Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

Bernardi (Steffano)

Compositeur italien (Vérone 1576 ? – ? 1636).

Il fut maître de chapelle à la cathédrale de Vérone avant d'entrer au service de l'évêque de Breslau. Il obtint ensuite le poste de maître de chapelle à Salzbourg, qu'il garda jusqu'à sa mort. Auteur de messes et d'œuvres religieuses diverses, de madrigaux, de sonates, etc., il doit surtout sa réputation à un Te Deum à 48 voix réparties en 12 chœurs, qui fut exécuté pour la consécration de la cathédrale de Salzbourg en 1628.

Berners (sir Gerald Hugh Tyrwitt-wilson, lord)

Compositeur anglais (Arley Park, Shropshire, 1883 – Londres 1950).

Membre du corps diplomatique de 1909 à 1920, il étudia la musique à Dresde et à Vienne, reçut les conseils de Stravinski, de Casella et de Vaughan Williams, et se lia d'amitié dans les années 1920 avec George Bernard Shaw, H. G. Wells et Osbert Sitwell. Son comportement social bizarre et son goût de la plaisanterie firent de lui une sorte de Satie britannique. Ses œuvres les plus célèbres sont l'opéra le Carrosse du Saint-Sacrement, d'après Mérimée (Paris 1924) et le ballet The Triumph of Neptune (1926).

Bernger von Horheim

Minnesänger allemand, originaire de Souabe (fin du XIIe s.).

On retrouve sa trace en Italie. On connaît de lui six chansons, où se manifeste une forte influence française. L'une d'entre elles a été identifiée par Friedrich Gennrich comme une nouvelle version d'une chanson de Chrétien de Troyes, D'amours qui a tolu a moi, ce qui attire l'attention sur l'important apport de Chrétien de Troyes au minnesänger.

Bernhard (Christoph)

Compositeur et théoricien allemand (Dantzig 1627 – Dresde 1692).

Il étudia à Dantzig avec Paul Siefert, puis à Dresde avec Heinrich Schütz. En 1649 et 1651, il voyagea en Italie où il rencontra Carissimi. Vice-maître de chapelle à Dresde (1655-1664), il devint maître de chapelle à Hambourg (1664), puis à Dresde (1681-1688). Sa musique vocale religieuse (concerts spirituels, Missa « Christ unser Herr zum Jordan kam ») se situe à mi-chemin de Schütz et de Johann Sebastian Bach. Bernhard est également l'auteur d'ouvrages théoriques.

Bernier (Nicolas)

Compositeur français (Mantes-la-Jolie 1664 – Paris 1734).

Après avoir été enfant de chœur à la collégiale de Mantes, il aurait travaillé à Rome avec Caldara. En 1692, il enseigna le clavecin à Paris, puis fut, entre 1694 et 1698, maître de chapelle à la cathédrale de Chartres. De retour à Paris, il se fit connaître par un Te Deum, aujourd'hui perdu, qui fut joué dans plusieurs églises et à la Cour à Fontainebleau. En 1703, il publia son premier livre de motets et succéda, l'année suivante, à Marc-Antoine Charpentier à la Sainte-Chapelle. Il épousa, en 1712, l'une des filles de Marin Marais, collabora aux fêtes données à Sceaux par la duchesse du Maine et obtint, en 1723, l'un des quatre postes de sous-maître de chapelle à Versailles, vacants depuis la démission de Delalande.

   Outre une œuvre religieuse comprenant des leçons de ténèbres et des motets, Nicolas Bernier a laissé de nombreuses pièces profanes ; airs sérieux et à boire et, surtout, 8 livres de cantates, genre qu'il fut l'un des premiers à illustrer, par exemple avec sa cantate le Café. Ses compositions, essentiellement vocales, allient avec bonheur les goûts français et italien.

Bernier (René)

Compositeur belge (Saint-Gilles-lès-Bruxelles 1905 – Bruxelles 1984).

Il a fait des études au conservatoire de Bruxelles et avec Paul Gilson. Critique, professeur aux conservatoires de Liège et de Mons et à l'Académie de musique de Bruxelles, puis, après la guerre, inspecteur de l'Éducation musicale pour la Belgique francophone, il s'inscrit dans la lignée des impressionnistes respectueux des formes classiques, partisans du langage modal et délicats harmonistes. En dehors d'un poème symphonique, d'un concerto pour saxophone et de deux ballets, il a surtout écrit pour la voix et pour des formations de chambre.

Bernstein (Leonard)

Compositeur, pianiste et chef d'orchestre américain (Lawrence, Massachusetts, 1918 – New York 1990).

Il a étudié à l'université Harvard avec Walter Piston, Tillman Merritt et Edward Burlingame Hill jusqu'en 1939, puis au Curtis Institute de Philadelphie avec Fritz Reiner et Randall Thomson jusqu'en 1941. Élève de Koussevitski à Tanglewood, à partir de 1940, il y est devenu son assistant (1942), avant d'être celui d'Arthur Rodzinski à New York (1943). C'est là qu'ayant eu l'occasion de remplacer Bruno Walter au pied levé, il a commencé sa carrière de chef d'orchestre. Il a fait des tournées en Europe et a été le premier Américain d'origine à diriger l'orchestre de la Scala de Milan (Médée de Cherubini avec Maria Callas, 1953). Aux États-Unis, il a animé, à partir de 1954, des émissions de télévision. Après l'énorme succès de sa comédie musicale West Side Story (1957), succès prolongé par un film, il est nommé directeur musical de l'Orchestre philharmonique de New York (1958). Il a abandonné ce poste (1968) pour se consacrer à la composition, à ses émissions de télévision, à ses cours à l'université Harvard et à diverses charges officielles, mais a poursuivi jusqu'à sa mort sa carrière de chef sur le plan international.

   Pianiste de talent, chef d'orchestre fougueux, animateur et organisateur, compositeur populaire, Bernstein fut l'un des personnages les plus en vue de la musique américaine et même mondiale. Dans son œuvre, qui vise souvent au spectaculaire et hésite devant les véritables audaces, se sont succédé, ou parfois mélangées pêle-mêle, les influences de Stravinski, de Copland, de Hindemith, de Mahler, du jazz, du folklore, de l'opéra italien, de la pop music. Dans un langage universel et accessible, il parvient à traiter certains grands thèmes, celui de la foi perdue et reconquise, celui de la condition humaine. Il a rêvé de nouvelles formes de théâtre musical, mais ses tentatives, quoique convaincantes, demeurent un peu artificielles.

   Bernstein a composé notamment 3 symphonies (Jeremiah 1942, The Age of Anxiety 1948-49, Kaddish 1957) ; des ballets (Fancy Free 1944, Facsimile 1946) ; des musiques de scène et des musiques de film, dont celle pour On the Waterfront (Sur les quais, 1954) ; des œuvres pour piano et des mélodies ; pour le théâtre, les comédies musicales On the Town (1944), Wonderful Town (1953), West Side Story (1957), l'opéra Trouble in Tahiti (1952), l'opérette Candide (1956), Chichester Psalms (1965) ; Mass, oratorio scénique pour chanteurs, danseurs, comédiens (1971) ; Songfest (1977) ; Slava, ouverture politique (1977) ; Meditation from Mass pour violoncelle et orchestre (1977) ; Divertimento pour orchestre (1980) ; A Musical Toast, à la mémoire d'André Kostelanetz (1980) ; Halil pour flûte, cordes et percussion (1981) ; l'opéra A Quiet Place (1982), créé à Houston en 1983 (version révisée comprenant Trouble in Tahiti, Milan 1984).