Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

appassionato (ital. ; « passionné »)

Terme indiquant dans une partition un style soutenu, tendu, avec de l'élan, de l'ardeur, de la passion.

Employé surtout par les compositeurs de l'époque romantique, ce mot la caractérise d'ailleurs parfaitement.

Appenzeller (Benedictus)

Compositeur flamand (1re moitié du XVIe s.).

De 1539 environ à 1551, il fut, à Bruxelles, maître des enfants de chœur de la chapelle de la reine Marie de Hongrie. Peut-être a-t-il été l'élève de Josquin Des Prés dont, en tout cas, il célébra la mort dans une déploration.

   Parmi ses œuvres, jadis attribuées à Benedictus Ducis, citons une messe, des psaumes, des répons, des motets, des chansons, dont 22 furent publiées dans le recueil Chansons a quattre parties (Anvers, 1542).

Appia (Adolphe)

Metteur en scène suisse (Genève 1862 – Nyon 1928).

Après des études à Vevey, Genève, Zurich, Leipzig, Paris et Dresde, il fut amené par sa passion wagnérienne à étudier la mise en scène dans des essais : la Tétralogie (1892), la Mise en scène du drame wagnérien (1895), Die Musik und die Inszenierung (1899). Après cette première période inspirée par le néoromantisme et le symbolisme, l'influence de la « rythmique » de Jaques-Dalcroze devint visible dans ses travaux ultérieurs : l'Œuvre d'art vivant (1921), la Mise en scène et son avenir (1923). C'est seulement à partir de cette époque qu'il mit lui-même en scène les drames wagnériens : Tristan et Isolde à Milan (1923), l'Or du Rhin et la Walkyrie à Bâle (1925). Il atteignit alors à l'abstraction avec des éléments scéniques constitués uniquement par des escaliers, des paliers, des tentures, des piliers et des éclairages.

   Appia fut le premier théoricien de la mise en scène moderne. Parmi bien d'autres, Wieland Wagner lui a été particulièrement redevable, et son influence est encore très perceptible de nos jours.

Appleton (Jon H.)

Compositeur américain (Los Angeles 1939).

Il a fondé, en 1967, au Dartmouth College de Hanover (New Hampshire), un studio de musique électronique qui est devenu sous sa direction l'un des centres les plus ouverts et les plus actifs de cette technique aux États-Unis. Il y a mis au point, notamment, avec les ingénieurs Alonso et Jones, des systèmes informatiques de synthèse sonore (Synclavier) et d'enseignement musical, dont l'originalité tient dans leur facilité de manipulation, laquelle les rend accessibles au plus grand nombre. Dans son éclectique production musicale, où voisinent œuvres chorales, travaux d'application et expériences audiovisuelles, domine cependant la musique électroacoustique. Il fut l'un des premiers Américains à utiliser les sons concrets pour des musiques très vivantes de « collage » ou d'évocation (Chef-d'œuvre, 1967 ; Times Square Times Ten, 1969), avant de s'intéresser au synthétiseur comme source sonore exclusive (Stereopticon, 1972) et aux sons créés par ordinateur (Kungsgatan 8, 1971).

appoggiature (ital. appoggiare ; « appuyer »)

Il s'agit d'une note étrangère à l'harmonie de l'accord avec lequel elle est entendue. La dissonance ainsi produite peut être plus ou moins prononcée. L'appoggiature, ou note appuyée, se trouve à une distance d'un demi-ton ou d'un ton (supérieur ou inférieur) de la note réelle de l'accord sur laquelle elle est résolue. L'appoggiature peut être longue (employée surtout à des fins expressives dans les morceaux plus tendres, moins dans les mouvements rapides) ou brève. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, le bon goût en décidait la longueur. Cet ornement pouvait être :

   ­ soit indiqué par une petite note, comme chez L. Marchand,

   ­ soit sous-entendu, afin d'éviter une écriture défectueuse, comme dans les cadences de récitatifs. Par exemple, Haendel, cantate Della guerra amorosa,

   Exécutée avec une certaine liberté, le plus souvent sur le temps, l'appoggiature devait prendre une partie de la valeur de la note réelle. Elle en prenait la moitié dans une mesure binaire, les deux tiers dans une mesure ternaire et, lorsqu'elle précédait une note prolongée par une liaison, elle prenait toute la valeur de la première note réelle. Par exemple :

   Les compositeurs romantiques l'employaient généralement en notes normales.

   Par exemple : Wagner, Tristan et Isolde,

   Parfois, ils en supprimaient la résolution, c'est-à-dire la note réelle. Par exemple : Mahler, Ich bin der Welt abhanden gekommen (Rückert Lieder),

   Barrée, la petite note de l'appoggiature était très brève et exécutée avant le temps. (ACCIACATURA.)

appui

Dans la terminologie de la technique vocale, ce terme désigne soit la région abdominale, soit la région thoracique où se manifeste la tension musculaire pendant le chant.

appuyer

Renforcer un son, l'accentuer à un moment donné, indiqué par l'abréviation sf. (sforzando) ou par l'un des signes suivants : ­, v, ∧.

Aquin (Louis-Clauded')

Organiste et compositeur français (Paris 1694 – id. 1772).

Enfant précocement doué, issu d'une modeste famille d'intellectuels et d'artistes ­ dont François Rabelais en personne ­, il est le filleul d'Élisabeth Jacquet de la Guerre, claveciniste et compositeur, à qui il devra peut-être son initiation musicale. Dès l'âge de six ans, il joue du clavecin devant Louis XIV et la Cour. Devançant l'enseignement de ses maîtres, il s'impose très tôt comme organiste et comme compositeur. En 1727, il triomphe devant Rameau dans le concours pour le poste d'organiste à Saint-Paul, puis, quatre ans plus tard, il succède à Marchand aux Cordeliers.

   En 1739, c'est la consécration officielle, avec sa nomination, sans concours, au poste d'organiste de la chapelle royale, où il remplace d'Andrieu. Fêté par le public, il demeure simple et bon, farouchement indépendant et passablement bohème. Improvisateur stupéfiant, il répond au goût du jour sans y sacrifier. Au contraire, il s'efforce de maintenir l'orgue dans la grande tradition, en train de se perdre. Rameau lui-même le reconnaîtra : « On change de goût à tout moment. Il n'y a que M. d'Aquin qui ait eu le courage de résister à ce torrent ; il a toujours conservé à l'orgue les majestés et les grâces qui lui conviennent. » Les documents sont hélas ! trop peu nombreux pour étayer ce jugement : négligent et imprévoyant, il n'a que très peu publié de ses multiples compositions, en grande partie perdues ou restées manuscrites (Te Deum, Leçons de Ténèbres, Messes, Miserere, Cantates, etc.), tout comme ont été perdues les œuvres manuscrites de Calvière, que sa veuve lui avait confiées pour les faire éditer. À part une cantatille, la Rose (1762), son œuvre connue se résume à deux livres : Premier Livre de pièces de clavecin (1735) et Nouveau Livre de noëls pour l'orgue et le clavecin, dont la plupart peuvent s'exécuter sur les violons, flûtes, hautbois, etc. Les pièces descriptives pour le clavecin (le Coucou) s'inscrivent dans la lignée de celles de Couperin et de Rameau. Quant aux noëls pour orgue, ce sont de brillantes variations sur de populaires thèmes de chants traditionnels de Noël, genre très prisé à l'époque et dont d'Aquin fut incontestablement le maître.