Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
K

Kennedy (Nigel)

Violoniste anglais (Brighton 1956).

Dès 1963, il entre à l'École de violon Yehudi Menuhin, puis, en 1972, à la Juilliard School de New York. Il étudie aussi le jazz avec Stéphane Grappelli : jamais il n'abandonnera ce goût des univers croisés. En 1977, il fait ses débuts à Londres avec Riccardo Muti et le Philharmonia Orchestra. Il affectionne le rôle d'enfant terrible de la Couronne, jouant dans les mêmes programmes Bartók et Duke Ellington, travaillant avec Paul McCartney et Kate Bush tout en enregistrant le Concerto d'Elgar. En 1989 et 1990, sa version très virtuose des Quatre Saisons de Vivaldi est un succès mondial. En 1991, il fait ses débuts à Paris, et il est invité régulièrement au Festival de Lockenhaus par Gidon Kremer.

Kerle (Jacobusde)

Compositeur flamand (Ypres 1531 ou 1532 – Prague 1591).

Il fit ses études musicales à la maîtrise de la cathédrale d'Ypres et devint, avec Palestrina, le défenseur de la polyphonie sacrée. Il se rendit bientôt en Italie. De 1555 à 1562, on le trouve à Orvieto comme organiste et carillonneur de la cathédrale. Sur la demande du cardinal Otto Truchsess von Walburg d'Augsbourg, qui le prit sous sa protection, il composa en 1561-62 les Prières spéciales destinées au concile de Trente, afin de démontrer que la polyphonie n'était pas incompatible avec l'intelligibilité du texte. L'équilibre des voix atteint une telle perfection qu'elles peuvent se passer du concours des instruments. Ensuite, Jacobus de Kerle, qui fut ordonné prêtre, devint maître de la chapelle privée du cardinal von Walburg, qu'il suivit dans ses déplacements en Italie et en Espagne, puis à Dilligen, où le cardinal avait fondé une université à laquelle Kerle s'inscrivit.

   De retour en Flandre (1565), le musicien fut nommé maître de chapelle de la cathédrale d'Ypres. Il y rencontra des difficultés avec le chapitre, perdit sa place et se fit excommunier en 1567. Son voyage à Rome, l'année suivante, eut pour but de faire annuler cette décision. De 1568 à 1575, il fut vicaire général et organiste de la cathédrale d'Augsbourg, puis séjourna successivement à Cambrai, Mons et Cologne, avant d'entrer en 1582 au service de l'empereur à la cour de Vienne, puis à celle de Prague, où il mourut. Il fut un grand musicien d'église, qui sut habilement unir les principes de la polyphonie franco-flamande et de la clarté mélodique italienne. Outre les Prières spéciales, on lui doit, notamment, Selectae quaedem cantiones à 6 voix (1571), Quatre Livres de motets à 4, 5 et 6 voix (1572-1575), et Selectiorum aliquot modulorum à 8 voix (1585).

Kerll (Johann Kaspar)

Organiste et compositeur allemand (Adorf, Vogtland, 1627 – Munich 1693).

Son protecteur l'archiduc Leopold-Wilhelm, frère de l'empereur Ferdinand III, l'envoya étudier à Vienne avec G. Valentini, puis à Rome avec Carissimi et, peut-être aussi, Frescobaldi. En Italie, il renonça à la religion protestante pour se convertir au catholicisme. Il vécut ensuite à Bruxelles, où il fut organiste de la chapelle de Leopold-Wilhelm. À partir de 1656, il dirigea la chapelle de l'Électeur de Bavière à Munich. En 1673, il se fixa à Vienne où il fut, avec A. Poglietti, organiste de la Cour. Il devait conserver ce poste jusqu'en 1692. Tous ses opéras furent représentés à la cour de l'Électeur de Bavière. Il composa également de la musique instrumentale et de la musique vocale religieuse.

Kerman (Joseph)

Musicologue et critique américain (Londres 1924).

Il a fait ses études à Londres, New York et Princeton (1950, avec Oliver Strunk), et enseigne à Berkeley depuis 1951, compte non tenu de trois années passées à Oxford (1971-1974). Ses deux principaux ouvrages sont Opera as Drama (New York, 1956) et The Beethoven Quartets (New York, Londres, 1967, trad. fr. les Quatuors de Beethoven, Paris, 1974). Il a publié aussi The Masses and Motets of William Byrd (1981) et Contemplating Music (1985, en Angleterre Musicology).

Kern (Alfred)

Facteur d'orgues français (Vendenheim, Bas-Rhin, 1910 – ? 1989).

Il s'est établi à Strasbourg. Ses instruments, de pur style classique, optent pour la traction mécanique. Il a ainsi restauré ou construit, entre autres, les orgues de Saint-Séverin, Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux, Saint-Jacques-du-Haut-Pas et Notre-Dame-des-Victoires, à Paris.

Kertesz (Istvan)

Chef d'orchestre hongrois naturalisé allemand (Budapest 1929 – Haïfa 1973).

Il est formé à l'Académie de Budapest, où il étudie le piano et la composition avec Leo Weiner et Kodály. De 1949 à 1953, il apprend la direction d'orchestre avec Somogyi et recueille les conseils de Klemperer. Il dirige de 1955 à 1957 à l'Opéra de Budapest, mais décide d'émigrer en Allemagne. De 1958 à 1963, il est à Augsbourg ; de 1964 à 1973, il est directeur général de la musique à Cologne. À partir de 1965, il est invité à diriger les plus grands orchestres, à Londres, Vienne et Tel-Aviv. Il excelle dans les symphonies de Tchaïkovski, enregistre celles de Schubert et de Dvořák, et dirige beaucoup Bartók et Kodály. Il disparaît tragiquement, se noyant au large de Haïfa.

Kessler (Thomas)

Compositeur suisse (Zurich 1937).

De 1959 à 1962, il a étudié dans sa ville natale, puis à Paris, enfin de 1962 à 1968 à Berlin, où il a fondé un studio de musique électroacoustique. Plus tard, il est devenu directeur de l'Electronic Workshop de Berlin, et a donné des cours à l'université. Depuis 1972, il est professeur de composition au conservatoire de Bâle. La grande partie de sa production est orientée vers l'électroacoustique. Toutefois, il a écrit Quatre Pièces pour quatuor à cordes (1965), et Constellation II pour flûte, clarinette, violon et violoncelle (1967). Citons surtout Musique pour contrebasse, clavier et bande magnétique (1966) ; Loop pour bande et divers instruments (1973) ; Piano Control pour piano et synthétiseur (actionné par le pianiste) [1974] ; et Lost Paradise pour le même dispositif (1975).

Ketelbey (Albert)

Chef d'orchestre et compositeur anglais (Birmingham 1875 – Cowes, île de Wight, 1959).

D'ascendance danoise lointaine, il doit sa relative popularité à une série de pièces instrumentales exotiques dont se détache Sur un marché persan (1920).