Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Beich (Joachim Franz)

Peintre allemand (Ravensburg 1665  – Munich 1748).

Fils du géomètre Daniel Beich, qui s'établit en 1674 à Munich, il fut peut-être l'élève d'un artiste itinérant du nom de Wilhelm Beich. Un voyage en Italie le mena probablement à Rome, à Naples et à Livourne. Son art se distingue par son intérêt pour le paysage, sensible jusque dans ses tableaux de batailles. De petites scènes sont introduites au premier plan de ses vues, influencées par le paysage italien, notamment celui de Dughet et celui de Rosa : Forêt avec chasseurs et Adoration des bergers (musée de Karlsruhe). Ce sont les paysages de ses débuts qui, comme ceux de Christoph Ludwig Agricola, sont encore dans le goût baroque. Vers 1700, il peindra des paysages d'une inspiration différente, à mi-chemin du Romantisme (Paysage de rochers avec un torrent, Stuttgart, Staatsgalerie), qui seront très appréciés par Roger de Piles. Il deviendra le premier paysagiste munichois du Baroque tardif. Son seul rival fut Heinrich Waterschoot. Beich est plus connu par sa production officielle à la Cour bavaroise, où son rôle rappelle celui de Van der Meulen à la cour de Louis XIV. Pour le château de Schleissheim, il peint en 1702-1704 11 grandes toiles commémorant la guerre contre les Turcs, à laquelle participa le prince électeur Max Emmanuel.

   Une série de 16 vues panoramiques des châteaux et des jardins des Wittelsbach décore la galerie du château de Nymphenburg, et une autre série, représentant les églises de pèlerinage en Bavière, le " Bürgersaal " de Munich. Il fut le maître de Gabriel Spitzel et de Jacob Christoph Weyermann, entre autres. Il grava à l'eau forte plusieurs de ses compositions.

Belbello da Pavia

Peintre italien (mentionné de 1448 à 1462).

Sa première activité connue est attestée par des commandes des Visconti de Milan : Filippo Maria lui donna à terminer le Livre d'heures (Offiziolo) commencé par Giovannino et Salomone de' Grassi et interrompu à la mort de Gian Galeazzo en 1402 (la famille Landau-Finaly fit don, en 1949, à la ville de Florence [B. N.] de cette partie enluminée par Belbello). Tout en suivant la manière délicatement " courtoise " des de'Grassi, Belbello y ajoute une fantaisie débridée, de caractère expressionniste, soulignée par des couleurs intenses. Il a également travaillé à la décoration du Bréviaire de Marie de Savoie, seconde femme de Filippo Maria (Chambéry, bibl., ms. 4), exécuté de 1432 à 1435 en grande partie par le Maître des Vitae Imperatorum. L'analogie de style entre les miniatures de Belbello dans ce Bréviaire et celles de l'Offiziolo a permis une datation relative de ce dernier. En 1434, Belbello laisse inachevée la Biblia Estense (Bibl. vaticane, ms. Urb. Lat. 613). Les Acta Sanctorum (Milan, bibl. Braidense) et le Psautier (British Museum, add. ms. 15114) sont légèrement postérieurs. Belbello, désormais dégagé des raffinements traditionnels de l'école lombarde illustrés par Michelino da Besozzo, peut atteindre une puissance dramatique quasi barbare mais jamais naturaliste, que l'on peut comparer d'une part avec le goût émilien d'un Giovanni da Modena, d'autre part avec la plastique du Gothique bourguignon, dominant à cette époque au dôme de Milan. Le rapprochement avec Lorenzo Monaco, proposé par certains auteurs, semble moins convaincant. Des documents (1448-1462) mentionnent les derniers travaux de Belbello, exécutés pour les Gonzague à Mantoue, qu'illustre surtout le Missel romain (Mantoue, bibl. capitulaire), qui fut terminé, à la demande de Barbe de Brandebourg, par Girolamo da Cremona, recommandé par Mantegna. Dans cette œuvre s'accentue une tendance à gonfler et à renforcer les formes, où l'on perçoit moins des réminiscences de Mantegna qu'un prélude à l'expressionnisme ferrarais.

Bell (Larry Stuart)

Peintre et sculpteur américain (Chicago 1939).

Au cours de ses études au Chouinard Art Institute de Los Angeles (1957-1959), Bell rencontra, par l'intermédiaire de son professeur de peinture Robert Irwin, Ed Moses, Ed Kienholz, Ed Ruscha. D'abord peintre — ses premières œuvres sont des toiles claires aux formes géométriques variées (Conrad Hawk, 1961, Houston, The Menil Foundation) —, il se tourne très vite, au début des années 1960, vers la sculpture, créant des cubes de verre enduit dont le revêtement est appliqué par procédé industriel (Ghost Box, 1962). Puis il axe sa recherche sur le volume du cube, simplement traversé par la lumière ; des cubes en verre métallisé pour le rendre réfléchissant des deux côtés et sur lequel il incorpore une image dans la structure pour donner du champ à la lumière réfléchie par la surface et transmise de l'autre côté (Bette and the Giant Jewfish, 1963) ; des cubes simplement traversés par la lumière irisée (Cube, 1967, musée de Grenoble). Dans les années 70, il abandonne la forme cubique pour ne fabriquer que des grands murs de verre avec lesquels il construit des environnements qui produisent un effet visuel où se dissolvent à la fois les matériaux qui les composent et l'environnement dans lequel ils sont placés : Sans titre (1973, Santa Barbara Art Museum). The Iceberg and its Shadow (1974, coll. Massachusetts Institute of Technology) est architectural de par son échelle et sa structure. Le spectateur peut entrer et sortir de ces configurations à géométrie variable mais il n'est pas toujours en mesure de distinguer ce qui est présent matériellement de ce qui est illusion ou reflet. En 1989, l'artiste crée une nouvelle série, " Mirage Paintings ". Ce sont des collages sur toile qui intègrent l'expérience des revêtements métalliques. Les collages sont évaporés, refroidis puis fondus dans la surface de la toile grâce à une machine à stratifier à chaud (The Old Dirt Raod, 1989). L'utilisation de la technologie et la collaboration étroite que l'artiste entretient avec des spécialistes montrent que la fusion artiste-artisan-concepteur industriel qu'avait imaginée Gropius est encore possible. L'œuvre de Bell est bien représenté dans les musées américains ainsi qu'en France (Paris, M. N. A. M. ; musée de Grenoble ; Lyon, musée d'Art contemporain) et aux Pays-Bas (Amsterdam, Stedelijk Museum ; Rotterdam, B. V. B.).