Cererols (Joan)
Compositeur catalan (Martorell 1618 – Montserrat 1676).
Admis comme novice au monastère de Montserrat à l'âge de dix-huit ans, il n'en sortit pratiquement plus. Ses fonctions de maître de chapelle l'amenèrent à composer de nombreuses pièces de musique religieuse, surtout chorales, dont la renommée a largement franchi les murs de la célèbre abbaye. C'est notamment le cas de la Missa de Batalla, à trois chœurs.
Cerha (Friedrich)
Compositeur et chef d'orchestre autrichien (Vienne 1926).
Élève de Vasa Prihoda pour le violon et d'Alfred Uhl pour la composition à l'école supérieure de musique de Vienne, il a également étudié, à l'université, non seulement la musicologie, mais la philosophie et la philologie germanique. Violoniste, professeur à l'école supérieure de musique de Vienne à partir de 1959, il a séjourné à Rome en 1957, et fondé en 1958 l'ensemble de musique contemporaine Die Reihe, qui a joué à Vienne un peu le même rôle que le Domaine musical à Paris. On lui doit l'achèvement, ou plutôt l'orchestration, des parties manquantes du 3e acte de l'opéra Lulu d'Alban Berg.
Comme compositeur, Cerha est parti des classiques du XXe siècle et des techniques sérielles issues de l'école de Vienne pour développer, à partir de 1956 surtout, un langage personnel qui privilégie la qualité du traitement des matériaux plutôt que des tendances puristes dans le choix de ces matériaux. Il a commencé à écrire dès 1942 (2 lieder pour soprano et piano sur des poèmes de Storm et Mörike), mais l'ouvrage le plus ancien qu'il retient habituellement est Deux Éclats en réflexion pour violon et piano (1956). On lui doit notamment : Espressioni fondamentali pour orchestre (1957) ; Relazioni fragili pour clavecin et orchestre de chambre (1957) ; Enjambements pour 6 interprètes (1959) ; Spiegel I à VII pour grand orchestre et bande magnétique (1960-1971), dont la première exécution d'ensemble a eu lieu au festival de la S. I. M. C. à Graz, en 1972 ; Verzeichnis pour 16 voix a cappella (1969) ; Curriculum pour vents (1972) ; Sinfonie pour orchestre (1975) ; Double Concerto pour violon, violoncelle et orchestre (1973-1976) ; Baal, opéra d'après B. Brecht (1980, créé au festival de Salzbourg en 1981) ; Netzwerk, œuvre scénique (1981) ; Keintate pour voix moyenne et instruments (1982) ; Requiem für Hollensteiner (1984) ; Concerto pour flûtes (1986) ; opéra Der Rattenfänger d'après Zuckmayer (Graz, 1987) ; Monumentum für Karl Prantl (Salzbourg, 1989), Quatuor à cordes no 2 (1991).
Černohorský (Bohuslav Matěj)
ou Bohuslav Matěj Czernohorsky
Organiste et compositeur tchèque (Nymburk 1684 – Graz, Autriche, 1742).
Il est considéré comme le plus important représentant de la musique baroque tchèque. Fils d'un instituteur organiste, il étudia la philosophie à Prague, puis entra au noviciat. Père minorite en 1703, regens chori à l'église Saint-Jacques de Prague, il enseigna dans cette ville et en Italie, où il fut envoyé par son ordre. Le « Padre Boemo » eut comme élèves des musiciens tchèques tels que Zach, Seger, Tuma, Haza, mais aussi Tartini et Gluck. D'un an l'aîné de Bach, il semble avoir fortement contribué à l'évolution de l'orgue baroque. Malheureusement, sa musique d'orgue a pour l'essentiel été détruite dans l'incendie de l'église Saint-Jacques en 1754.
De nombreuses copies d'œuvres de Froberger, Muffat, Roberday semblent être de sa main, parmi d'autres originales. Ses œuvres vocales le désignent comme un représentant de l'école vénitienne tardive, tout comme A. Michna d'Otradovice.
Cerreto (Scipione)
Compositeur et théoricien italien (Naples v. 1551 – id. apr. 1631).
Il s'imposa comme auteur de madrigaux. Ses œuvres sont aujourd'hui en grande partie perdues, mais on a conservé trois précieux ouvrages théoriques qui touchent la vie musicale en Italie au début du XVIIe siècle, et principalement l'improvisation en style contrapuntique. Ce sont Della prattica musica (…) [1601], Dell'arbore musicale (…) [1608] et Dialogo harmonico (…) [Ire version, 1626 ; 2e version, 1631].
Certon (Pierre)
Compositeur français ( ? v. 1510 – Paris 1572).
Clerc de matines à Notre-Dame de Paris (1529), Certon entra à la Sainte-Chapelle en 1532 et y occupa successivement les fonctions de chantre, maître des enfants de chœur (v. 1542), chapelain perpétuel (1548). Malgré des tensions avec la hiérarchie ecclésiastique, dues à son indépendance de caractère, il obtint une prébende de chanoine à Notre-Dame de Melun (1560) et devint à la fin de sa vie le protégé du seigneur de Villeroy.
Continuant d'utiliser les techniques de la messe-parodie du siècle précédent (Sur le pont d'Avignon, Le temps qui court, Dulcis amica), Certon ne saurait montrer, sur le plan de la musique religieuse, une originalité particulière. En revanche, dans le domaine de la chanson, malgré l'écriture traditionnelle de ses premières pièces (Amour est bien, Jetez-les hors) et le style parisien (Un vert galant, Ho, le vilain), son rôle est d'importance historique et son œuvre très estimable. Il est, en effet, l'un des quatre musiciens avec Janequin, Goudimel et Muret à mettre en application dès 1552 le souci tant affirmé par Ronsard de la nécessité du retour à l'union de la poésie et de la musique à l'image de l'Antiquité classique. Participant à l'appendice musical (10 morceaux à 4 parties imprimées sur deux pages en regard) du recueil des Amours de Ronsard publiés chez la veuve De La Porte, avec deux sonnets (Bien qu'à grand tort…, I, 5 et J'espère et crains, I, 8), il pose le problème des rapports du texte et de la musique. Il adopte les principes avancés par les théoriciens de la Pléïade : découpage strophique, traitement syllabique du texte, écriture homorythmique afin de faciliter la compréhension des paroles chantées. La même année, il publia un recueil entier, Premier Livre de chansons dans ce style nouveau. Adaptées pour voix et guitare, ces chansons, qui parurent sous le nom de « voix de ville », représentent une étape de transition entre la chanson parisienne du début du siècle et l'air de cour.