuances en fonction du phrasé est devenue l'un des éléments essentiels de l'interprétation. L'école de Mannheim, vers 1770, a joué un grand rôle dans cette transformation du goût, qui n'a toutefois gagné le domaine du chant que vers le deuxième tiers du XXe siècle.
2. En musique grecque antique, on traduit habituellement par « nuance » le mot chrôa qui désigne les infimes variations de hauteur imposées aux notes mobiles selon le gré de l'exécutant à partir des hauteurs théoriques fixées par les harmoniciens en fonction du genre.
Nunes (Emmanuel)
Compositeur portugais (Lisbonne 1941).
Il a fait ses études d'harmonie et de contrepoint à l'Académie de musique de sa ville natale, puis est venu s'établir à Paris en 1964, recevant au Conservatoire national l'enseignement de Marcel Beaufils (esthétique), et obtenant dans cette classe un premier prix. Entre 1963 et 1965, il a participé en outre aux cours d'été de Darmstadt, et, de 1965 à 1967, fréquenté les cours de la Rheinische Musikschule de Cologne, travaillant ainsi avec Stockhausen et Pousseur (composition), Jaap Spek (musique électronique) et Georg Heike (phonétique). Il s'impose une discipline stricte au niveau de la forme.
Il a écrit notamment Degrés, pour trio à cordes (1965), Seuils, pour grand orchestre (1966-67, rév. 1977), le Voile tangent, pour quatuor à cordes (1967), Litanies du feu et de la mer no 1 (1969), et no 2 (1971), pour piano, Omens, pour 9 instruments (1972, rév. 1975), Fermata, pour orchestre et bande magnétique (1973), Nachtmusik, pour alto, violoncelle, clarinette basse, cor anglais, trombone et 3 synthétiseurs (1973-1977), Voyage du corps (1re partie), pour 28 voix mixtes en 7 quatuors, 3 X 2 modulations d'amplitude et bande magnétique (1973-74, création à Royan en 1975), Ruf, pour orchestre et bande magnétique (1974-1976, création à Royan en 1977), Es webt, pour 21 cordes et 13 vents avec 2 chefs (1973-1975), Minnesang, pour 12 voix mixtes (1976), 73 Oeldorf 75, pour 3 bandes magnétiques et 2 orgues électriques (1975), 73 Oeldorf 75 II, pour 6 groupes à 3 voix mixtes et 3 bandes magnétiques (1976), Einspielung I, pour violon seul (1979), II, pour violoncelle seul (1980) et III, pour alto seul (1981), Nachtmusik II pour orchestre (1982) ; Stretti pour 2 orchestres (1983), Tif'Ereth pour 6 groupes instrumentaux et 6 solistes (créé par Radio France en 1985), Lichtung pour ensemble instrumental et électronique sur le vif (1988-1992), Quodlibet pour 3 ensembles instrumentaux (1991), Chessed III pour quatuor à cordes (1991), Chessed IV, pour orchestre et quatuor à cordes (1992).
Nyert (Pierrede)
Chanteur et compositeur français (Bayonne v. 1597 – Paris 1682).
Après avoir étudié le chant et le luth en France, il accompagne le maréchal de Créquy en Italie (1633). C'est là qu'il s'informe des techniques les plus avancées dans le domaine du chant. De retour dans son pays, ce gentilhomme qui, selon le violiste André Maugars, « a si bien ajusté la méthode italienne avec la françoise… » procède à une réforme du chant français. Sa méthode qui « fait tout, même pour ceux qui n'ont pas de belles voix » (Tallemant des Réaux) ouvre la voie du développement de l'air et du ballet de cour vers un style beaucoup plus orné, virtuose, tout en conservant à la musique française sa douceur caractéristique. On peut étudier cette évolution dans les « doubles » de Lambert (le livre d'Airs de 1666 est d'ailleurs dédié à « Monsieur de Nyert, Premier Valet de Chambre du Roy »). De Nyert lui-même, nous ne conservons qu'un air à voix seule dan un recueil collectif manuscrit (Paris, Bibliothèque nationale de France.).
Nystroem (Gösta)
Compositeur suédois (Silverberg 1890 – Säro 1966).
Il est le créateur de quelques-unes des œuvres orchestrales les plus remarquables de la musique suédoise du XXe siècle. Ses études le mènent en Espagne, puis à Paris où il travaille la peinture avec F. Léger, subit l'influence de Braque et poursuit parallèlement ses études musicales avec V. d'Indy et Sabanaijev de 1919 à 1931. En contact avec le groupe des Six et I. Stravinski, il combine habilement les caractéristiques de l'impressionnisme et de l'expressionnisme français avec son tempérament de postromantique nordique. Son œuvre comprend 6 monumentales symphonies (Breve, 1929-1931 ; Espressiva, 1932-1935 ; Del mare, 1947-48 ; Shakespeariana, 1952 ; Seria, 1963 ; Tramontana, 1965), une symphonie concertante avec violoncelle (1945), 1 concerto de violon (1956), 1 Concerto ricercante pour piano (1960), 2 quatuors à cordes, un opéra radiophonique, Herr Arnes penningar (1958), et de la musique vocale, domaine dans lequel il retrouve la même réussite que dans ses symphonies ; en particulier les mélodies Angest (« Angoisse », 1923-1928), Sånger vid havet (« Mélodies au bord de la mer », 1942), På reveln (« Sur le rocher », 1949) et Själ och landskap (« Âme et Paysage », 1952) font partie des chefs-d'œuvre de la mélodie nordique.