Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
N

Norvège (suite)

De 1800 à 1918

Après une brève période d'indépendance, la Norvège passe sous la domination suédoise (1814). Deux immigrants danois, H. H. Falbe (1772-1830) et L. Møller Ibsen (1786-1846), règnent sur la vie musicale norvégienne avec L. Roverud (1776-1850), auteur de l'hymne national Sønner av Norge, et surtout Waldemar Thrane (1790-1828), Ludvig Mathias, chercheur et folkloriste, le pianiste Hans Skramstad (1797-1839), le violoniste virtuose Ole Bull (1810-1880) et, dans le domaine religieux, les quatre Lindeman, Ole Andreas et ses fils Christian Andreas (1803-1868), Jacob Andreas (1805-1846) et Ludvig Mathias (1812-1887).

   On peut considérer la période qui commence en 1840 comme celle où s'épanouit pleinement le mouvement national-romantique. Quatre personnalités dominent : Halfdan Kjerulf (1815-1863), prédécesseur direct de Grieg, auteur de mélodies, chœurs et pièces pour piano, Rikard Nordraak (1842-1866), mort trop jeune, Johan Svendsen (1840-1911) et surtout Edvard Hagerup Grieg (1843-1907). À leurs côtés, il y a Gottfried Conradi (1820-1897), directeur du Det norske Theater de Christiania, le pianiste Thomas Dijke Aucklans Tellefsen (1823-1874), élève de Chopin, Edmund Neupert (1842-1888), Ludvig Mathias Lindeman, collecteur de mélodies populaires, Johan Peter Selmer (1844-1910) et la reine de la mélodie nationale, Agathe Backer-Grøndahl (1847-1907). Les héritiers de cette tendance furent Christian Sinding (1856-1941), Catharinus Elling (1858-1942), Johan Halvorsen (1864-1935), Gerhard Schelderup (1859-1933), Hjalmar Borgstrøm (1864-1925), Per Larsson (1859-1883), Halfdan Cleve (1879-1952), Johan Backer Lunde (1874-1958), Arne Eggen (1881-1955) et Alf Hurum (1882-1972). Mais il ne faut toutefois pas mésestimer les nombreuses influences extérieures qui, réduites à l'origine à celle de la seule école de Leipzig, par l'intermédiaire de son porte-parole, le compositeur danois N. Gade, vont s'étendre peu à peu à celles de Brahms et Bruckner pour qu'enfin le XXe siècle ouvre la Norvège à l'éclatement des styles qui va révolutionner l'Europe musicale.

Le XXe siècle

Il commence avec un précurseur, Fartein Valen (1887-1952), le premier moderniste qui osa adopter les principes dodécaphoniques. Mais, comme en Finlande avec Sibelius et au Danemark avec Nielsen, l'ombre de Grieg étouffe quelque peu ces velléités révolutionnaires, d'autant qu'au début du siècle règnent encore les derniers représentants de la tendance nationale-romantique, tels Arne Eggen et ses cadets David Monrad Johansen (1888-1974), Eivind Groven (1901), Sparre Olsen (1903), Geirr Tveitt (1908-1981), Ludwig Irgens Jensen (1894-1969) et, peut-être moins importants, Marius Moaritz Ulfrstad (1890-1968), Olav Kielland (1901-1985) et Øisten Sommerfeldt (1919).

   Plus complexe est l'attitude de Bjarne Brustad (1895-1978), Harald Saeverud (1897-1992) et Klaus Egge (1906-1979), qui ont dominé le deuxième tiers du siècle ; tous trois sont norvégiens, mais leur conception est plus large que celle de leurs prédécesseurs. On peut leur adjoindre Harald Lie (1902-1942), Sverrre Jordan (1889-1972), Karl Andersen (1903-1970), Erling Kjellsby (1901-1976), Conrad Baden (1908-1989), Edvard Fliflet Braein (1924-1976), Tor Brevik (1932), Finn Arnestad (1915), Joseph Kvandal (1919), Hallvard Johnsen (1916), Knut Nystedt (1915) et Edvard Hagerup Bull (1922). À leurs côtés il faut placer la très originale Pauline Hall (1890-1969), qui représente dans les années 20 l'attitude la plus indépendante vis-à-vis de la tradition norvégienne. Elle permit ainsi à Bjørn Fongaard (1919-1980), Finn Mortensen (1922-1983), Egil Hovland (1924), Arne Nordheim (1931), Alfred Janson (1937), Sigurt Berge (1929) et, d'une certaine manière, à Antonio Bibalo (1922) de créer un œuvre personnel et d'imposer leur langage propre.

   Plus jeunes, Kåre Kolberg (1936), qui a participé au mouvement né à Darmstadt, Folke Strøholm (1941), qui hésite entre la tonalité et le style postwebernien, et Ragnar Søderlind (1945), élève de J. Kokkonen, et E. Bergman, représentent la nouvelle génération.

   En annexe, nous devons citer Aril Sandvold (1895-1984), Ludvig Nielsen (1906) et Per Hjort Albertsen (1919), tous trois organistes et compositeurs de musique religieuse et, dans un autre domaine, Gunnar Sønstevold (1912), Sverre Bergh (1915) et Finn Ludt (1918) qui ont consacré leur talent à des formes d'expression musicale plus légères.

La vie musicale actuelle

Quatre orchestres symphoniques à Oslo (fondé en 1871, réorganisé en 1919), Bergen (1765), Trondheim (1909) et Stavanger et un opéra à Oslo (1959) sont la face la plus visible d'une vie musicale très active, surtout depuis 1945. Des festivals de musique sont organisés à Harstad, Bergen, Molde (jazz), et, parmi les nombreuses organisations musicales, il faut citer Ny Musikk, adhérent à la Société internationale de musique contemporaine, la Société nationale de concerts (1968) et l'association des Amis de la musique. La Norvège a également donné au monde musical des interprètes nombreux dont la plus célèbre est la soprano Kirsten Flagstad, et parmi lesquels on peut citer également le chef d'orchestre Øivin Fjelstad.

   Il faut enfin signaler que la Norvège est le premier pays non socialiste à avoir adopté une législation qui fasse des compositeurs des salariés de l'État.

Noske (Frits Rudolf)

Musicologue néerlandais (La Haye 1920 – Bellinzona, Suisse, 1993).

De 1939 à 1945, il étudie le violoncelle et la théorie aux conservatoires d'Amsterdam et de La Haye, puis, de 1945 à 1949, la musicologie à l'université d'Amsterdam avec Bernet Kempers et Smits Van Waesberghe. Il travaille l'année suivante avec Paul Masson à la Sorbonne et enseigne à partir de 1950 l'histoire de la musique à la Musikschule zur Gesang de Bussum (jusqu'en 1953) et au conservatoire d'Amsterdam (jusqu'en 1965). En 1954, il soutient sa thèse de doctorat à l'université d'Amsterdam (la Mélodie française de Berlioz à Duparc), où il succède à Bernet Kempers en 1968. Il est, parallèlement à ces fonctions pédagogiques, particulièrement actif dans les bibliothèques musicales. Conservateur à la Bibliothèque musicale d'Amsterdam dès 1951, il en devient directeur en 1954. Il est en outre secrétaire général de l'A. I. B. M. (Association internationale des bibliothèques musicales) de 1955 à 1959 et vice-président de 1959 à 1965.

   À côté d'un certain nombre d'études sur la mélodie française et le lied en général (Das ausserdeutsche Sololied, 1500-1900, Das Musikwerk XVI, 1958), il a particulièrement orienté ses recherches vers la musique néerlandaise baroque et vers un genre particulier d'analyse musicale (le Principe structural génétique dans l'œuvre instrumentale de Joseph Haydn, RBM XII, 1958 ; Forma, formans : een structuuranalytische methode, toegepast op de instrumentale myziek van Jan Pieterszom Sweelinck, 1969). Enfin, il s'est surtout penché, ces dernières années, sur les opéras de Mozart et de Verdi.