Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
V

Vlad (Roman)

Compositeur et pianiste italien d'origine roumaine (Cernauti 1919).

Fixé à Rome en 1938, il y a été l'élève d'Alfredo Casella avant de se convertir à un langage musical ouvert aux techniques les plus modernes. Prix Enesco en 1942 pour sa Sinfonietta, il a abordé presque tous les genres y compris la musique électronique, et dirigé l'Accademia filarmonica romana (1955-1958), la section italienne de la Société internationale de musique contemporaine (1960-1963) ainsi que le Mai musical de Florence et l'Orchestre symphonique de la RAI de Turin (1976-1981). Il a également été surintendant de l'Opéra de Rome (1980-1982). Il est l'auteur d'un Stravinsky (Turin, 1958 ; rééd., 1973) et de l'opéra Il Sogno, d'après Strindberg (Bergame, 1973).

vocalise

Chant ou fragment mélodique chanté sur une ou plusieurs voyelles, soit pour une fin artistique, soit surtout comme moyen didactique (la vocalise remplaçant pour la voix l'étude de piano ou de violon), dans laquelle certaines formules peuvent être utilisées (gammes, arpèges, etc.).

La pratique de la vocalise chez les Égyptiens et les Hébreux est passée dans la liturgie chrétienne (alléluia, Kyrie, graduel) et ensuite dans les mélodies profanes monodiques et polyphoniques du XVIIe siècle qui créèrent les supports d'un plus ample développement dans les airs des mélodrames et des cantates de l'époque baroque.

Vogel (Vladimir)

Compositeur et pédagogue suisse d'origine russe (Moscou 1896 – Zurich 1984).

Il fut l'élève de Scriabine, Tiessen, Busoni et Scherchen. Il vécut successivement à Berlin et à Paris avant de se fixer en Suisse en 1934. Professeur à Ascona, il mena de front une activité de pédagogue et une carrière de compositeur qui explora avec une intelligente curiosité les différentes tendances de la musique contemporaine. L'ésotérisme de Scriabine, qui marqua ses premiers essais et dont il tenta de se détacher au contact de l'équilibre classique de Busoni, ne fut jamais tout à fait absent de ses préoccupations spirituelles et de son esthétique. Après les 4 Études d'orchestre, la Tripartita (1934) et l'oratorio la Chute de Wagadou par la vanité (1930), qui attestent un généreux humanisme, son colossal oratorio Thyl Claes (1938-1945), dont l'exécution s'étend sur deux soirées entières, semble réaliser la synthèse des langages et des styles de sa génération. Dès le Concerto pour violon (1937), qui cite en une série de douze notes l'ouverture de la Flûte enchantée, il adopta la technique sérielle, mais ce n'est qu'en 1950 qu'il s'astreignit au sérialisme intégral. Parmi ses élèves, citons Jacques Wildberger et Rolf Liebermann.

Vogelweide (Walther von der)

Minnesänger ( ? v. 1170 –  ? v. 1230).

Il fut le plus grand représentant du Minnesang. Son érudition lui valut la célébrité à la cour de Vienne. Après la mort de son protecteur, le duc Frédéric Ier (1198), il mena une vie errante à travers les cours allemandes. Il recueillit l'héritage des premiers poètes de cour allemands, en particulier Reinmar, dont il fut le disciple à la fois admiratif et critique, mais il abandonna vite les conventions de la lyrique courtoise au profit d'un art plus familier et spontané (Unter der linden, an der heide). Chantre raffiné de la Minne, il fut aussi le maître éloquent du Spruch et son œuvre révèle les querelles religieuses et politiques auxquelles il fut mêlé en prenant le parti d'Othon de Brunswick contre le pape et les Staufen. Il est souvent qualifié de « cantor ». Il était effectivement musicien, à en juger par le célèbre Palästinalied, écrit après la croisade de 1228, et qui offre un compromis entre le récitatif épique et le style orné d'église, ou la charmante mélodie d'allure toute populaire, Maneger klaget die schoenen zît.

Vogler (abbé Georg Joseph)

Théoricien, pédagogue, organiste et compositeur allemand (Würzburg 1749 – Darmstadt 1814).

Il étudia le droit à Würzburg, puis la théologie à Bamberg. En 1771, il se fixa à Mannheim, où le prince-Électeur le nomma chapelain (1772) puis vice-maître de chapelle (1775) de sa Cour. Entre-temps, il avait pu effectuer un voyage d'études en Italie. Parurent alors ses premiers ouvrages théoriques : Tonwissenschaft und Tonsetzkunst (Mannheim, 1776 ; réimpr., 1970), Kuhrpfälzische Tonschule (Mannheim, 1778), Betrachtungen der Mannheimer Tonschule (Mannheim, 1778-1781 ; réimpr., 1974).

   Après être allé à Paris et à Londres, il devint en 1784 maître de chapelle à Munich, où le prince-Électeur qu'il avait connu à Mannheim était installé depuis 1778, mais entreprit l'année suivante une tournée de concerts, et en 1786, démissionna pour devenir maître de chapelle de Gustave III de Suède et maître du prince héritier. Il continua néanmoins à voyager, en particulier en Grèce, à Gibraltar et en Afrique du Nord (1792-93). En 1793, il revint en Suède, où il servit quelque temps Gustave IV, puis voyagea de nouveau beaucoup, et en 1807, fut nommé maître de chapelle et conseiller pour les affaires religieuses du grand-duc de Hesse-Darmstadt, postes qu'il devait occuper jusqu'à sa mort.

   Comme théoricien, il écrivit sur l'acoustique, l'histoire de la musique et ses conditions d'exécution, et il étudia tout particulièrement la science des accords. Ses voyages témoignent notamment de son intérêt pour les musiques extra-européennes. Il enseigna à Mannheim mais aussi à Stockholm et Darmstadt, et compta parmi ses élèves Weber et Meyerbeer.

   Grand improvisateur au clavier, il construisit à Amsterdam en 1789 son orchestrion, sorte de petit orgue portatif au mécanisme simplifié qui lui valut les foudres de certains organistes conservateurs. Il fut aussi un conférencier très demandé. Comme compositeur, il fut moins apprécié. Il écrivit beaucoup d'œuvres vocales sacrées et profanes, des ouvrages scéniques, de la musique orchestrale et de chambre. Citons une musique de scène pour Hamlet (1779), le singspiel Erwin und Elmire, d'après Goethe (Darmstadt, 1781), le drame lyrique Gustav Adolph och Ebba Brahe (Stockholm, 1788), et le mélodrame Zoroastre (v. 1796).