Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Ladegast,

Famille de facteurs d'orgues allemands, actifs en Saxe au XIXe et au début du XXe siècle.

Le plus célèbre est Friedrich (Hermsdorf 1818 – Weissenfels 1905). Il a été formé par plusieurs organiers, parmi lesquels son propre père et Aristide Cavaillé-Coll, à Paris. Établie à Weissenfels en 1844, sa manufacture, à laquelle s'associa plus tard son fils Oscar, fut l'une des plus florissantes d'Allemagne : on y construisit plus de deux cents orgues, dont certains de grandes dimensions (Nikolaïskirche de Leipzig, 1862, 86 jeux ; cathédrale de Schwerin, 1871, 84 jeux). Le chef-d'œuvre de Friedrich Ladegast passe pour être la restauration de l'orgue de la cathédrale de Merseburg, en 1855.

Ladmirault (Paul)

Compositeur français (Nantes 1877 – Kerbili-en-Kamoël, Morbihan, 1944).

Dès l'âge de sept ans, il commença à étudier le piano, le violon et l'orgue. Il avait seize ans lorsqu'on représenta à Nantes son premier ouvrage lyrique, Gilles de Retz dont le personnage principal était interprété par Arthur Bernède, le futur romancier. En 1895, il entra au Conservatoire de Paris dans les classes de Taudou (harmonie), Gédalge (contrepoint) et Fauré (composition). Après son échec au prix de Rome, il se retira en Bretagne. Il fut à Nantes correspondant du Courrier musical, critique à l'Ouest artiste et directeur du conservatoire. Dans son langage musical clair et dépouillé, il se montre un adepte du style modal. Nombre de ses œuvres chantent la Bretagne et les traditions celtiques : Brocéliande au matin (1908), Vieux Cantiques bretons pour chœur (1906), Rhapsodie gaëlique pour piano à 4 mains (1909), l'opéra Myrdhin (1899-1902), non représenté, mais dont il tira une Suite bretonne (1902-1903), le ballet la Prêtresse de Korydwen, créé à l'Opéra de Paris en 1925.

L'Affilard (Michel)

Chanteur, compositeur et théoricien français ( ? v. 1656 – Versailles 1708).

Ses origines demeurent obscures. On le trouve à Paris, en 1679, au moment où il fut nommé chantre de la Sainte-Chapelle du palais. Puis, en 1696, il entra à la chapelle royale de Versailles et devint « ordinaire de la musique du Roy ». Il conserva ce poste jusqu'à sa mort. L'Affilard possédait une voix de haute-contre. Comme son aîné Michel Lambert, il était renommé pour son enseignement de l'art du chant. Son traité, Principes très-faciles pour bien apprendre la musique, parut à Paris en 1694. Souvent réédité, l'ouvrage est d'un intérêt tout particulier pour les « agréments » du chant, pour la qualité des pièces vocales qui y figurent, ainsi que pour les indications précises de tempo qui y sont données.

Lafont (Jean-Philippe)

Baryton français (Toulouse 1951).

Il est élève de Denise Dupleix, et, de 1973 à 1977, se forme à l'Opéra-Studio. En 1977, il débute à Toulouse dans Cosi fan tutte et, en 1978, tient le rôle principal de la Chute de la Maison Usher de Debussy à Berlin. Sa carrière internationale le mène sur toutes les scènes d'Europe et des États-Unis. En 1987, il chante Falstaff à Lyon et Leporello à Aix-en-Provence. En 1992, il interprète Puccini à la Scala de Milan, Aïda et Tosca au Staatsoper de Vienne. Son répertoire s'étend de Mozart à Richard Strauss, en passant par Verdi, Puccini et la musique française. Il crée plusieurs opéras de Marcel Landowski : Montségur, la Vieille Maison et Galina. En 1996, il chante Nabucco à l'Opéra Bastille et aborde son premier rôle wagnérien dans Lohengrin.

Laforêt (Marc)

Pianiste français (Neuilly-sur-Seine 1965).

Enfant prodige, il donne son premier récital à l'âge de huit ans au Théâtre des Champs-Élysées. Élève de Jacqueline Potier-Landowski au conservatoire de Boulogne-Billancourt, puis de Pierre Sancan au Conservatoire de Paris (où il obtient son premier prix en 1983), il est lauréat de plusieurs concours internationaux dans les années qui suivent ­ dont en 1985 le concours Chopin de Varsovie. Il y remporte le second grand prix, le prix des Mazurkas et le prix du Public et de la Radiotélévision polonaise.

   Excellent interprète des œuvres de Chopin, l'un de ses compositeurs de prédilection, il se produit sur les scènes d'Europe, du Japon et des États-Unis, en soliste ou en formation de musique de chambre.

Lagoya (Alexandre)

Guitariste français d'origine égyptienne (Alexandrie 1929 – Paris 1999).

Né de père grec et de mère italienne, il commença l'étude de la guitare à l'âge de huit ans avec N. Barbaresco, directeur du Conservatoire national d'Alexandrie. À l'époque, la guitare ne figurait pas parmi les instruments enseignés dans les conservatoires et les écoles de musique. Alexandre Lagoya dut en découvrir lui-même la technique, en se fondant sur les ouvrages et méthodes des maîtres des XVIIIe et XIXe siècles. Ainsi devint-il son propre professeur. À treize ans, il donnait son premier récital. Mais, afin de pouvoir terminer ses études, il enseigna la guitare et le solfège. Après plus de 500 concerts, il se rendit à Paris, puis aux États-Unis, où il se perfectionna avec Villa-Lobos et Castelnuovo-Tedesco. Il épousa en 1952 la guitariste française Ida Presti (morte en 1967) et forma avec elle un célèbre duo pour lequel écrivirent nombre de compositeurs contemporains.

   Professeur au Conservatoire de Paris depuis la création de la classe de guitare (1969), Alexandre Lagoya enseigne aussi à l'Académie internationale d'été de Nice depuis 1960, ainsi qu'aux États-Unis et au Canada.

lai

Genre littéraire chanté ou non, pratiqué jusqu'au XVe siècle, mais surtout en honneur aux XIIe et XIIIe siècles dans la France du Nord et les deux Bretagnes, la grande (Angleterre, Irlande) et la continentale (Bretagne française).

D'origine vraisemblablement celtique (on lui trouve des origines dès le VIe siècle), le lai est, à l'origine, un poème narratif de caractère légendaire, apparenté à la chanson de geste et chanté comme elle sur un groupe de timbres à caractère répétitif, formant des laisses de longueur inégale, avec prélude et postlude instrumental (harpe ou vièle).

   Ces lais anciens sont décrits dans les romans, notamment dans ceux du cycle de Tristan, mais n'ont pas été conservés, les quelques pièces que l'on possède sous ce nom semblant en avoir pris la dénomination par analogie sans en avoir les caractères. On possède, en revanche, des adaptations diverses, qui, elles aussi, ont gardé le nom de lai. Les unes sont des récits en vers non chantés (Marie de France, XIIe s.), qui en racontent la matière sans en conserver la forme ; les autres sont des vers lyriques non narratifs, transmis avec leur musique et sans doute dans une forme analogue ; certains ont même conservé le titre du modèle sans que leur rapport avec lui apparaisse avec évidence (Lai du chèvrefeuille). Paradoxalement, on connaît ainsi, d'un côté, le contenu de l'histoire et, de l'autre, sa forme, musique incluse, sans pouvoir opérer la jonction ni reconstituer le modèle.

   Du XIIIe au XVe siècle, le lai devient de plus en plus un genre littéraire (Eustache Deschamps, Christine de Pisan), même s'il reste parfois chanté (G. de Machaut). Il se prolonge en Allemagne par le leich, qui en dérive.