Rodrigo (Joaquín)
Compositeur espagnol (Puerto Sagunto, Valence, 1902 – Madrid 1999).
Frappé, tout enfant, de cécité, Rodrigo commença ses études musicales à Valence, puis se rendit en Allemagne (1922) où il écrivit ses premières compositions. Élève de Paul Dukas à Paris (1927-1932), il y rencontra Falla et Ricardo Viñès, dont les conseils le marquèrent profondément. Sa première œuvre importante, le Concerto d'Aranjuez (1939), fut accueillie avec un enthousiasme qui ne s'est jamais démenti depuis, et a exercé une influence déterminante sur l'évolution de la guitare au XXe siècle. La syntaxe de Rodrigo ne cherche pas à s'évader d'une clarté folklorisante qui lui vaut, du reste, une très vaste audience. Ses mélodies, ses pages orchestrales et d'inspiration religieuse se réclament de la même esthétique, indifférente au progrès, mais d'un charme indéniable. On lui doit aussi un Concerto andalou pour 4 guitares (1967).
Rodzinski (Artur)
Chef d'orchestre polonais naturalisé américain (Split 1892 – Boston 1958).
En 1918, il travaille la composition à Vienne avec Schreker, la direction avec Schalk et le piano avec Sauer et Lalevicz. En 1921, il fait ses débuts de chef à Lvov, puis, de 1921 à 1925, dirige à la Philharmonie et à l'Opéra de Varsovie, où Stokowski l'entend dans les Maîtres chanteurs. Il se laisse convaincre d'émigrer aux États-Unis, où, de 1926 à 1929, il assiste Stokowski au pupitre de l'Orchestre de Philadelphie. De 1929 à 1933, il dirige à Los Angeles, puis, de 1933 à 1943, l'Orchestre de Cleveland. En 1937, il est chargé par Toscanini de recruter les membres du NBC Orchestra. De 1943 à 1947, il est à la tête de la Philharmonie de New York, où son assistant est Leonard Bernstein. En 1948, il retourne en Europe et se fixe en Italie. Il a beaucoup marqué les orchestres américains, et ses enregistrements de Prokofiev ou Gershwin évoquent à la fois la rigueur de Toscanini et la jubilation expressive dont hérite Bernstein. Il défend le répertoire symphonique américain, créant des œuvres de Barber et Copland (Appalachian Spring en 1945), mais diffuse aussi la musique russe (première audition américaine de l'opéra Lady Macbeth de Chostakovitch en 1935). Il crée les Métamorphoses symphoniques d'Hindemith en 1934, le Memorial to Lidice de Martinu en 1943, et l'Ode à Napoléon de Schönberg en 1944.
Rogé (Pascal)
Pianiste français (Paris 1951).
Issu d'une famille de musiciens, il étudie d'abord le piano avec sa mère et se produit en public à l'âge de dix ans, avant même son entrée au Conservatoire, où il est l'élève de Lucette Descaves. Titulaire de deux premiers prix (piano et musique de chambre), il en sort en 1966 et se perfectionne auprès de Julius Katchen. Lauréat du prix Enesco de Bucarest en 1967 et 1er Grand Prix Long-Thibaud en 1971, il se produit dans le monde entier.
Roger-Ducasse (Jean)
Compositeur français (Bordeaux 1873 – Le Taillan-Médoc 1954).
Élève au Conservatoire de Charles de Bériot, Pessard, Gédalge et Gabriel Fauré, il obtint en 1902 le second grand prix de Rome, devint inspecteur général de l'enseignement du chant dans les écoles de la ville de Paris et succéda en 1935 à Paul Dukas comme professeur de composition au Conservatoire. Il a écrit pour le théâtre un Orphée « mimodrame lyrique » qui est en fait un ballet avec chœurs , créé à Saint-Pétersbourg en 1914, et l'opéra-comique Cantegril (18 représentations salle Favart en 1931). Son style élégant et sa science de l'écriture musicale ont également brillé dans des poèmes symphoniques (le Jardin de Marguerite, 1901-1905 ; Ulysse et les Sirènes, 1937), des pièces, pour orchestre (Marche française, 1914 ; Épithalame, 1923, etc.), des motets et pièces chorales, deux quatuors à cordes et un quatuor avec piano, ainsi que de nombreuses pièces pour piano.
Rogg (Lionel)
Organiste suisse (Genève 1936).
Il a été au conservatoire de Genève l'élève, pour l'orgue, de Pierre Segond, et, pour le piano, de Nikita Magaloff. Il s'est fait principalement connaître par ses trois enregistrements intégraux de l'œuvre d'orgue de Jean-Sébastien Bach et de nombreuses autres réalisations discographiques, tant au clavecin qu'à l'orgue. Son art se fonde sur un toucher d'une exceptionnelle maîtrise, qui lui permet, mieux que par la registration, d'individualiser les diverses voix des œuvres polyphoniques qu'il interprète.
Rojdestvenski (Guennadi)
Chef d'orchestre soviétique (Moscou 1931).
Son père, Nicolas Anosov, était chef d'orchestre et professeur au conservatoire de Moscou ; sa mère, Natalya Rojdestvenskaia, une cantatrice connue. Il reçut son éducation musicale dans la classe de son père et avec Lev Oborine. En 1951, ses débuts au théâtre Bolchoï dans la Belle au bois dormant de Tchaïkovski révélèrent sa maturité, sa vive intelligence musicale, sa mémoire remarquable (il dirigea le ballet de mémoire). À l'élégance et à la précision, à la décision et à la puissance expressive de ses gestes, on reconnaît l'influence de l'école du ballet sur l'art de ce chef.
Dès le début de sa carrière, Rojdestvenski se déplaça en Europe occidentale et orientale aussi bien qu'en Amérique. En 1963, il devint chef principal de l'Orchestre symphonique de la Radio de Moscou, et, en 1965, chef principal du théâtre Bolchoï, ce qui lui permit, entre autres créations, de présenter pour la première fois en U. R. S. S. des opéras comme le Joueur de Prokofiev et le Songe d'une nuit d'été de Britten. Paris connut ses saisissantes interprétations de la Dame de pique et de Boris Godounov lors de la tournée de ce théâtre en 1969 ; Londres et le festival d'Édimbourg découvrirent ses présentations de symphonies de Chostakovitch (au festival d'Édimbourg, 1962, Rojdestvenski assura la première audition en Occident, dans des conditions triomphales, de la Quatrième Symphonie de ce compositeur).
La suite de sa carrière est marquée par de nombreuses tournées et prises de postes : à l'Orchestre philharmonique de Stockholm (1974-1977), à l'Orchestre symphonique de la BBC (1978-1981), à l'Orchestre symphonique de Vienne (1981-1983), au nouvel Orchestre symphonique du ministère de la Culture à Moscou (1982-1991). Il assure parallèlement la direction musicale de l'Opéra de chambre de Moscou, dont la production du Nez de Chostakovitch a imposé l'œuvre en de nombreux pays.
L'un de ses plus beaux titres de gloire lui vient de sa spécialisation dans la musique de Prokofiev qu'il défend avec une ardeur peu commune, ayant fait découvrir des pages oubliées comme les deuxième et troisième symphonies et enregistrant une quasi-intégrale discographique de ce compositeur. Son intégrale des symphonies de Sibelius au disque ne fait pas moins autorité.