Ciampi (Marcel)
Pianiste français (Paris 1891-id.1980).
Il est élève de Diémer au Conservatoire de Paris. En 1909, il y obtient un premier prix de piano, puis poursuit ses études avec Perez de Brambilion, ancien élève de Clara Schumann et d'Anton Rubinstein. Son style romantique est particulièrement apprécié par Pablo Casals et Jacques Thibaud qu'il accompagne souvent. George Enesco est aussi son partenaire, et lui dédie sa sonate pour piano no 3, qu'il crée en 1938. Entre 1941 et 1961, il est professeur au Conservatoire de Paris où il acquiert une grande réputation pédagogique. Il compte parmi ses élèves Hephzibah, Yaltah et Jeremy Menuhin, ainsi qu'Yvonne Loriod.
Ciccolini (Aldo)
Pianiste italien naturalisé français (Naples 1925).
Au conservatoire San Pietro a Majella de Naples, il a étudié le piano avec Denza et la composition avec Alessandro Longo. Il a donné son premier concert en 1942 au théâtre San Carlo de Naples. En 1949, il a remporté le prix Long-Thibaud et entrepris une carrière internationale. Après avoir été professeur de piano au conservatoire de Naples, il enseigne, depuis 1971, au Conservatoire de Paris. Ciccolini est un interprète fin, cultivé, au toucher subtil, qui est apprécié dans la musique romantique et plus encore dans la musique française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle (Saint-Saëns, Chabrier, Satie, de Séverac, etc.). Il a enseigné de 1971 à 1989 au Conservatoire de Paris.
Ciconia (Johannes)
Compositeur liégeois (Liège v. 1335 – Padoue 1411).
Fils d'un pelletier, il reçut sa formation musicale à la cour des papes, à Avignon. Il y fut au service d'Aliénor de Comminges, vicomtesse de Turenne, nièce de Clément VI. De 1357 à 1367, il fit partie de la maison du cardinal Gilles d'Albornoz, chargé de reconquérir les États pontificaux d'Italie : ce fut l'occasion pour lui d'un contact étroit avec l'Ars nova italienne et l'art de Jacopo da Bologna et de Francesco Landini, à l'instar desquels il écrivit madrigaux, caccie et ballades. À la mort du cardinal, il regagna Liège où il devint titulaire d'une prébende à la collégiale Saint-Jean-l'Évangéliste. Il composa alors, semble-t-il, messes et motets, y effectuant la synthèse de l'Ars nova française, italienne et des usages avignonnais. Mais il adopta une notation simplifiée de l'écriture proportionnelle (NOTATION) et unifia le Gloria et le Credo par un ténor commun, un motif initial et une construction isorythmique. On y trouve aussi l'emploi du faux-bourdon dont S. Clercx-Lejeune avance l'origine italienne et même l'appellation.
Après 1404 ( ?), Ciconia quitta Liège pour Padoue. Chanoine à la cathédrale de cette ville, il portait le titre de musicus ou de magister et avait pour mission d'enseigner la musique et de composer. Ce séjour favorisa une réflexion théorique sur la musique antique et médiévale, réflexion contenue dans trois traités : De arithmetica institutione (perdu ?), Nova musica, De proportionibus, outre l'esquisse d'un De tribus generibus melorum (« les trois genres mélodiques »). La musique y est comprise comme le reflet des nombres divins et le moyen de connaissance de l'Organisation. Toutefois, la musique spéculative prend chez lui appui sur l'ouïe.
Cifra (Antonio)
Compositeur italien (Terracina 1584 – Loreto 1629).
Il acquit sa formation musicale enfant en chantant à Saint-Louis-des-Français de Rome et en étudiant avec Bernardino Nanino (1594-1596). Il fut alors successivement maître de chapelle au Collegium Germanicum de Rome en 1609, à la Santa Casa di Loreto de 1609 à 1622, à Saint-Jean-de-Latran de 1622 à 1625 et enfin à nouveau à Loreto de 1626 jusqu'à sa mort. Sa production musicale, énorme, a par bonheur été conservée. Elle comprend de très nombreux livres de motets (de 1 à 12 voix) et de madrigaux, quatre livres de messes de 4 à 6 voix, plusieurs livres de litanies, psaumes et vêpres, des ricercari, arie, scherzi et canzonette. Cifra est un des musiciens les plus importants de la grandiose école polyphonique romaine, comme en témoigne la richesse de voix de ses messes et motets, aux harmonies somptueuses. D'un autre côté, on peut déjà percevoir l'influence de la monodie accompagnée, plus développée à cette époque à Venise et surtout à Florence, qui se traduit, dans ses motets et madrigaux, par une émancipation de la ligne mélodique. Ce phénomène est accentué par l'utilisation généralisée de la basse continue, qui, sous forme d'ostinato, sert parfois de base harmonique à des variations vocales. Cette situation musicale ambiguë dans une période de transition, ainsi que la grande beauté de ses œuvres font de Cifra un des maîtres incontestés de l'école romaine de ce début du XVIIe siècle.
Cikker (Ján)
Compositeur slovaque (Banská Bystrica 1911 – Bratislava 1989).
Orphelin de père dès l'âge de quatre ans, il doit à sa mère sa première formation musicale, en particulier au piano. De 1930 à 1935, il étudie au conservatoire de Prague, avec Křička (composition), Dědeček (direction d'orchestre) et Wiedermann (orgue). Il se perfectionne auprès de Novák, puis de Weingartner à Vienne (1936-37). Dès 1939, il enseigne la théorie musicale au conservatoire de Bratislava, et est nommé lecteur à l'Opéra national slovaque. Depuis 1951, il est professeur de composition à l'École supérieure de musique et d'art dramatique de Bratislava. Sa première période de création touche essentiellement les formes instrumentales (1re Symphonie en ut, 1930 ; Épitaphe, 1931 ; Prologue symphonique, 1934 ; Caprice, 1936 ; Symphonie « le Printemps », 1937 ; Symphonie 1945 [1974-75] ; Concertino pour piano, 1942 ; Idylle, ballet, 1944). Puis, en 1953, il s'oriente vers la scène. On lui doit six opéras : Juro Janosik (1954) sur un livret de Stefan Hoza, Beg Bajazid (1957) sur une vieille ballade slovaque contant un épisode historique du XVIe siècle, Mr. Scrooge (1959, 1re représentation 1963) d'après un conte de Noël de Dickens, Résurrection d'après Tolstoï (1962), qui se rapproche de l'opéra de Berg, le Jeu de l'amour et de la mort d'après le drame de Romain Rolland (1969-1973), enfin Coriolanus d'après Shakespeare (créé à Prague en 1974). L'ensemble de son œuvre, très abondante, s'appuie sur un style vigoureux, une harmonie de timbres fort évoluée, un sens dramatique naturel qui fait de Cikker le maître incontesté de l'école slovaque contemporaine.