Saariaho (Kaija)
Compositeur finlandaise (Helsinki 1952).
Elle étudie la composition avec Paavo Heininen à l'Académie Sibelius et travaille ensuite avec Klaus Huber et Brian Ferneyhough à Fribourg-en-Brisgau. Depuis 1982, elle vit à Paris, où elle fréquente souvent les ateliers et les studios de l'I.R.C.A.M (Jardin secret, 1984-85). La musique de Saariaho se distingue par l'imagination sonore, par un goût particulier pour la manipulation du timbre et des surfaces qui s'imbriquent et se séparent dans un perpétuel mouvement aux contours « liquides » (Du cristal… à la fumée pour orchestre, 1991-92). Cette facture néoimpressionniste est agencée grâce à un effort de plus en plus poussé d'intégration (Nymphea pour quatuor à cordes, 1987 ; Amers pour violoncelle, ensemble et dispositif électronique, 1992). Son catalogue comprend aussi Verblendungen pour orchestre et bande (1983), Lichtbogen pour ensemble et « live electronic » (1986), Io pour ensemble instrumental et bande (1987), Maa, musique de ballet en sept scènes (1991), Trois Rivières pour 4 percussionnistes (1993-94), Château de l'âme pour soprano, 8 voix de femme et orchestre, commande du Festival de Salzbourg (1995). Son Concerto pour violon « Graal Théâtre » (1995) a été créé à Londres par Guidon Kremer.
Sabata (Victorde)
Chef d'orchestre et compositeur italien (Trieste 1892 – Santa Margherita 1967).
Fils d'un chef de chœur, il étudia au conservatoire de Milan le contrepoint, la fugue et la composition, et remporta divers succès, en particulier avec l'opéra Il Macigno (1917) et le poème symphonique Juventus (1910). Il commença sa carrière de chef à l'opéra de Monte-Carlo (1919-1929), où il créa notamment l'Enfant et les Sortilèges de Ravel (1925). Après quelques mois passés à la tête de l'Orchestre symphonique de Cincinnati (1929), il commença avec la Fille du Far West de Puccini, une longue collaboration avec la Scala (1929-1957), rivalisant par la fougue et l'exigence musicale avec Toscanini, à qui il succéda comme directeur du théâtre milanais en 1953. En 1939, il dirigea à Bayreuth un Tristan mémorable réunissant Germaine Lubin, Max Lorenz et Josef von Manowarda. Chef d'une précision et d'une sobriété extrêmes, il faisait naître une tension intérieure exemplaire sous l'apparence linéaire de ses interprétations.
Sacchini (Antonio)
Compositeur italien (Florence 1730 – Paris 1786).
Élève de Durante à Naples, il connut des débuts difficiles, fut applaudi à Venise (Alessandro Severo, et Alessandro nelle Indie, 1763) et triompha à Padoue la même année avec son Olimpiade. Il quitta Venise pour Londres en 1772, y connut le succès tant dans l'opera buffa que dans l'opera seria, mais en fut chassé pour affaire de mœurs. Fixé à Paris en 1781, il y tira la leçon de la querelle entre gluckistes et piccinnistes, remania pour le goût français quelques ouvrages anciens, dont son Armida (1772) devenue Renaud (1783), et écrivit Dardanus (1784) où il opérait une magistrale synthèse entre les genres italien et français, ce pour quoi l'œuvre déçut le public. Il mourut sans voir représenter son Œdipe à Colone (1786) qui s'imposa, et fut joué sans interruption jusqu'en 1844, puis fréquemment repris de nos jours.
Sacher (Paul)
Chef d'orchestre suisse (Bâle 1906 – id. 1999).
Il suit l'enseignement de Felix Weingartner au conservatoire de Bâle et de Karl Nef à l'université. Désireux de servir la musique préclassique comme la musique contemporaine, il fonde en 1926 l'Orchestre de chambre de Bâle et, deux ans plus tard, lui ajoute un chœur. À la tête de cet ensemble, il a créé plus de cent œuvres, dont un grand nombre de commandes : Musique pour cordes, célesta et percussion, Sonate pour deux pianos et percussion et Divertimento de Bartók, Die Harmonie der Welt de Hindemith, Deuxième et Quatrième Symphonies et la Danse des morts de Honegger, Petite Symphonie concertante de Frank Martin, Métamorphoses de Richard Strauss, Concerto en « ré » et A Sermon, A Narrative and A Prayer de Stravinski, la Passion grecque de Martinů, et des pages de Beck, Britten, Burckhardt, Fortner Henze, Malipiero, Tippett, Veress, etc. Il dirige également à partir de 1941 le Collegium musicum de Zurich.
Fervent mozartien, Sacher participe aux festivals de Lucerne (jouant les Sérénades), d'Édimbourg, de Glyndebourne (pour Idoménée) et d'Aix-en-Provence. Dès 1953, il complète son action en faveur de la musique ancienne en créant un Institut de recherche sur l'interprétation, la Schola cantorum basiliensis, intégrée en 1954 dans la Musikakademie de Bâle, qu'il dirige depuis 1969. Ses efforts parallèles en faveur de la musique contemporaine se sont concrétisés, au-delà de son mécénat, par des cours de composition et d'interprétation (assurés un temps par Pierre Boulez) et par d'importantes responsabilités au sein de la branche suisse de la S. I. M. C. et de l'Association des musiciens suisses. Il a acheté en 1983 l'ensemble des archives Stravinski à New York, et en 1986 a été inauguré à Bâle le bâtiment de la Fondation Paul-Sacher, qui abrite de très nombreuses archives.
Sachs (Curt)
Musicologue, organologue et ethnomusicologue américain d'origine allemande (Berlin 1881 – New York 1959).
Il fait ses études à l'université de Berlin où, tout en suivant des cours d'histoire de la musique avec Fleisher, Kretschmar, Wolff et Friedländer, il se spécialise en histoire de l'art. Il se consacre, à partir de 1909, à la musique et est nommé, après la guerre, directeur de la Staatliche Instrumenten-Sammlung de Berlin. Ses activités pédagogiques s'accompagnent de nombreuses responsabilités au sein des musées allemands et dans les organismes éducatifs officiels. Ses origines juives l'obligent à émigrer à Paris en 1933, où il enseigne à la Sorbonne et travaille avec André Schaeffner au musée de l'Homme. Il y édite, de 1934 à 1938, la première série d'enregistrements de musique « primitive », l'Anthologie sonore. Il part pour les États-Unis en 1937, et enseigne dans diverses universités américaines.
Il a écrit un nombre prodigieux d'ouvrages et d'articles qui témoignent d'une pensée tout à fait rigoureuse, d'une volonté constante d'approfondir et d'élargir ses domaines de recherche et d'une aisance d'expression le mettant à la portée de tous. Ses premières publications concernèrent plus particulièrement la musique allemande et surtout Berlin. Il se consacra ensuite à l'étude des instruments de musique et devint très rapidement un des plus grands organologues de tous les temps tout en s'imposant comme un des pionniers de l'ethnomusicologie.
Il fut amené à envisager l'organologie dès ses origines, et publia divers ouvrages sur les instruments anciens en Égypte et dans certaines collections européennes. Ces considérations l'orientèrent vers l'histoire de la musique ancienne et certains domaines annexes mais indissociables, comme la notation musicale ou la danse.