Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Balbastre (Claude)

Compositeur, organiste et claveciniste français (Dijon 1727 – Paris 1799).

Élève de Claude et de Jean-Philippe Rameau, il s'établit, en 1750, à Paris, où il fut titulaire des orgues de Saint-Roch (1756) et de Notre-Dame (1760). Il occupa plusieurs fonctions à la Cour, notamment celles de maître de clavecin de Marie-Antoinette et du duc de Chartres et d'organiste de la chapelle royale. Il survécut à la Révolution en composant des hymnes de circonstance, qu'il jouait à Notre-Dame, désaffectée. Virtuose et improvisateur acclamé, il écrivit dans le style rococo de son temps des pièces agréables, mais assez pauvres d'invention : airs et ariettes, sonates en quatuor, pièces de clavecin, 14 concertos pour orgue (perdus), et, son œuvre la plus populaire, un recueil de Noëls formant 4 suites avec des variations pour le clavecin ou le forte-piano, que l'on joue aussi à l'orgue, comme le faisait Balbastre lui-même.

Balfe (Michael William)

Chanteur et compositeur irlandais (Dublin 1808 – Rowney Abbey, Hertfordshire, 1870).

D'abord violoniste, il devint à Londres l'élève du chanteur Ch. Horn et s'initia aussi à la composition. En 1825, il se rendit en Italie pour se perfectionner en chant et en contrepoint. Engagé par Rossini, à Paris, comme premier baryton, il chanta Figaro (le Barbier de Séville) avec succès en 1827. Il passa la saison 1829-30 à Palerme comme chanteur et y fit créer son premier opéra, I Rivali di se stessi. Après avoir été le partenaire de la Malibran à la Scala, il regagna l'Angleterre et, sans abandonner le chant ni renoncer à ses nombreuses tournées à travers l'Europe, il composa une trentaine d'opéras d'une écriture agréable, parmi lesquels The Bohemian Girl (1843) connut la célébrité dans plusieurs pays.

ballad

Mot anglais désignant une chanson sentimentale, dont on trouve de multiples exemples dans la comédie musicale américaine.

La ballad a été l'objet d'innombrables emprunts de la part des musiciens de jazz, qui l'interprètent généralement en tempo lent. Au répertoire des ballads de Hoagy Carmichael (Star Dust), Vernon Duke, George Gershwin, Jerome Kern, Cole Porter (Body and Soul), Richard Rodgers, les musiciens de jazz ont ajouté des pièces telles que I let a Song go out of my Heart, de Duke Ellington, et Round'bout Midnight, de Th. Monk.

ballad opera

Forme anglaise de théâtre lyrique au XVIIIe siècle, différente aussi bien de l'opéra que de l'opéra-comique.

Les dialogues sont parlés, les airs et les chœurs sont empruntés soit à des chansons populaires, soit à des œuvres de maîtres renommés (Purcell, Haendel). Les plus célèbres parmi les compositions de ce genre sont le Beggar's Opera (l'Opéra des gueux) de J. Gay et J. Pepusch (1728) et The Devil to pay de Ch. Coffey (1731), qui, traduit en allemand sous le titre Der Teufel ist los, fut à l'origine du Singspiel en Allemagne et en Autriche. Vers la fin du siècle, les ressources des chansons populaires s'épuisant, on eut de plus en plus recours à une musique originale et le genre se rapprocha de l'opéra-comique.

ballade

Une des formes fixes de la poésie lyrique du Moyen Âge, la ballade est une composition strophique, à l'origine monodique, puis polyphonique. Il s'agit d'une chanson à danser, formée d'une ou plusieurs strophes identiques et reliées entre elles par un refrain. Chaque strophe comporte deux phrases musicales (la première répétée), suivies généralement du refrain (schématiquement : AAB+ refrain). Au XIIIe siècle, la ballade est illustrée par les trouvères, notamment Adam de la Halle, au XIVe par les musiciens de l'Ars nova, comme Guillaume de Machaut, auteur de 42 ballades (1 seule monodique, 16 à deux voix).

   Au siècle suivant, la ballade poursuit son développement avec G. Dufay et G. Binchois. La plupart des textes mis en musique parlent d'amour courtois pour une dame chère et inaccessible. La forme disparaît à la fin du siècle (BALLATA).

   En Angleterre, la ballad, chantée au XIIIe siècle par des ménestrels et des jongleurs, épouse la forme des quatrains, et la musique des différentes strophes ne varie pas. Comme la ballata et la ballade française, la ballade anglaise n'est pas traitée par les musiciens du XVIe siècle. Le terme réapparaîtra plus tard pour désigner une pièce narrative (par exemple, Keats, la Belle Dame sans merci).

   En Allemagne, la ballade est également un genre narratif, cultivé au XVIIIe siècle sous l'influence anglaise (par exemple, Bürger, Lénore). À l'époque du « Sturm und Drang », des poètes romantiques, tels Schiller, Goethe, s'inspirent des légendes anciennes. Schubert, Schumann, Brahms les mettent en musique, avec accompagnement de piano.

   Enfin apparaît au XIXe siècle, la ballade instrumentale, dont les 4 ballades pour piano de Chopin sont le modèle. Citons aussi Fauré (Ballade pour piano et orchestre) et Ibert (Ballade de la geôle de Reading pour orchestre, d'après O. Wilde).

Ballard

Famille d'éditeurs et d'imprimeurs de musique français.

La maison fut fondée en 1551 par Robert Ballard († 1588) avec son cousin, le luthiste, Adrien Le Roy et reçut un privilège du roi Henri II. Pendant cette période furent imprimés nombre de chansons polyphoniques, de messes, de psaumes et de motets (Sermisy, Janequin, Le Jeune, Goudimel, Lassus). La direction de l'entreprise se transmit ensuite strictement de père en fils jusqu'à la fin du XVIIIe siècle et à la septième génération. Pierre († 1639) reçut de nouvelles lettres patentes en 1633. Il publia des pièces pour luth et des œuvres de Du Caurroy, Moulinié, Titelouze ; Robert II après 1650, les œuvres de Du Mont et des opéras de Cambert comme Pomone (1671) ; Christophe (1641-1715), qui fut imprimeur de l'Académie royale de musique, d'innombrables airs à boire ainsi que les tragédies lyriques de Lully et les opéras de Campra, Destouches, Desmarets. Sous la direction de Jean-Baptiste Christophe (v. 1663-1750), la concurrence devint redoutable et la maison commença à perdre son hégémonie tout en éditant Charpentier, Delalande, Couperin et Rameau. Suivirent Christophe Jean François (v. 1701-1765) et Pierre Robert Christophe († 1812), qui dirigea la maison jusqu'en 1788.