Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
N

noël (du lat. natalis, « jour de naissance »)

Nom populaire donné à la fête célébrant la naissance du Christ, et, par extension, aux chants non liturgiques de caractère populaire relatifs à ce même événement, ainsi qu'à leurs dérivés ; le mot « noël » devient même une interjection de caractère joyeux.

   C'est à partir du IXe siècle que commencèrent à se développer des noëls presque toujours latins, mais qui, vers la fin du Moyen Âge, utilisèrent souvent le bilinguisme, latin vernaculaire (surtout français, allemand ou flamand). Les coutumes liées à la fête de Noël, notamment les quêtes d'enfants de chœur, ont, elles aussi, donné naissance à des chants spéciaux, dont le plus ancien connu (XIIIe s.) est sans doute un rondeau virelai d'Adam de la Halle, Dieu soit en cette maison. Les noëls proprement dits sont des chansons en langue vulgaire ou même en patois local, souvent parodiés sur des timbres préexistants, célébrant de façon imagée la naissance de l'Enfant divin en y mêlant volontiers des personnages familiers ou des allusions au temps présent. Ils se développèrent rapidement à partir du XVe siècle, d'autant plus que l'Église tolérait exceptionnellement la présence de ces chants joyeux au cours de la messe de minuit ou de la veillée qui la précédait souvent dans l'église. Pour la même circonstance, les organistes étaient autorisés, même à l'office, à sortir du style sévère qui leur était habituellement imposé et à jouer ou improviser des variations sur les noëls, quel qu'en soit le timbre original. Cela a donné lieu, surtout en France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, à une ample littérature, où ils aimaient mettre en valeur, à cette occasion, les jeux de leur instrument.

   De nombreuses provinces eurent leurs noëlistes dont plusieurs sont restés célèbres : Lucas Le Moigne à Paris, Nicolas Martin à Besançon, Nicolas Saboly à Avignon, etc. Le noël devint volontiers satirique au XVIIIe siècle, avec le Dijonnais Bernard de la Monnoye, faussement littéraire au XIXe avec Placide Cappeau (Minuit chrétien, mis en musique par Adolphe Adam), symbolique au XXe (Marie Noël). Les polyphonistes de la Renaissance ont également écrit des noëls, souvent à partir des modèles monodiques.

noëls pour orgue

À la fin du XVIIe et durant tout le XVIIIe siècle, les organistes français eurent coutume d'improviser et d'écrire des variations sur des thèmes populaires de chansons de Noël. Le thème lui-même était d'abord exposé une première fois, accompagné de façon très simple ; puis des variations successives le reprenaient, en mettant en valeur les ressources sonores de l'orgue et la virtuosité de son exécutant. Les thèmes de noëls véhiculaient avec eux toute la saveur, essentiellement rustique, de la fête et du temps de Noël, la principale fête de l'année, et les organistes ne manquaient pas de glisser dans leurs variations des effets d'échos agrestes ou des imitations d'instruments pastoraux. Cette évocation, jointe au plaisir admiratif suscité par les prouesses des virtuoses, explique la vogue considérable dont ont joui ces œuvres, à l'éloquence parfois un peu creuse. Certains musiciens se sont fait une spécialité du noël pour orgue, et ont reçu de ce fait le nom de « noélistes ». Lebègue est le premier à avoir composé des noëls pour orgue (publiés dans son 3e Livre d'Orgue, 1685 ?). Peu après, Gigault est le premier à consacrer un recueil exclusivement à des noëls (Livre de noëls variés, 1682). Après Raison, Dornel, Pierre et Jean-François d'Andrieu, c'est Louis-Claude d'Aquin qui apparaît comme le maître du genre, avec son Nouveau Livre de noëls pour l'orgue et le clavecin, dont la plupart peuvent s'exécuter sur les Violons, Flûtes, Hautbois, etc. (v. 1740), dont les douze pièces demeurent les plus populaires.

   Le genre se poursuivra avec des musiciens de moindre talent, Michel Corrette, Balbastre et, à la fin du siècle, Beauvarlet-Charpentier, Lasceux et Séjan.

noire

1. Valeur de note immédiatement inférieure à la blanche, dont elle représente la moitié. Elle est la transformation de l'ancienne minime noire et se marque dans le chiffrage des mesures par le dénominateur 4 (= 1/4 de ronde), ou l'un de ses équivalents (C).

2.  On appelle notation noire, jusqu'au XVIIIe siècle environ, la première notation mensurale dans laquelle toutes les valeurs sont noircies, alors qu'elles sont évidées dans la notation blanche ultérieure (XVe s.). En notation noire, la semi-brève (losange noirci) se divise en minimes noires (losange noirci avec queue), tandis que dans la notation blanche, conservée pour les mouvements lents jusqu'au XVIIIe siècle, la même semi-brève (losange évidé, future « ronde ») se divise en minimes blanches (losange évidé à queue, future « blanche ») et celles-ci en semi-minimes crochues (aspect d'une croche évidée ayant la valeur de notre noire). Dans la notation mixte, la plus fréquente, on adopte la notation blanche pour les valeurs longues jusqu'à la minime blanche (future blanche), et la notation noire en dessous, de sorte que la minime noire (future noire) divise la minime blanche (future blanche) en faisant fonction de semi-minime. Nous avons conservé le même principe en faisant de la noire la moitié de la blanche.

3. Dans la notation proportionnelle du XVIe siècle, dont il est resté des traces jusqu'au XVIe siècle, on employait parfois simultanément notes noires ou notes évidées quelle que soit la valeur. En ce cas, on convenait que la note noire vaudrait les 2/3 de la note blanche correspondante (dénigration). De là, le mot « dénigrer » est passé dans le langage courant pour y signifier « présenter une personne ou un fait en lui ôtant une partie de sa valeur réelle ».

nome

Terme de musique grecque antique (signifiant « règle »), désignant des morceaux instrumentaux ou vocaux dont le caractère et les circonstances d'exécution étaient fixés par la tradition et ne devaient donc pas être modifiés.

Chaque nome portait un nom (nome pythique, nome orthien, etc.).

none (du lat., « neuvième »)

Le dernier des 4 offices, dits « petites heures », répartis primitivement tout au long de la journée (prime, tierce, sexte, none). Il correspondait à la 9e heure romaine (environ 15 h de l'horloge actuelle), d'où son nom (HEURES).