Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Carpenter (John Alden)

Compositeur américain (Park Ridge, Illinois, 1876 – Chicago 1951).

Élève de Paine (comme la plupart des compositeurs américains de sa génération) et d'Elgar, il mena de front, comme Ives, la composition et une carrière d'homme d'affaires, subissant tour à tour l'influence allemande et l'influence française. Son Concertino pour piano et orchestre (1915, révisé en 1947) et son ballet Krazy Kat (1921) sont les premiers exemples d'utilisation du jazz dans la musique américaine. L'humour des Aventures in a Perambulator (créé à Chicago en mars 1915) incita Diaghilev à lui commander un ballet s'inspirant de la vie et de l'esprit des États-Unis (Skyscrapers, 1926). Ses dernières œuvres ­ 2 Symphonies (1re symphonie en do maj., 1917, révisée en 1940 ; 2e symphonie, 1942), les 7 Âges (1945), Carmel Concerto (1948) ­ témoignent d'une plus grande densité de pensée.

Carré (Albert)

Auteur dramatique, librettiste et homme de théâtre français (Strasbourg 1852 – Paris 1937).

Il dirigea l'Opéra-Comique de Paris à deux reprises, de 1898 à 1913, y faisant représenter Louise de Gustave Charpentier (1900) et Pelléas et Mélisande de Debussy (1902), puis de 1919 à 1925. Il fournit à Messager le livret de la Basoche (1890).

Carré (Michel)

Auteur dramatique et librettiste français (Paris 1819 – Argenteuil 1872).

Oncle d'Albert Carré, il travailla, seul ou en collaboration avec Jules Barbier, pour Meyerbeer (le Pardon de Ploërmel), Gounod (huit livrets dont ceux de Faust, Mireille et Roméo et Juliette), Ambroise Thomas (Hamlet, Mignon), et écrivit la pièce dont sortit le livret des Contes d'Hoffmann d'Offenbach.

Carreras (José)

Ténor espagnol (Barcelone 1946).

Il commence le piano et le chant dès l'âge de six ans. Encore enfant, il est remarqué dans le Retable de maître Pierre de Falla dirigé par José Iturbi. Il étudie ensuite au Conservatoire de Barcelone, et débute au Liceo de Barcelone dès 1971. Les encouragements de Montserrat Caballé lui valent ses premiers engagements internationaux. En 1973, il chante la Bohème et débute à Covent Garden en 1974 dans la Traviata. Il s'impose d'emblée dans tous les opéras de Verdi et de Puccini, et devient l'un des ténors les plus populaires du monde. En 1975, il chante à la fois au Metropolitan dans Tosca et à la Scala dans Un bal masqué. Dès 1976, Karajan le fait venir à Salzbourg pour Don Carlos. Il reprend cet opéra à la Scala la saison suivante, mais cette fois avec Abbado et une mise en scène de Strehler. Atteint d'une leucémie en 1978, il ne revient sur scène qu'à l'été de 1980. Depuis, il reconquiert tous les publics et aime faire redécouvrir des opéras peu connus, de Donizetti, Verdi et Halévy notamment.

Carrillo (Julián)

Compositeur mexicain (Ahualulco 1875 – Mexico 1965).

Il fit ses études à Mexico et, de 1899 à 1904, à Leipzig (composition, direction d'orchestre et violon) et à Gand (violon). Il se lia alors avec Romain Rolland, Saint-Saëns et Debussy. De 1906 à 1924, il joua un rôle important dans la vie musicale de son pays ­ fondation de l'orchestre et du quatuor Beethoven (1909), direction du Conservatoire national de Mexico (1913, puis 1920-1924) ­ et à New York. Après plusieurs partitions académiques, dont la symphonie no 1 en (1901) et la symphonie no 2 en ut (1908), et tout en explorant l'atonalité (4 quatuors à cordes atonaux, 1917-1920), il orienta ses recherches vers le dépassement du système tempéré traditionnel pour aboutir à un système fondé sur les micro-intervalles, et codifié par lui aux alentours de 1920. Il fut ainsi l'un des premiers à écrire des œuvres en quarts, tiers, huitièmes et seizièmes de ton : ainsi Preludio a Colón pour petit orchestre (1922), 3 Columbias pour orchestre (1926-1930), ou Fantasía Sonido 13 pour petit orchestre (1931). Horizontes (1950) est un prélude pour petit orchestre en quarts, huitièmes et seizièmes de ton, accompagné par un orchestre en demi-tons traditionnels, et Preludio 29 de Septiembre pour piano (1949) va jusqu'à utiliser les trentièmes de ton. Pour tous ces ouvrages, il fit naturellement construire les instruments ­ pianos, flûtes, clarinettes, harpes, etc. ­ appropriés, en particulier quinze pianos qu'on put voir à l'Exposition universelle de Bruxelles en 1958. Un de ses principaux champions, à partir de 1926, fut Leopold Stokowski, et son disciple le plus éminent, actuellement, est le Français Jean-Étienne Marie.

   Sa musique, extrêmement intéressante sur le plan sonore, n'en reste pas moins fidèle pour l'essentiel aux formes et à l'esthétique postromantiques, et ce avec de fortes résonances tonales (il divisa le ton en micro-intervalles, mais égaux entre eux). On lui doit également de nombreux écrits théoriques.

Carse (Adam)

Compositeur anglais (Newcastle-on-Tyne 1878 – Great Missenden, Buckinghamshire, 1958).

Élève de Corder à la Royal Academy of Music de Londres (1893-1902), avant d'y enseigner lui-même l'harmonie et le contrepoint (1908-1922), Adam Carse fut surtout collectionneur d'instruments et se spécialisa dans leur étude et dans leur histoire. Il publia notamment : Practical Hints on Orchestration : Harmony Exercises (1919), Musical Wind Instruments (1939), The Orchestra in the XVIIIth Century (1940), The Orchestra from Beethoven to Berlioz (1948). Sa collection personnelle d'instruments anciens fut léguée en 1947 au Horniman Museum de Forest Hill à Londres. Sa production musicale est surtout orchestrale : 2 symphonies (la 1re, 1906 ; la 2e créée en 1908, révisée pour le festival de Newcastle en 1909), The Death of Tintagiles (d'après Maeterlinck, 1902), prélude pour Manfred de Byron (1904), Ouverture de concert (1904), poème symphonique In a Balcony (1905). On lui doit aussi des mélodies et de la musique de chambre, ainsi que la cantate The Lay of the Brown Rosary (1901).

Carson (Philippe)

Compositeur français (Neuilly-sur-Seine 1936 – Paris 1972).

Membre du Groupe de recherches musicales de Paris, il y réalisa, avant d'être interrompu dans ses activités par la maladie, deux « classiques » de la musique concrète française des années 60 : Phonologie (1962) et Turmac (1962). Ces œuvres sont construites chacune sur un matériau sonore unique, d'origine vocale pour la première, industrielle (bruits de machines d'une usine de Hollande) pour la seconde, qu'elles tiennent la gageure de manipuler au minimum (uniquement par montage dans Turmac) et d'assembler avec la plus grande clarté. On doit aussi à Philippe Carson Collages pour ensemble instrumental et bandes, pièce qu'il réalisa dans le même esprit pour l'expérience du concert collectif du G. R. M. (1963).