Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

balletto (ital. ; « ballet »)

Terme désignant en particulier une chanson strophique à danser, généralement à cinq voix et de structure simple, caractérisée par un refrain sur les syllabes « fa-la-la ».

À cette chanson, pouvaient se joindre les instruments.Cette forme connut une grande vogue en Italie à la fin du XVIe siècle et franchit rapidement les frontières. Son représentant le plus célèbre fut Giovanni Gastoldi, dont les Balletti a cinque voci parurent en 1591. En Angleterre, Thomas Morley publia, en 1595, ses Balletts a 5, dont le célèbre Now is the Month of Naying, que Rosseter arrangea pour concert instrumental. Peu à peu, le balletto devint une forme purement instrumentale.

Ballif (Claude)

Compositeur français (Paris 1924 – Poissons, Haute-Marne, 2004).

Il a fait ses études au conservatoire de Bordeaux, puis à celui de Paris (1948-1951) avec Noël Gallon, Tony Aubin et Olivier Messiaen. Il a ensuite (1951) travaillé à Berlin avec Boris Blacher et Josef Rufer, ainsi qu'à Darmstadt avec Hermann Scherchen. En 1955, il a obtenu le premier prix de composition au concours international de Genève pour son œuvre Lovecraft, et enseigna aux Instituts français de Berlin (1955-1957) et de Hambourg (1957-58). Rentré en France en 1959, il a travaillé au Groupe de recherches musicales de l'O. R. T. F. avant d'entreprendre une carrière de professeur. Il a enseigné l'analyse et l'histoire de la musique à l'École normale de musique de Paris (1963-64), la pédagogie, puis l'analyse au conservatoire de Reims (à partir de 1964). En 1968, il a participé à la fondation du département de musique de l'université Paris-VIII (Vincennes), qu'il a ensuite dirigé pendant un an, et il est, depuis 1971, professeur d'analyse au Conservatoire de Paris. En 1978-79, il a passé un an comme professeur à l'université McGill de Montréal, tandis que le compositeur et professeur Bruce Mather le remplaçait à Paris.

   Libre de toute école, Claude Ballif a adopté, dès les années 50, une position particulière, refusant l'alternative tonalité-atonalité, ne voyant dans les termes « tonal », « atonal » ou « modal » que les reflets de situations limites, et développant pour sa part le concept de métatonalité, fondé sur une échelle de onze sons et capable de prendre en compte toute écriture musicale. Son Introduction à la métatonalité (1953) est parue en 1956. Il a publié également une monographie sur Berlioz (1968) et de nombreux articles, dont certains réunis en volume (Voyage de mon oreille, 1979). Solitaire non dépourvu d'humour, c'est un homme de culture doté d'une grande curiosité et d'une solide foi religieuse.

   On lui doit à ce jour une bonne soixantaine d'ouvrages. Citons, pour piano solo, 5 Sonates (1953-1960), Airs comprimés op. 5 (1953), Pièces détachées op. 6 (1952-53), Bloc-notes op. 37 (1961) ; 4 Sonates pour orgue op. 14 (1956) ; pour flûte et piano, la Sonate op. 23 (1958) et Mouvements pour deux op. 27 (1959) ; 3 trios à cordes, 3 quatuors à cordes (1955-1959) et de la musique de chambre diverse ; 1 quatuor pour trio à cordes et percussion op. 48 (1975) ; la série des 6 Solfegiettos pour instrument so

   liste (de 1961 à 1975) ; Imaginaire I à VI, série d'ouvrages tous conçus pour 7 instruments et tous basés sur un seul intervalle ; pour orchestre, Lovecraft op. 13 (1955), Voyage de mon oreille op. 20 (1957), Fantasio op. 21 (1957), Fantasio grandioso op. 21 B (création en 1977), Ceci et cela (1959-1965), À cor et à cri op. 39 (1962) ; comme œuvres religieuses, Quatre Antiennes à la Vierge (1952-1965), les Battements du cœur de Jésus pour trompette, trombone et double chœur (1971) et le requiem la Vie du monde qui vient (1953-1972, créé à Paris en mai 1974) ; comme ouvrages avec voix, Phrases sur le souffle op. 25 (1958), Fragment d'une ode à la faim op. 47 pour 12 voix solistes (1974), Poème de la félicité op. 50 pour 3 voix de femmes, guitare et 2 percussions (1977). On lui doit encore Cendres pour percussion (création en 1972), et, comme œuvres récentes, Ivre-Moi-Immobile op. 49 pour clarinette, petit orchestre et percussion (1976), une sonate pour clarinette et piano op. 52 (1978), l'Habitant du labyrinthe op. 54 pour 2 percussions (1980), Un coup de dé-Mallarmé op. 53, contre-sujet musical pour chœur symphonique, 2 percussions, 2 timbales, 2 contrebasses et un ruban sonore (1978-1980), l'opéra Dracoula (1984), la farce lyrique Il suffit d'un peu d'air (1990-1991).

   Claude Ballif a reçu le prix Arthur Honegger en 1974 et le grand prix musical de la ville de Paris en 1980.

ballo

Forme musicale populaire en Italie au début du XVIIe siècle.

Il s'agit d'une pièce de circonstance (mariage, visite d'une personnalité importante, etc.) écrite généralement pour une voix soliste, représentant le poète, qui chante des strophes entrecoupées de ritournelles instrumentales. Pour terminer, vient la danse, accompagnée par les instruments, avec ou sans la participation d'autres chanteurs.

Ban (Joan Albert)
ou Joan Albert Bannius

Théoricien et compositeur néerlandais (Haarlem v. 1597 – ? 1644).

Ordonné prêtre, il termina sa vie comme archevêque de Haarlem. Nous ne savons rien de sa production musicale (si ce n'est que, dans la composition d'un air de cour, il eut le dessous face à Boesset, lors d'une dispute esthétique à laquelle se mêlèrent Descartes, Mersenne et les principaux musiciens de l'époque). Mais ses traités font autorité en ce qui concerne la musique du XVIIe siècle et, en particulier, la monodie. Le plus célèbre est Dissertatio epistolica de musicae natura, origine, progressu et denique studio bene instituendo (Haarlem, 1637).

Banchieri (Adriano)

Compositeur italien (Bologne 1567 – id. 1634).

Élève de Gioseffo Guami, il fut organiste à San Michele in Bosco, près de Bologne, puis à Imola. Ce bénédictin, devenu abbé du Monte Oliveto (1620), fonda l'Accademia de' Floridi (1614) et joua un rôle fort important dans la vie musicale à Bologne, où on l'appelait Il Dissonante. Monteverdi, O. Vecchi et G. Diruta étaient en relation avec lui, et ses ouvrages théoriques, tels que la Cartella musicale (1614) concernant les ornements vocaux, comptent autant que ses compositions sacrées et profanes. L'Organo suonarino (1605) précise les règles de l'accompagnement à partir d'une basse chiffrée. Banchieri composa des canzone et des sonates dans le style brillant de G. Gabrieli, comme le recueil Moderna harmonia (1612), ou des œuvres pour double chœur (cori spezzati) comme les Concerti ecclesiastici (avec accompagnement d'orgue pour le premier chœur, ce qui justifie le titre de concerto).

   Également poète (il écrivait sous le nom de Camillo Scaglieri), Banchieri fut l'auteur de comédies madrigalesques non destinées à la scène. Celles-ci contiennent des mélodies faciles, agréables, dans un style homophonique et sur des textes souvent comiques tirés de la vie de l'époque. Parmi ces œuvres, citons La Pazzia senile (1598), où figurent déjà, fait exceptionnel à cette époque, des indications de nuances (« forte », « piano »), la Barca di Venezia per Padova (1605) et il Festino nella sera del Giovedi grasso avanti cena (1608).