Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

cyclique (forme)

Terme inventé par Vincent d'Indy pour désigner un procédé de composition dont il attribue la découverte à Beethoven et la mise en œuvre à César Franck, et qu'il a contribué lui-même à généraliser.

Le principe du « cyclisme » est d'apparenter entre eux, au moyen d'un ou plusieurs éléments communs, plusieurs thèmes appartenant à des mouvements différents d'une même œuvre, thèmes qui n'en conservent pas moins leur personnalité en restant propres au mouvement auquel ils appartiennent. Dans chaque groupe, le thème exposé en premier est considéré comme un thème générateur ou thème cyclique. Dans la théorie de d'Indy, l'apparentement cyclique peut être poussé très loin : c'est ainsi qu'il considère le thème initial de la Sonate pour violon et piano de Franck comme générateur de celui du final, parce que tous deux commencent par une montée de deux notes suivies d'une descente de cinq notes.

   Bien qu'appliqué avec rigueur dans de nombreuses œuvres scholistes, notamment celles de d'Indy lui-même, le principe cyclique a été accueilli hors de cette école avec une certaine réserve. Il n'en répond pas moins à un phénomène extrêmement sensible dans toute la musique de la fin du XIXe siècle : recherche des apparentements de thèmes par dérivation les uns des autres.

cylindre

1. Dans les instruments à vent, tube à l'intérieur duquel se meut le piston. Autrefois, on appelait les instruments à vent, instruments à cylindre.

2. Dans les orgues mécaniques, pièce cylindrique en bois, sur la surface de laquelle sont implantées des petites pointes qui viennent soulever les touches, lorsque le cylindre est en mouvement.

3. Dans les enregistrements, les cylindres étaient destinés au phonographe d'Edison, c'est à cause de leur forme qu'on leur a donné ce nom. Ils étaient faits d'un composé à base de cire, gravés verticalement au lieu de l'être horizontalement, comme les disques modernes. On les a toujours gravés individuellement, malgré quelques perfectionnements qui n'ont jamais permis leur fabrication en série. Après avoir été détrôné par le disque de Berliner, le cylindre continua, néanmoins, d'être utilisé dans les dictaphones.

cymbala
ou cimballe

Instrument ancien à percussion, de la famille des « métaux ».

C'était un triangle traversé de plusieurs anneaux, dont le tintement s'ajoutait à celui de la tige.

cymbale

À l'orgue, jeu de mixture, composé en principe de trois tuyaux par note, faisant entendre les trois sons d'un accord parfait, haut dans l'aigu.

La cymbale classique élimine souvent la tierce au profit de doublures de quintes et d'octaves (jusqu'à quatre et cinq rangs). Au fur et à mesure que s'élève la fondamentale, des reprises sont nécessaires, les petits tuyaux atteignant la limite supérieure d'acuité auditive ; la cymbale se maintient ainsi dans l'ambitus de trois octaves. On l'utilise en composition dans le plénum ou le petit plein-jeu, où elle apporte lumière et légèreté.

cymbalum

Instrument à cordes frappées, dont le nom trahit des origines communes avec le tympanon (angl. Dulcimer).

Resté très populaire en Europe centrale et orientale, surtout en Hongrie, c'est, de nos jours, un instrument dont les cordes sont montées sur une caisse de forme trapézoïdale, sans couvercle ; l'exécutant frappe directement les cordes au moyen d'une paire de battes. L'étendue du cymbalum est de quatre octaves. Le poids et la dureté variables des battes, la possibilité d'attaquer la corde plus ou moins sèchement et de laisser la batte rebondir sur la corde, procurent au cymbalum des ressources expressives considérables.

Czerny (Karl)

Pianiste, pédagogue et compositeur autrichien (Vienne 1791-id. 1857).

Élève de son père et du violoniste Wenzel Krumpholz, puis de Beethoven (1800-1803), il jouait du piano à trois ans, composait à sept, et à dix, jouait de mémoire le répertoire le plus valable et le plus important. À quinze ans, il avait lui-même des disciples, et, plus tard, il donna des leçons à Liszt. Son catalogue de compositeur compte plus de 1 000 ouvrages : symphonies, concertos, musique de chambre, variations (dont celles pour piano et orchestre sur l'Hymne impérial de Haydn), 24 messes, 4 requiems, environ 300 graduels et offertoires, cela sans compter d'innombrables arrangements et transcriptions ­ reflets d'une époque de haute virtuosité pianistique. Tous ces ouvrages sont tombés dans l'oubli, mais sa production didactique, dont Die Schule der Gelaüfigkeit (« l'École de la virtuosité »), Die Schule des Virtuosen (« l'École du virtuose ») ou Die Kunst der Fingerfertigkeit (« l'Art de délier les doigts »), reste aujourd'hui encore à la base de tout enseignement pianistique.

Cziffra (Gyorgy)

Pianiste français d'origine hongroise (Budapest 1921 – Longpont-sur-Orge, Essonne, 1994).

Fils d'un musicien professionnel, Gyorgy Cziffra se produit en public dès l'âge de cinq ans et entre au conservatoire Franz-Liszt quatre ans plus tard, mais la guerre interrompt une carrière qui s'annonçait brillante. Rendu à la vie civile après quatre ans sous les drapeaux et un an de captivité, il en est réduit à jouer dans les cafés jusqu'en 1950. Politiquement suspect, il perd encore trois ans entre les prisons et les camps de concentration, et n'en remporte pas moins le prix Liszt en 1954. Lors des événements de 1956, il réussit à fuir la Hongrie avec sa femme et son fils (le futur chef d'orchestre), et se révèle au monde occidental, le 2 décembre, par un concert au Châtelet. Du jour au lendemain, c'est la gloire. Sa prodigieuse virtuosité, son extraordinaire tempérament romantique font de lui un incomparable interprète de Liszt et, plus discuté, de Chopin. Désormais fixé dans la région parisienne, l'artiste se fait également mécène. En 1966, il se charge de la restauration des orgues de la Chaise-Dieu et y fonde un festival annuel de musique. En 1968, année de la naturalisation, naît à Versailles, avec le concours de la municipalité, le concours international de piano qui porte son nom et dont le premier lauréat est Jean-Philippe Collard (1969). En 1973, il achète l'ancienne chapelle royale Saint-Frambert, à Senlis, la restaure et la transforme en auditorium.

   Enfin, la fondation Cziffra vient en aide aux jeunes artistes de toutes disciplines. Son fils György (Georges) Cziffra junior, chef d'orchestre (1942-1981), se produisit souvent avec lui.