Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

Grillo (Fernando)

Compositeur et contrebassiste italien (Foggia 1945).

Il a obtenu son diplôme de contrebassiste à Pérouse en 1970, et fréquenté les cours de Darmstadt en 1974. Il a créé pour son instrument de nouvelles techniques, proposant notamment une synthèse originale entre l'élément gestuel et le son, et de nombreux compositeurs ont écrit à son intention. Pour contrebasse seule, il a composé lui-même, entre autres, To Ark (1972), Paperoles (1973-1975), Gstüss (1975-76) et Ta kai ta (1976).

Grimm (Melchior, baron de)

Écrivain allemand (Ratisbonne 1723 – Gotha 1807).

Il vécut à Paris à partir de 1749, où il se lia avec les milieux littéraires et mondains. Il connut Diderot, d'Alembert, Rousseau, Helvetius, Marmontel et collabora à l'Encyclopédie, pour laquelle il écrivit l'article sur la poésie lyrique, ainsi qu'au Mercure de France (1750-1751).

   Critique et chroniqueur réputé, il joua un rôle important dans le mouvement des idées en s'engageant dans les polémiques et les querelles de son époque. Ses jugements sur la vie musicale et ses théories visant à encourager la recherche d'un style nouveau en musique apparaissent dans sa Correspondance littéraire, philosophique et critique, qu'il rédigea entre 1753 et 1773, et dont la publication, entreprise après sa mort, en 1812-1814, fut achevée en 1882. La position qu'il adopta tout d'abord à l'égard de la musique française dans la Lettre sur Omphale (1752) reflète celle de beaucoup de ses contemporains. Impressionné par l'impulsion nouvelle que semblait pouvoir apporter la musique italienne, il loua celle-ci même lorsqu'il se proposait principalement de défendre la musique de Rameau contre celle de Destouches. Cette brochure figurait néanmoins en bonne place parmi les derniers avatars de la querelle du ramisme.

   Dans la « Querelle des bouffons » qui se déclara quelque six mois plus tard, il adopta sans équivoque le parti de la musique italienne, comme ses confrères philosophes et encyclopédistes, en publiant en 1753 le Petit Prophète de Boehmischbroda Cette polémique, dont la violence fit, selon Grimm, passer au second plan les problèmes politiques du moment, opposa à l'Opéra le « coin du Roi » ­ qui rassemblait les défenseurs de la musique française ­ au « coin de la Reine », réunissant les partisans de la musique italienne, et pouvait être mise en relation avec une contestation plus large de l'idéologie professée par l'Ancien Régime. Le Petit Prophète de Boehmischbroda (qui semblait bien être une allusion à Stamitz) se plaçait ainsi parmi les écrits progressistes de cette période et fut, en tout cas, l'un des plus célèbres de ceux que provoqua cette querelle. À partir de ce moment, la défense de la musique française, ou même seulement celle de Rameau, fut dépassée pour Grimm qui adopta définitivement le parti de la musique italienne.

   Personnalité prestigieuse, Grimm fut sollicité avec insistance par Leopold Mozart qui lui demanda d'appuyer les débuts parisiens de Wolfgang Amadeus. Il présenta, en effet, celui-ci à la cour de Louis XVI mais, un peu plus tard, il ne fut pas étranger à son départ de Paris en 1778. Anobli par l'empereur Joseph II en 1777, il quitta Paris en 1793 et se retira à Gotha où il finit ses jours.

Grippe (Ragnar)

Compositeur suédois (Stockholm 1951).

Après un stage au Groupe de recherches musicales de Paris et quelques années d'apprentissage et de création dans le studio A.L.M. de Luc Ferrari, il se fait connaître en Europe par ses musiques électroacoustiques pour le ballet, où son sens du son qui « porte » et du dynamisme musical fait merveille. Mais il y gaspille peut-être aussi son talent en « marathons » (titre d'une de ses œuvres), dont le principe de répétition cyclique est devenu passe-partout. Certaines œuvres, comme Were are they (1977) composée au studio d'Utrecht, ajoutent à cet abattage de bon faiseur les qualités d'un musicien sensible.

Grisey (Gérard)

Compositeur français (Belfort 1946 – Paris 1998).

Il a fait ses études en Allemagne au conservatoire de Trossingen (composition avec Helmut Degen), puis au Conservatoire de Paris, où il a obtenu un premier prix d'harmonie (1967), et a été élève d'Olivier Messiaen (1968-1972). G. Grisey a aussi étudié avec Henri Dutilleux (1968), Jean-Étienne Marie (l'électroacoustique), et, à Darmstadt, avec Stockhausen, Ligeti et Xenakis (1972). Il a été lauréat de la Fondation de la vocation (1970), premier prix de la Biennale internationale de Paris (1971), prix Hervé-Dugardin de la S. A. C. E. M. (1973), boursier de la villa Médicis à Rome (1972-1974) et invité à Berlin par le DAAD (1980). Il a enseigné à Berkeley de 1982 à 1986, et est devenu en 1986 professeur de composition au Conservatoire de Paris. Travaillant sur des données acoustiques et sur une matière première non tempérée, il s'intéresse particulièrement aux « processus de transformation d'un son en un autre son, d'un ensemble de sons en un autre ensemble », et à la spatialisation de la musique. Il a écrit notamment Échanges pour piano préparé et contrebasse (1968 ; création à Paris, 1969), Mégalithes pour quinze cuivres (1969), Charme pour clarinette seule (1969), Perichoresis pour trois groupes instrumentaux (1969-70), Vagues, Chemins, le Souffle pour grand orchestre et clarinette solo, où l'orchestre entoure le public (1970-1972 ; création à Paris, 1975), D'eau et de pierre pour deux groupes instrumentaux (1972), Dérives pour deux groupes d'orchestre (1973-74), Périodes pour sept musiciens (1974), Partiels pour seize ou dix-huit musiciens (1975 ; création à Paris, 1976), Prologue pour alto seul avec ou sans dispositif de résonateurs électroniques (création à Paris, 1978), Manifestations pour orchestre de débutants (1976 ; création à Paris, 1978), Modulations pour 33 musiciens (1977), Sortie vers la lumière du jour pour orgue électrique et 14 musiciens (1978), Jour, contre-jour pour orgue électrique, 13 musiciens et bande magnétique (1978-79), Tempus ex machina I pour six percussionnistes (1979), et Transitoires pour grand orchestre (1980-81). À noter que Prologue, Périodes, Partiels, Modulations et Transitoires constituent un cycle de pièces intitulé les Espaces acoustiques et peuvent s'enchaîner sans interruption, chaque pièce élargissant le champ acoustique de la précédente (cycle créé à Venise en 1981). En 1987 a été créé Talea pour 5 musiciens. Ont suivi le Temps et l'écume pour 4 percussionnistes, 2 synthétiseurs et orchestre de chambre (1988-1989), le Noir de l'étoile pour 6 percussions, bande et signaux astronomiques retransmis (1989-1990), l'Icône paradoxale sur des textes de Piero della Francesca pour deux voix de femme et orchestre (1991).