Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Cavendish (Michael)

Compositeur anglais (v. 1565 – Aldermanbury 1628).

Il appartenait à une grande famille, proche de la cour. Après John Dowland, le maître incontesté de l'ayre anglais pour voix et luth, Cavendish se classe parmi d'autres excellents musiciens qui illustrèrent le genre avec talent et surent habilement marier le texte poétique à la musique (Campion, Danyel, Rosseter, Pilkington, Ford). Il a laissé des madrigaux à 4 et 5 voix, riches en mélodie et proches du style balletto, gai et enlevé, cher à Th. Morley. En 1598, il publia à Londres un recueil d'ayres, Tabletorie to the Lute, qui contient également 8 madrigaux à 5 voix. D'autres compositions de Cavendish ont paru dans des publications collectives, celles de Th. East (Whole Booke of Psalmes, 1592), de Th. Morley (The Triumphs of Oriana, 1601) et encore de Th. Ravenscroft (The Whole Booke of Psalmes with the Hymnes Evangelicall and Songs Spirituall, 1621).

Cavos (Catterino)

Compositeur et chef d'orchestre italien (Venise 1776 – Saint-Pétersbourg 1840).

Fils du directeur du théâtre de la Fenice à Venise, Cavos remplit, dans ce haut lieu, les fonctions de chef de chant avant de diriger le théâtre de Padoue. Parti pour Saint-Pétersbourg à la tête d'une troupe italienne d'opéra (v. 1800), il devait y demeurer jusqu'à sa mort, exerçant une influence de plus en plus importante sur la vie musicale. Nommé chef d'orchestre du théâtre impérial en 1800, il en devint le régisseur en 1804, tout en étant professeur de chant au Collège de l'Ordre de Sainte-Catherine. Puis, chef attitré de l'orchestre de l'opéra russe (1806), il assuma, à partir de 1821, la direction générale de la musique. Il joua un rôle déterminant dans la diffusion d'œuvres alors jugées audacieuses : sous sa baguette furent créées, en Russie, le Freischütz (Weber), Fra Diavolo (Auber), Robert le Diable (Meyerbeer). Bien plus, alors même qu'il avait écrit un opéra sur l'épisode d'Ivan Soussanine (représenté en 1815), il dirigea et imposa l'œuvre de Glinka traitant le même sujet, la Vie pour le tsar (1836), avec une conviction et une chaleur révélatrices du regard qu'il portait sur la nouvelle musique russe. Il est vrai qu'il avait personnellement ressenti la nécessité de faire appel à des sujets historiques ou légendaires (outre Ivan Soussanine, Ilya Bogatyr, la Jeunesse d'Ivan III, le Cosaque versificateur) et même parfois à des thèmes musicaux populaires, sans toutefois pouvoir oublier ses origines italiennes.

Cazzati (Maurizio)

Compositeur italien (Guastalla, Reggio Emilia, v. 1620 – Mantoue 1677).

Il fut maître de chapelle et organiste à la chapelle Sant'Andrea de Mantoue, puis maître de chapelle du duc de Sabbioneta à Bozzolo (1646-1648), et occupa la même charge à l'Accademia della Morte à Ferrare (1640-1651) et à Santa Maria Maggiore à Bergame (1653). De 1657 à 1673, il résida à Bologne, où il s'affirma comme un membre important de l'école de cette ville, notamment dans le domaine de la musique instrumentale. Il occupa le poste de maître de chapelle à San Petronio où l'activité musicale était particulièrement intense, mais dut le quitter à la suite d'une violente dissension avec Arresti, l'organiste de l'église. De retour à Mantoue, il entra au service de la duchesse Anna Isabella de Gonzague et fonda une imprimerie musicale. Maurizio Cazzati a laissé nombre de messes, psaumes, lamentations et autres œuvres religieuses, de madrigaux, de cantates, d'oratorios dont la composition s'échelonna entre 1659 (Espressione in versi di alcuni fatti di S. Giuseppe) et 1669 (La Vittoria di S. Filippo Neri). Son œuvre instrumentale, également abondante, se compose de sonates et danses diverses.

Ceballos

Famille de musiciens espagnols.

 
Francisco ( ? – Burgos 1571). Maître de chapelle à Burgos de 1535 à sa mort, il a laissé 4 messes et 7 motets.

 
Rodrigo, frère du précédent (Aracena 1525 – Grenade 1581). Il fut maître de chapelle à Malaga (1554), Séville (1556), Cordoue (1556), puis de la chapelle royale de Grenade (1561). Important compositeur de musique religieuse et profane, représentatif du Siècle d'or, il est l'auteur de messes, motets, et pièces sacrées diverses, de villanelles, éditées dans le Cancionero des ducs de Medinaceli, et de madrigaux, édités par Esteban Daza dans El Parnaso (Valladolid, 1576).

Cebotari (Maria)

Soprano autrichienne d'origine russe (Kishinev, Bessarabie, 1910 – Vienne 1949).

Elle chanta successivement aux Opéras de Dresde (1931-1936), où elle créa le rôle d'Aminta dans la Femme silencieuse de Richard Strauss, de Berlin (1936-1944) et de Vienne (1944-1949). Elle créa à Salzbourg les rôles de Lucille dans la Mort de Danton, de Gottfried von Einem (1947), et de Iseut dans le Vin herbé, de Frank Martin (1948). Grande interprète de Mozart (la Comtesse, Suzanne, Zerline) et de Richard Strauss (Sophie, Ariane), elle alliait une technique vocale raffinée à un physique séduisant.

cédez (en ital. cedendo)

Terme indiquant un léger fléchissement du mouvement établi, ce dernier étant repris lors de l'indication au mouvement. Souvent employé par Debussy, cédez est synonyme de retenu (ritenuto).

célesta

Instrument à percussion inventé au XIXe siècle par le facteur Victor Mustel et perfectionné par son fils Auguste, qui en déposa le brevet en 1886.

Extérieurement semblable à un petit piano de 4 ou 5 octaves, il est pourvu d'un clavier qui agit sur des lames métalliques lestées d'une masselotte, par l'intermédiaire d'un mécanisme de marteaux et d'étouffoirs. D'un son court, mais pur et très cristallin, il a été employé à l'orchestre par de nombreux compositeurs.

Celibidache (Sergiu)

Chef d'orchestre et compositeur roumain (Iaşi 1912 – Paris 1996).

Son père, officier de cavalerie, le destinait aux plus hautes fonctions. Il montra très jeune des dons exceptionnels dans les domaines des mathématiques, de la philosophie et de la musique. Consacrant trop de temps à cette dernière matière au gré de son père, il fut chassé par ce dernier et connut alors à Bucarest des années difficiles. En 1939, il vint travailler en Allemagne, à Berlin, à la Hochschule für Musik avec Tiessen et à l'université avec Schering et Schünemann, et soutint successivement des thèses de doctorat en musicologie (Principes de développement et éléments formels dans la technique de composition de Josquin Des Prés), en philosophie et en mathématiques.

   En 1945, il se présenta au concours de recrutement de premier chef d'orchestre de la Radio de Berlin, et fut admis, alors qu'il n'avait jamais auparavant tenu une baguette de sa vie. La même année, il fut nommé directeur de la Philharmonie de Berlin et le demeura jusqu'en 1952. Par la suite, il mena une vie itinérante, donnant sur tous les continents des concerts et des cours de perfectionnement pour la direction d'orchestre. Il est depuis 1979 directeur musical de la Philharmonie de Munich.

   Artiste exigeant, doté d'une organisation de pensée et d'une mémoire musicale exceptionnelles, il domine un très vaste répertoire, allant de Mozart aux compositeurs modernes. Appartenant à la religion bouddhique, il refuse toute commercialisation de son art et, peu satisfait des techniques actuelles d'enregistrement, il a réalisé peu de disques. Aussi n'a-t-il jamais accédé à la popularité auprès d'un très grand public. Il est également compositeur (4 Symphonies, un Concerto pour piano, etc.) mais s'oppose à toute exécution publique de ses œuvres.