Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

Garcisanz (Isabel)

Soprano espagnole (Madrid, 1934).

Elle fait ses études au Conservatoire de Madrid avec Angeles Ottein. Titulaire d'une bourse d'État, elle complète sa formation pendant trois ans à l'Akademie für Musik de Vienne. Dès 1960, elle commence une carrière internationale, s'imposant dans tous les grands rôles mozartiens, au Festival de Glyndebourne notamment. Elle chante aussi Rossini, Donizetti et l'Enfant et les sortilèges de Ravel. Elle entretient un lien privilégié avec la musique contemporaine : en 1974, elle crée Medis et Alissio de Georges Delerue. De Maurice Ohana elle chante les Cantigas et crée Sybille (1970) et la Messe (1977). En 1992, elle participe à la création du Château des Carpathes de Philippe Hersant. Elle chante également un répertoire de mélodies espagnoles avec piano ou guitare.

Gardano (Antonio Gardane, dit)

Imprimeur italien, d'origine française (France v. 1509 – Venise 1569).

Il se fixe vers 1537 à Venise, où il obtient un privilège d'imprimeur, et, à partir de 1556, italianise son nom français, Gardane en Gardano. Il introduit en Italie la méthode d'impression de Pierre Haultin, qui utilisait des caractères comprenant à la fois la note et la ligne, ce qui permettait d'imprimer la musique en une seule opération au lieu de deux comme le faisait Petrucci. Il obtient, malgré la rivalité incessante de la firme Scotto, un succès grandissant. Ayant publié des œuvres littéraires à ses débuts, il se limite rapidement à la seule édition musicale. En 1538, soit un an après son arrivée à Venise, il publie trois recueils importants, Motetti del frutto, Canzoni francese a 4 et un premier livre de madrigaux d'Arcadelt, qu'il admirait beaucoup. Par la suite, il produit un second livre du même auteur ainsi que de nombreux recueils de compositeurs divers (Willaert, Rore, Lassus). Il publie relativement peu de recueils de chansons, accordant une place plus importante à la musique sacrée et surtout aux madrigaux, qui constituent l'essentiel de sa production. Il est lui-même l'auteur de nombreuses pièces, dont une soixantaine de chansons, deux messes et quelques motets. Leur succès fut si grand qu'elles furent rééditées par différentes firmes européennes (y compris Scotto, son rival vénitien) jusqu'en 1635. À sa mort, la maison est reprise par ses fils Alessandro et Angelo, puis après leur séparation en 1575, par Angelo seul qui, jusqu'à sa mort en 1611, lui conserve sa place privilégiée dans le monde de l'édition musicale italien. De fait, durant toute la seconde moitié du XVIe siècle, la maison Gardano a pratiquement l'exclusivité de l'impression des madrigaux italiens. De son côté, Alessandro, qui se fixe à Rome de 1583 à 1591, reprend le métier de l'édition et imprime surtout de la musique sacrée (Giovannelli, Marenzio, Palestrina, Victoria). À la mort d'Angelo, la firme dont ses descendants tentent vainement de protéger l'existence se laisse peu à peu miner par la concurrence des autres maisons italiennes, en particulier Vincenti, pour disparaître définitivement vers 1685.

Garden (Mary)

Soprano écossaise (Aberdeen 1874 – Londres 1967).

Elle étudia à Chicago, puis à Paris, où elle travailla avec Mathilde Marchesi et Lucien Fugère. Elle conquit une réputation immédiate en remplaçant au pied levé Louise Rioton, la créatrice de Louise, au milieu d'une représentation, sans avoir jamais appris le rôle autrement qu'en assistant aux répétitions de l'ouvrage. En 1902, elle fut la créatrice de Mélisande dans l'œuvre de Debussy. Elle resta à l'Opéra-Comique jusqu'en 1907, effectuant d'autres créations moins prestigieuses. En 1907, elle chanta Thaïs de Massenet à New York et, en 1910, Salomé de Richard Strauss à Paris. Elle passa ensuite vingt ans à l'opéra de Chicago dont elle contribua à établir la réputation.

   Sa dernière représentation fut Carmen en plein air à Cincinnati, en 1931. Si elle chantait les emplois les plus divers, Mary Garden n'avait pas une voix exceptionnelle, mais était une musicienne accomplie et une grande actrice, douée d'une forte personnalité.

Gardiner (John Eliot)

Musicologue, chef de chœurs et chef d'orchestre anglais (Fontmell Magna, Dorset, 1943).

Élève de Thurston Dart et de Nadia Boulanger, fondateur de Monteverdi Choir (1964), il s'est spécialisé dans la musique du XVIIe siècle et de la première moitié du XVIIIe, s'attachant en particulier à Rameau, dont il fut le premier à diriger les Boréades (Londres, 1975). De 1982 à 1989, il a été directeur artistique de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon, et est depuis 1991 premier chef de l'Orchestre symphonique de la Radio de Hambourg.

Gasparini (Francesco)

Compositeur italien (Camajore, Lucques, 1668 – Rome 1727).

Élève de Corelli et de Pasquini, il fut d'abord maître de chœur à l'Ospedale de la Pietà de Venise, puis, en 1725, maître de chapelle à Saint-Jean-de-Latran. Sa santé ne lui permit pas d'occuper pleinement ses fonctions, mais il put malgré tout consacrer du temps à l'enseignement et l'on compte B. Marcello et Quantz parmi ses élèves. Il fut aussi l'acteur d'une dispute célèbre avec Alessandro Scarlatti, dispute qui se déroula par un échange de cantates. Sa correspondance donne de nombreux renseignements sur lui-même et sur ses élèves, notamment Marcello. Son œuvre se compose d'opéras (environ une soixantaine) et de musique d'église, formes, toutes deux, aussi brillantes sous sa plume. Sa réputation dépassa les frontières de l'Italie et atteignit en particulier l'Angleterre, ses opéras étant parmi les premiers à être représentés dans ce pays. Il faut aussi citer un traité d'accompagnement, très respecté en Italie : L'Armonico pratico al Cimbalo (Venise, 1708).

gassenhauer

Terme allemand signifiant « refrain populaire », « rengaine », issu du substantif « gasse » (allée, ruelle).

Le trio en si bémol majeur pour piano, clarinette (ou violon) et violoncelle opus 11 de Beethoven (1798) est parfois appelé Gassenhauer à cause du thème de ses variations finales : un air alors à la mode de l'opéra de Joseph Weigl le Corsaire par amour (1797).