Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Bergmüller (Johann Georg)

Peintre allemand, (Turkheim 1688  – Augsbourg 1762).

De 1702 à 1708, il reçoit sa formation chez Andreas Wolff à Munich. En 1708-09, il travaillera à la cour de Düsseldorf. En 1711, le duc Maximilien-Philippe de Bavière l'enverra faire un voyage d'étude aux Pays-Bas. Il fréquente l'atelier de C. Maratta, à Rome, avant de s'établir à Augsbourg en 1712. En 1730, il devient directeur de l'Académie de cette ville et, plus tard, il sera au service de l'évêque. Il peint à cette époque des compositions rigoureusement agencées dans une gamme de coloris brun ocre (Conversion de saint Augustin, musée d'Augsbourg, coll. Röhrer). Si son coloris devient plus lumineux, en accord avec le style rococo, on retrouve dans la fresque de l'église de Diessen (Histoire de la fondation de l'abbaye, 1742) l'ordonnance calme et claire qui le distingue de ses contemporains, plus fougueux. Certaines de ses compositions sont dérivées de celles de Sebastiano Ricci (Bethsabée, Augsbourg, Staatsgalerie), que l'artiste connaissait sûrement grâce à la gravure. Les architectures strictes qui servent de cadre à ses personnages contrastent nettement avec le décor chantourné de l'architecture contemporaine. Ses principales œuvres sont les fresques pour l'église de la Madeleine à Augsbourg (1723-24), l'église abbatiale d'Ochsenhausen (esquisses au château d'Ellwagen, 1727) et Sainte-Marie de Diessen (1736). Les Scènes de la vie de la Vierge pour la cathédrale d'Augsbourg (1721, détruites) ont été gravées par Sperling. Bergmüller fut le peintre le plus important d'Augsbourg entre Baroque et Rococo et fut le maître de Holzer, de J. G. Wolker et de G. B. Götz. Il a laissé deux ouvrages théoriques : l'Anthropometria (1723), sur les proportions du corps, et un " traité " (1752), qu'il a lui-même illustrés de gravures sur cuivre.

Bergognone (Ambrogio da Fossano, dit)
ou Ambrogio da Fossano, dit Borgognone

Peintre italien documenté à Milan 1481-1522.

Dans ses premières œuvres, telles que la Pietà (La Gazzada, villa Cagnola) et la Déposition (musée de Budapest), certainement commencées v. 1480, Bergognone, bien qu'influencé par Foppa, apparaît intimement lié au goût flamand de la lumière et de la couleur que lui transmit peut-être le mystérieux Zanetto Bugatto, élève de Rogier Van der Weyden, ou qu'il emprunta à l'art ligure. Les grands retables représentant la Madone et l'Enfant avec des saints (Milan, Ambrosiana, provenant de l'église S. Pietro in Ciel d'Oro à Pavie ; Arona, collégiale), qu'il exécuta entre 1480 et 1490, tout en suivant le plan de composition innové par Giovanni Bellini, se réfèrent plus directement à Foppa, mais avec une raideur d'icône et un emploi fastueux des ors qui alourdiront toujours un peu les grandes œuvres " officielles " de Bergognone. De 1488 à 1494 date la première phase de ses travaux à la chartreuse de Pavie, qui fut aussi la plus fructueuse. On sait par les documents que Bergognone y exécuta 9 retables au moins, dont 7 subsistent : 4 sont encore en place, 1 se trouve à la N. G. de Londres (la Madone et l'Enfant avec les deux saintes Catherine) et 1 au musée de Pavie. Les fragments d'un 7e retable sont conservés à la chartreuse de Pavie et à Milan (coll. part.). La Crucifixion (1490, chartreuse de Pavie) et le Christ portant sa croix (musée de Pavie) sont les chefs-d'œuvre de cette série. La rigidité de l'agencement figuratif est compensée et, pour ainsi dire, effacée par la sensibilité et la vérité de la lumière jouant sur les étonnants fonds naturels, qui constituent le meilleur de l'art de Bergognone. Ce même lyrisme, cette même délicatesse argentée dans le jeu des couleurs, dans lequel persiste le goût flamand, sont exaltés dans les œuvres mineures que l'on peut rattacher à cette série : prédelles avec les Scènes de la vie de saint Ambroise (Turin, Gal. Sabauda ; Bergame, Accad. Carrara ; musée de Bâle) et avec les Scènes de la vie de saint Benoît (musée de Nantes et Milan, Castello Sforzesco) ainsi que les célèbres Madones à l'Enfant, peintes dans l'atmosphère de paysages réalistes, typiquement lombards (Madone allaitant, Bergame, Accad. Carrara ; Madone au chartreux, Brera). Bergognone décora également de fresques le transept de l'église de la chartreuse.

   Dans la période suivante (Christ portant sa croix, 1501, Londres, N. G. ; le Couronnement de la Vierge, fresque, v. 1508, Milan, voûte de l'abside de S. Simpliciano), il chercha à renforcer plastiquement les formes en accentuant le clair-obscur sous l'influence de Léonard de Vinci. Il faut insérer dans cette période faste de la peinture de Bergognone la Déploration du Christ avec saint Jean-Baptiste du Petit Palais à Avignon. Dans les 4 " pale " des Scènes de la vie de Marie, à l'église de l'Incoronata de Lodi (entre 1500 et 1510), il tenta d'unir des personnages inspirés de Vinci, mais alourdis de fastueux décors architectoniques dans le style de Bramante, à ses échappées vers le paysage, qui restent admirables bien que, désormais, incohérentes. Le polyptyque de S. Spirito (Bergame, 1508), les Saints Roch et Sébastien (Milan, coll. part.) et les fresques de la sacristie de S. Maria della Passione à Milan reflètent encore une réelle qualité artistique, tandis que le Couronnement de la Vierge (1522, Brera) marque une incontestable décadence. L'art de Bergognone n'est pas sans postérité : ses paysages, comme l'a souligné Longhi, préludent au " goût de la réalité " que montrèrent les Brescians du XVIe s., tandis que la douceur piétiste de ses sujets religieux marque l'œuvre de certains Lombards influencés par Vinci, celle de Luini et même encore celle des maniéristes de la fin du XVIe s.

Berjon (Antoine)

Peintre français (Lyon 1754  – id. 1843).

Le premier métier de Berjon — dessinateur de soierie — transparaît dans ses peintures et ses dessins de fleurs (il fut professeur de la classe de fleurs à l'École des beaux-arts de Lyon de 1810 à 1823) ainsi que dans ses natures mortes, d'une pâte lisse aux couleurs claires, à la luminosité uniforme. Pastelliste et aquarelliste, Berjon fut aussi recherché par la société lyonnaise pour ses portraits, le plus souvent dessinés. Il exposa au Salon à Paris à plusieurs reprises entre 1791 et 1842. Il est représenté par un bel ensemble de natures mortes (Coquillages et madrépores) et des pastels au musée de Lyon ainsi qu'au musée des Tissus de la ville par des albums contenant des projets pour des tissus. Ses œuvres figurent également dans les musées de Bagnères-de-Bigorre, de Montpellier et de Saint-Étienne ainsi qu'au Louvre (Bouquet de lis et de roses dans une corbeille posée sur une chiffonnière, 1814).