Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

Haitink (Bernard)

Chef d'orchestre néerlandais (Amsterdam 1929).

Après des études de violon et de direction d'orchestre au conservatoire de sa ville natale, il débute en 1955 à l'Orchestre philharmonique de la radio néerlandaise, dont il devient chef principal deux ans plus tard. Codirecteur avec Eugen Jochum du Concertgebouw en 1961, deux ans après la mort d'Eduard van Beinum, directeur unique de cette illustre formation à partir de 1964, directeur musical du London Philharmonic Orchestra de 1967 à 1979, Bernard Haitink participe, dès 1972, au festival de Glyndebourne, dont il a assumé la responsabilité après le départ de John Pritchard en 1977. En 1986, il a quitté la direction de l'orchestre du Concertgebouw, où lui a succédé en 1988 Riccardo Chailly, et est devenu en 1987 directeur musical de Covent Garden à Londres.

Halbreich (Harry)

Musicologue belge (Berlin 1931).

Il a fait ses études à Genève avec Joseph Lauber et au conservatoire (1949-1952), puis à l'École normale de musique de Paris avec Arthur Honegger et Tony Aubin (1952-1955), et, enfin, au Conservatoire de Paris avec Norbert Dufourcq et Olivier Messiaen (1955-1958). Il est l'auteur de nombreux articles, en particulier dans la revue Harmonie (depuis son premier numéro en 1964), et a écrit, jusqu'à présent, cinq ouvrages principaux : Bohuslav Martinů (Zurich, 1968), Edgard Varèse (Paris, 1970, étude de l'œuvre en complément des entretiens du compositeur avec Georges Charbonnier), Olivier Messiaen (Paris, 1980), Claude Debussy (Paris, 1980, analyse de l'œuvre en complément de la traduction française de la biographie d'Edward Lockspeiser) et Arthur Honegger (1992). Harry Halbreich a également dressé un catalogue de l'œuvre de Bohuslav Martinů. Professeur d'analyse au conservatoire royal de Mons de 1971 à 1996, il a été directeur artistique du festival de Royan de 1973 à 1977, et a joué, à ce titre, sur le plan français et international, un rôle important dans la découverte d'une nouvelle génération de compositeurs (nés pour la plupart à partir de 1943).

Halévy (Jacques Fromental Lévy, dit)

Compositeur français (Paris 1799 – Nice 1862).

Élève de Berton et de Cherubini, grand prix de Rome, il compléta sa formation dans cette dernière ville, ainsi qu'à Vienne, tout en ayant débuté dès 1820 comme auteur d'opéras-comiques, de ballets, puis d'opéras. La Juive, qui fut créée à l'Opéra de Paris en 1835 par Cornélie Falcon, Levasseur et A. Nourrit ­ qui écrivit le texte de l'air fameux Rachel, quand du Seigneur ­, consacra une célébrité que devait lui ravir l'année suivante Meyerbeer avec les Huguenots. Il ne devait jamais retrouver un succès comparable à celui de la Juive, opéra remarquablement équilibré, orchestré, d'une harmonie soignée, et finement écrit pour le chant ; ses meilleures réussites furent, néanmoins, par la suite, l'Éclair (opéra-comique, 1835), puis Guido et Ginevra (1838), la Reine de Chypre (1841), Charles VI (1843), les Mousquetaires de la reine (1846) et le Val d'Andorre (1848). On doit également à Halévy, outre des hymnes religieux hébreux ou latins, de nombreux essais historiques ou musicologiques sur le Miserere d'Allegri, sur Lully, Gluck, Mozart, Berton, Cherubini, etc. Remarquable pédagogue, il enseigna l'harmonie dès 1827 au Conservatoire de Paris, puis le contrepoint et la composition, formant, entre autres, Gounod, Lecocq, Massé et Bizet ; ce dernier épousa sa fille Geneviève (1850-1926), mariée en secondes noces à Émile Strauss.

   Son neveu Ludovic (Paris 1834-id. 1908) fut secrétaire particulier du duc de Morny, devint un librettiste célèbre, et, en collaboration avec H. Crémieux et surtout avec H. Meilhac, écrivit à l'intention de Delibes, Lecocq, Gastinel, Bizet (Carmen) et d'Offenbach, dont il fut le principal pourvoyeur. Johann Strauss écrivit la Chauve-Souris d'après sa pièce le Réveillon, et Honegger lui devait encore en 1926 l'inspiration des Petites Cardinal.

Halffter

Famille de musiciens espagnols.

 
Rodolfo, compositeur (Madrid 1900 – Mexico 1987). Largement autodidacte, il reçut cependant des conseils de De Falla, et fut membre du groupe des Huit, constitué à Madrid en 1930. Après un séjour à Paris, il émigra en 1939 au Mexique, dont il devint citoyen, et où il joua un rôle actif comme compositeur, professeur et éditeur. Il usa de techniques sérielles à partir de 1953, mais son œuvre n'en reste pas moins dans la tradition de De Falla. Citons les ballets Don Lindo de Almería (1935) et La Madrugada del panadero (1940), un Concerto pour violon (1940), Tripartita (1959) et Differencias (1970) pour orchestre, Homenaje a Antonio Machado pour piano (1944).

 
Ernesto, compositeur et chef d'orchestre, frère du précédent (Madrid 1905 – id. 1989). Il devint l'élève de De Falla, dont les dernières œuvres influencèrent sa production de jeunesse, en particulier sa Sinfonietta (1925). Il fut influencé également par Stravinski, Ravel et le groupe des Six (Rapsodía portuguesa pour piano et orchestre, 1940). À la demande des héritiers de De Falla, il travailla de 1954 à 1960 à l'achèvement d'Atlantida (« l'Atlantide »), cantate scénique que ce dernier n'avait pu, et de loin, terminer, et dont la création eut lieu, après de nouvelles révisions, en 1976. Ce travail fut, en quelque sorte, le point de départ d'œuvres telles que le Canticum in memoriam P. P. Johannem XXIII (1964) ou Gozos de nuestra Señora (1970).

 
Cristobal, compositeur et chef d'orchestre, neveu des deux précédents (Madrid 1930). Il a étudié avec Conrado del Campo au conservatoire de Madrid (1947-1951), puis en privé avec Alexandre Tansman. Il a ensuite travaillé à la radio espagnole et suivi des cours de direction d'orchestre. Scherzo pour orchestre lui valut, en 1951, un prix de composition ; son Concerto pour piano, en 1953, le prix national de la musique. En 1959, la Sonate pour violon solo, œuvre clé pour son évolution, marqua ses débuts de compositeur sériel. Il obtint en 1962 la chaire de composition et de formes musicales au conservatoire de Madrid, établissement qu'il devait diriger de 1964 à 1966. À partir du milieu des années 60, grâce notamment à des œuvres comme Lineas y puntos pour 20 instruments à vent et dispositif électroacoustique (1966-67) ou Anillos pour orchestre (1967-68), il fut reconnu comme un des principaux représentants de l'avant-garde internationale, et, en 1968, il écrivit pour l'O. N. U. la cantate Yes, speak out, yes sur un texte de Norman Corwin. Lui-même se définit comme ayant un sens mystique très fort : Noche pasiva del sentido pour soprano, 2 percussionnistes et 4 magnétophones (1969-70) tire son inspiration de saint Jean de la Croix.

   Ancré dans la tradition polyphonique espagnole, préoccupé par les problèmes fondamentaux de l'existence, en particulier par celui de la mort, il n'a pas craint de les évoquer dans Planto por las víctimas de la violencia pour ensemble de chambre et dispositif électroacoustique (1970-71), dans Requiem por la Libertad imaginada pour grand orchestre (1971), dans Gaudium et spes pour chœur et bande magnétique (1973-74), dans Elegías a la Muerte de tres poetas españoles (1974-75), dans son Officium defunctorum pour chœur et orchestre (1977, créé aux Invalides à Paris, 1979).

   On lui doit encore trois quatuors à cordes, datés respectivement de 1955, 1970 (Cuarteto II, Memoria 1970) et 1977, Pinturas negras pour orchestre et orgue concertant (1972), Noche activa del espíritu pour 2 pianos et dispositif électroacoustique (1972-73), un concerto pour violoncelle (1974) et un pour violon (1980), Mizar I pour 2 flûtes et orchestre (1977) et II pour 2 flûtes et dispositif électroacoustique (1980), Tiento pour orchestre (1980), Fantasia pour cordes (1981), Ricercare para organo pour orgue (1981), Fantasia über einen Klang von Händel (1982), Fantasia ricercata pour orgue et orchestre (Vienne, 1983), Versus pour orchestre (1983), Parafrasis pour orchestre (1984), un 2e concerto pour violoncelle (1985), un double concerto pour violon et alto (créé en 1986), Corales Liturgicos pour chœur et orchestre (1990).