Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Samazeuilh (Gustave)

Compositeur et musicographe français (Bordeaux 1877 – Paris 1967).

Tout jeune, il se rendit à Bayreuth et en devint un assidu, se liant avec la famille de Wagner. Il travailla la musique avec Chausson et Dukas avant d'entrer à la Schola cantorum en 1900, où il fut six années durant l'élève de Vincent d'Indy. Pianiste de talent, c'est cependant dans la critique musicale qu'il se fit un nom. Il fut le familier, voire le confident, de nombreux grands compositeurs de son temps : Fauré, Ravel, Roussel, et surtout Richard Strauss, dont il était l'ami. Il défendit leurs œuvres avec acharnement et consacra la majeure partie de son temps à la musique des autres.

   Ce fut cependant un compositeur de qualité : le Sommeil de Canope pour voix et orchestre (1906), le Chant de la mer pour piano (1920), Naïades au soir pour orchestre (1928). Dans ses œuvres, il s'inspira toujours de Debussy, mais défendit en même temps une esthétique diamétralement opposée à celle de Debussy. Il a rédigé de remarquables études sur ses deux premiers maîtres, Dukas (1913) et Chausson (1941).

Samber (Johann Baptist)

Organiste et théoricien autrichien (Salzbourg 1654 – id. 1717).

Ses trois traités (Manuductio ad organum, 1704 ; Continuatio ad manuductionem organicam, 1707 ; Elucidatio musicae choralis, 1710) sont essentiels pour la connaissance de la pratique musicale en Allemagne du Sud et en Autriche à la fin du baroque, et il fut certainement, en Autriche, le théoricien le plus important avant Fux.

Sammartini

Famille de musiciens italiens.

 
Giuseppe, hautboïste et compositeur (Milan 1695 – Londres 1750). Il étudia sans doute le hautbois avec son père, un Français nommé Alexis Saint-Martin, et en 1728, probablement, quitta l'Italie pour Londres, où il passa le reste de sa vie, jouant notamment dans l'orchestre de Haendel.

   Il composa surtout de la musique instrumentale (sonates, concertos) dont la plus grande partie ne fut publiée qu'après sa mort.

 
Giovanni Battista, compositeur, (Milan 1700 ou 1701 – id. 1775). Frère du précédent, il fit toute sa carrière à Milan, y dirigeant la musique d'au moins onze églises différentes. De 1737 à 1741, probablement, il fut le maître de Gluck, qui utilisa des mouvements de ses symphonies pour ses opéras Le Nozze d'Ercole et d'Ebe (1747) et La Conteza dei numi (1749), et, lors de leurs passages à Milan, il aida et apprécia Jean Chrétien Bach, Boccherini et le jeune Mozart. Il composa des cantates, de la musique religieuse et trois opéras de jeunesse, Menet (Lodi, 1732), L'Ambizione superata dalla virtù (Milan, 1734) et L'Agrippina, moglie di Tiberio (Milan, 1743), mais l'essentiel de sa production relève du domaine instrumental. Comme symphoniste, il fut un des compositeurs les plus inventifs de la période préclassique, et sa renommée fut plus grande en Autriche ou à Paris que dans son pays natal.

   Son style nerveux et incisif et ses libertés dans le traitement de la forme sonate le rapprochent beaucoup du jeune Haydn, bien que celui-ci ait plus tard nié avoir été influencé par le musicien milanais. Des symphonies de Sammartini, dont 68 ont survécu, il est difficile de tracer une chronologie exacte. Celles en trois mouvements et pour cordes seules, proches de Vivaldi, comptent parmi les plus anciennes. Plus tard s'ajoutèrent des hautbois et des cors, tandis que l'élément purement mélodique prenait une importance accrue. On lui doit aussi des concertos et plus de deux cents œuvres de musique de chambre. Beaucoup d'œuvres douteuses ou apocryphes ont circulé sous son nom.

Samson (Joseph)

Chef de chœur, compositeur et musicologue français (Bagneaux-sur-Loing 1888 – Dijon 1957).

Fils d'un organiste, il acquiert dès l'enfance la pratique et le goût de la musique sacrée. Élève de Gédalge, Widor, Maurice Emmanuel, Vincent d'Indy et Koechlin, il débute comme maître de chapelle de la cathédrale de Versailles en 1910. En 1930, il succède à Mgr Moissenet à la direction de la célèbre maîtrise d'enfants de la cathédrale Saint-Bénigne à Dijon et consacre sa vie au chœur, faisant revivre les chefs-d'œuvre des XIVe, XVe et XVIe siècles, composant des messes, des motets et des psaumes dans un esprit qui le rattache aux maîtres anciens, concevant admirablement les rapports de l'architecture et de la musique, et condensant ses réflexions dans des livres d'une haute portée artistique et spirituelle.

Œuvres principales : 14 Messes de 2 à 6 voix, avec orgue ou a cappella. Des Motets, des Hymnes, des Psaumes.

Écrits : À l'ombre de la cathédrale enchantée (Paris, 1928) ; Palestrina ou la Poésie de l'exactitude (Genève, 1939) ; Grammaire du chant choral (Genève, 1947) ; Paul Claudel ou le Poète musicien (Genève, 1947) ; Musique et Vie intérieure (1951) ; la Polyphonie sacrée en France des origines à nos jours (Schola cantorum, 1953) ; Musique et Chants sacrés (1957).

San Carlo (théâtre de) (Teatro di San Carlo)

Principal théâtre d'opéra napolitain depuis plus de deux siècles et demi. Sa construction fut décidée par le roi bourbon Charles VII de Naples et de Sicile, devenu en 1759 Charles III d'Espagne, et il fut inauguré le 4 novembre 1737 (jour de la Saint-Charles) avec Achille in Sciro de Domenico Sarro, sur un livret de Métastase : il était alors le plus grand et le plus splendide théâtre d'Europe. Il fut agrandi en 1777 et en 1812, et brûla en 1816. Le nouveau bâtiment fut inauguré en 1817, en présence de Stendhal, avec Il Sogno di Partenope de Mayr. Endommagé par un bombardement en 1943, il demeure l'un des plus beaux du monde. Avant d'être supplanté par la Scala au milieu du XIXe siècle, le San Carlo fut le point de mire de la vie lyrique italienne. Il détient toujours le record absolu des créations mondiales (plus de 450), avec notamment celles de deux des trois opéras composés en Italie par Johann Christian Bach, Catone in Utica (4 novembre 1761) et Alessandro nell'Indie (20 janvier 1762, jour non de la fête mais de l'anniversaire de Charles III d'Espagne), de neuf ouvrages de Rossini, de Elisabetta regina d'Inghileterra (1815) à Zelmira (1822), de dix-sept de Donizetti, parmi lesquels Lucia di Lamermoor (1835) et Roberto Devereux (1837), et d'autres de Bellini, Mercadante, Pacini, Verdi (Luisa Miller en 1849). Après 1945, le San Carlo a assuré les premières italiennes de Judith de Honegger, Neues vom Tage de Hindemith, Boulevard Solitude de Henze, le Joueur, Fiançailles au couvent et Guerre et paix de Prokofiev, Lady Macbeth de Mtzensk de Chostakovitch.