Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
P

Paz (Juan Carlos)

Compositeur argentin (Buenos Aires 1901 – id. 1972).

Il fit ses études en autodidacte, puis travailla à Buenos Aires avec Roberto Nery, Jules Beyer et Constantino Gaito. Il fut membre fondateur du groupe Renovación musical (1929) et fondateur des Conciertos de la nueva musica (1937), organismes destinés à assurer une plus grande diffusion à la musique contemporaine et dodécaphonique en Argentine. Professeur, musicologue et critique, il a été l'un des animateurs les plus efficaces de l'activité musicale dans son pays. Son évolution de compositeur l'a conduit du néoclassicisme (style harmonique tonal, chromatique) à la polytonalité, puis au dodécaphonisme et, après 1955, à une investigation personnelle de nouveaux moyens d'expression (formes ouvertes). Il a écrit des œuvres pour orchestre (concertos et poèmes symphoniques), pour piano (Inventions), et des compositions dodécaphoniques pour différentes combinaisons instrumentales. Il est également l'auteur de plusieurs ouvrages ­ Schönberg et la Fin de l'ère tonale, la Musique aux États-Unis, Introduction à la musique de notre temps ­ et de plus de 200 essais sur la musique contemporaine.

Pears (Peter)

Ténor anglais (Farnham 1910 – Aldeburgh 1986).

Après avoir chanté dans les chœurs de la BBC, il débuta à Londres en 1942, dans le rôle d'Hoffmann. Après avoir chanté Mozart et le répertoire italien, il fut plus particulièrement associé, à partir de 1945, à la musique de Benjamin Britten, dont il créa la plupart des œuvres lyriques, tant au théâtre (Peter Grimes) qu'au concert. Si les moyens vocaux de Peter Pears n'étaient pas exceptionnels, il était un musicien remarquable, un styliste parfait (d'où son triomphe comme évangéliste dans les Passions de Bach) et un acteur doué d'une personnalité certaine.

pédale

1. Levier existant sur certains instruments et qui s'actionne avec le pied, permettant d'accomplir certaines opérations sans interrompre le jeu avec les mains. Sur l'orgue, la pédale peut servir à faire sonner des tuyaux graves (c'est le pédalier, qui est un clavier de pédales plus ou moins fourni) et aussi à opérer certains changements de registration (accouplement, par exemple). Sur le piano, elle sert à agir sur le timbre et la résonance (pédale « forte » qui éloigne les étouffoirs des cordes, et ainsi prolonge la résonance et augmente l'intensité ; pédale « douce », ou « sourdine », qui déplace le marteau par rapport à la corde ­ ou inversement ­ pour ne lui faire frapper qu'une ou deux cordes, d'où atténuation du timbre et de la résonance ; une troisième pédale, dite « tonale » ou « de prolongation », équipe certains grands pianos, servant à prolonger certains sons et non les autres). Sur la harpe moderne, plusieurs pédales permettent de faire les altérations chromatiques en modifiant la tension des cordes. Sur de grands clavecins de fabrication moderne, la pédale sert à enclencher des registres. Les instruments électrifiés ou électroniques comportent souvent des pédales permettant de modifier le timbre d'une manière continue (pédale « wah-wah » sur les guitares électriques). Les timbales modernes en ont pour établir ou faire varier l'accord, etc.

2. Dans le vocabulaire de l'harmonie, la pédale est une note tenue longuement à l'une des parties, cependant que les autres parties continuent d'évoluer, produisant des accords qui peuvent créer avec elle des dissonances assez dures, ou bien au contraire l'intégrer à leur harmonie globale. Ce procédé est issu des instruments tels que la cornemuse ou la vielle à roue, qui émettent un « bourdon » sur les notes de tonique et de dominante. Mais son nom lui vient de l'orgue, car c'est une touche de pédalier qui servait sur cet instrument à tenir des notes à la basse. La pédale est en effet couramment une note de basse, sur la tonique ou la dominante du ton, servant à l'affirmer ou à le réintroduire. Ainsi, la musique classique utilise couramment des pédales de dominante aux moments « stratégiques » de certaines formes, pour préparer notamment la rentrée du ton principal (fin d'une fugue, fin du développement, dans une forme sonate, avant la réexposition)… Dans les genres lyriques et scéniques, la pédale est souvent utilisée pour son effet dramatique de « suspension du temps » (pédales de basse dans le début du récit de Wotan à Brünnhilde, au deuxième acte de la Walkyrie). Par extension, Olivier Messiaen a appliqué le terme à la répétition textuelle et systématique d'une brève formule mélodique, rythmique, ou harmonique (ce que l'on nomme aussi parfois « ostinato »), procédé qu'il a employé assez souvent dans ses œuvres (Quatuor pour la fin du temps).

pédalier

Clavier d'orgue dont les touches sont actionnées par les pieds de l'exécutant.

La forme, l'étendue et les ressources du pédalier ont beaucoup évolué. D'abord constitué de quelques « marches » venant au secours des claviers manuels pour les notes les plus graves, il connut, aux XVIIe et XVIIIe siècles, deux types de réalisation : le pédalier « à la française » (celui de Couperin et de Grigny), plancher d'où font saillie les chevilles correspondant aux notes, et le pédalier « à l'allemande » (celui de Buxtehude et de Bach), série de lames de bois rangées comme les touches du clavier. Permettant une virtuosité bien plus grande que celui à la française, le pédalier à l'allemande survécut seul au XIXe siècle. Perfectionné par le relèvement de ses touches extrêmes et parfois une disposition en éventail, il compte aujourd' hui 32 notes (ut-sol) correspondant à la partie grave des claviers manuels. Initialement accouplé aux claviers par une tirasse, le pédalier a acquis progressivement sa personnalité de plan sonore indépendant auquel sont confiées les parties de basse et certaines voix de ténor. C'est donc au pédalier que sont placés les jeux les plus graves de l'orgue, qui servent de soutènement à la polyphonie instrumentale.

   Le jeu du pédalier fait appel à la pointe et au talon de chacun des deux pieds, ce qui permet d'exécuter des traits rapides et de lier ou de détacher les notes dans un phrasé comparable à celui des doigts aux claviers manuels. Depuis Bach, qui en jouait en virtuose, le pédalier se voit confier des parties musicales autonomes et indépendantes ­ voix de fugue ou de sonate en trio, mélodie de choral ­ au même titre qu'une main sur un clavier.

   Des pédaliers en tirasse ont été adaptés sur d'autres instruments que l'orgue, tels le clavecin, l'harmonium ou le piano, principalement en vue de l'étude de l'orgue. On utilise un pédalier dans les carillons.