Chaminade (Cécile)
Pianiste et femme compositeur française (Paris 1857 – Monte-Carlo 1944).
À partir de 1875, elle mena une brillante carrière de pianiste. Elle composa de nombreuses pièces pour piano et des mélodies qui connurent une grande vogue dans les salons de la bourgeoisie, mais aussi de la musique de chambre, des pièces symphoniques et un ballet, Callirhoë (1888).
Chamisso de Boncourt (Louis Charles Adélaïde de Chamisso de Boncourt, dit Adelbert von)
Écrivain et poète de langue allemande (château de Boncourt, Champagne, 1781 – Berlin 1838).
Arraché par la Révolution à sa terre champenoise, Chamisso mena pendant longtemps, en Prusse, une existence besogneuse et précaire, jusqu'à ce qu'il réalise ses rêves d'enfant : devenir heureux père de famille, voyager, étudier. Explorateur (on le vit au Kamtchatka, dans le Pacifique), il a fui le monde littéraire de son temps pour se rapprocher d'une nature pure et simple, telle que, en bon disciple de Rousseau, il pouvait l'imaginer. Ses poèmes, tardifs, portent eux-mêmes la marque d'une droiture bourrue et tendre, parfois plate, toujours très proche du quotidien : qu'il chante des fiançailles vertueuses, l'art d'être grand-père ou le bonheur domestique, avec son cortège de joies et de deuils, ou qu'il s'aventure à considérer l'avenir, il prend toujours bien soin de ne pas écrire en dehors du droit sillon. Ce bon bourgeois éclairé n'a cependant trouvé la sérénité qu'après avoir exorcisé les errances, les maladresses, le ridicule maniaque, la tristesse, aussi, de sa jeunesse, dans son ouvrage le plus célèbre : Peter Schlemihl (1814). Ce conte, qui a fait beaucoup pour la popularité de son auteur, et où le héros, gaffeur éternel (tel est le sens du mot yiddish schlemihl), vend son ombre au diable, a inspiré à E. T. A. Hoffmann la matière de son conte les Aventures de la nuit de la Saint-Sylvestre.
En musique, Chamisso n'a guère inspiré que Schumann (l'Amour et la Vie d'une femme), lequel d'ailleurs n'a tenu aucun compte des idées du poète sur le rôle subalterne de la femme dans le couple et a, au contraire, exalté sa capacité d'émotion.
Champagne (Adonaï Desparois, dit Claude)
Compositeur et pédagogue canadien (Montréal 1891 – id. 1965).
Il étudia le violon et le piano, puis entra au conservatoire de sa ville natale. D'abord influencé par la musique russe, ainsi qu'en témoigne son poème symphonique Hercule et Omphale (1918), il découvrit la musique française en 1919 et vint terminer ses études musicales à Paris avec Paul Dukas, André Gédalge, Charles Kœchlin et Raoul Laparra.
De retour au Canada (1928), il se consacra au développement de la vie musicale. Professeur de composition au conservatoire et à l'université de Montréal (1930), puis directeur suppléant du conservatoire (1942), il eut la plus heureuse influence sur ses nombreux élèves et révéla à des musiciens tels Vallerand, Pépin, Papineau-Couture, Mercure l'art de Debussy, Fauré, Dukas et Ravel.
Ses propres compositions, disciplinées, élégantes, pénétrées d'une lumière méditerranéenne, s'en réclament volontiers, tout en s'inspirant du folklore canadien (Suite canadienne [1928], Images du Canada français, Danse villageoise, Paysanne). À la fin de sa carrière, il se créa un langage plus personnel avec son Quatuor à cordes (1951) et Altitudes (1959) sur des thèmes d'origine huronne. Son œuvre comprend essentiellement des partitions symphoniques (Symphonie gaspésienne, 1945) et concertantes (Concerto pour piano, 1950), des pièces pour chœur et orchestre et de la musique de chambre.
Champion de Chambonnières (Jacques)
Compositeur et claveciniste français (Paris ou Chambonnières-en-Brie après 1601 – Paris 1672).
Fils et petit-fils d'organistes, il descendait, par sa mère, d'un fameux luthiste écossais. Son père, Jacques Champion, jouait de l'épinette à la cour d'Henri IV et de Louis XIII. Dès l'âge de onze ans, Chambonnières devint, lui-même, joueur d'épinette de la Chambre du roi, puis organiste de la chapelle royale. Il s'intéressa alors au clavecin, ce nouvel instrument aux sonorités plus puissantes et aux registres plus riches en contrastes que le luth, qu'il allait peu à peu éclipser. Chambonnières fut, en fait, le fondateur d'une méthode française de clavier et l'un des premiers représentants d'une authentique école de clavecinistes en France. À la mort de son père (1638), il obtint le poste de claveciniste du roi qu'il garda jusqu'à sa mort, malgré une période de disgrâce. Il semble que, vers 1654, il ait été au service de la reine Christine de Suède qui venait de renoncer à son trône. Ayant prétendu qu'il était de famille noble, il dut s'exiler aux Pays-Bas (1656-1662) et s'installa à Amsterdam.
Le jeu subtil et raffiné de Chambonnières lui a valu une réputation internationale. Ses compositions, toutes pour le clavecin, doivent encore beaucoup au style polyphonique des luthistes. Un certain nombre de ces pièces portent aussi des titres évocateurs qui vont marquer l'école française de clavecin (la Dunquerque, Madame la Reyne, le Tambourin des Suisses, l'Affligée…). Son œuvre se limite à deux livres de pièces de clavecin (le premier date de 1670), mais ces pièces jettent les bases que vont développer ses successeurs. Les pièces sont groupées afin de composer des suites dans une même tonalité, certaines pouvant choisir le mode mineur ou vice versa par rapport à la tonalité principale. Il s'agit de danses (allemande, courante, sarabande, gigue) de la suite classique, auxquelles pouvaient s'ajouter une gaillarde, un menuet ou encore une chaconne.
Champs-Élysées (théâtre des)
Théâtre parisien de 2 100 places qui aurait dû être construit sur les Champs-Élysées mais qui le fut avenue Montaigne tout en conservant sa dénomination d'origine.
Son promoteur, Gabriel Astruc, plaça d'emblée sa programmation sous le signe de l'avant-garde : lors du concert inaugural, le 2 avril 1913, Saint-Saëns, Dukas, Debussy et d'Indy dirigèrent eux-mêmes leurs œuvres. Le lendemain, la première représentation lyrique fut consacrée à Benvenuto Cellini de Berlioz (direction Weingartner), et le 15 mai y eut lieu la création mondiale de Jeux de Debussy, suivie le 29 mai par celle du Sacre du printemps de Stravinski. Le premier semestre 1914 vit la première parisienne de la version originale de Tristan et les premières françaises de celle des Maîtres chanteurs et de Parsifal. L'opéra ne réapparut au Théâtre des Champs-Élysées qu'en 1922 (représentations wagnériennes en italien), avec notamment, dans les années suivantes, la création de la version scénique du Roi David de Honegger (1924) et les visites de l'Opéra de Vienne (1924) et de Berlin (1937). Parallèlement furent donnés de très nombreux concerts symphoniques. Après 1945, le Théâtre des Champs-Élysées est resté un des hauts lieux de la vie musicale parisienne. Il a accueilli de très nombreux concerts de la radio, ainsi que d'innombrables orchestres tant français qu'étrangers, et vu en 1952, dans le cadre du festival « l'Œuvre du XXe siècle », la création française de Wozzeck d'Alban Berg. Cette politique d'accueil a été poursuivie et approfondie par ses deux derniers directeurs, Georges-François Hirsch (1984) et Alain Durel (depuis 1990).