Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Verschuring (Hendrick)

Peintre néerlandais (Gorkum 1627  – près de Dordrecht 1690).

Il fut l'élève du portraitiste Dirk Govaertsz de Gorinchem, puis, à Utrecht, du paysagiste Jan Both, auprès duquel il demeura six ans, jusqu'à son départ en Italie, en 1646 où il resta jusqu'en 1654. En 1657, de retour dans sa ville natale, il devint membre de la magistrature tout en continuant sa carrière de peintre. Il se fit une spécialité des Cavaleries attaquant une place fortifiée (Londres, N. G.), des Chocs de cavalerie au pied d'une forteresse (1675, musée de Nantes). Il laissa aussi des paysages italianisants et des scènes méditerranéennes, bien dans l'esprit dans lequel les Hollandais voyaient l'Italie (Joueur de vielle, coll. part ; La Place de l'Aracoeli à Rome, en 1653, musée de Leipzig) ; et, dans la même idée, des scènes de chasse (Chiens de chasse dans un paysage, Mauritshuis), dont les motifs de ruines ou de cavaliers restent dans l'esprit de Jan Both.

 
Son fils Willem (Gorkum, près de Gorinchem, 1657 – Gorinchem 1715) fut son élève et celui de Jan Verkolje à Delft. Il peignit des petits portraits, des sujets de genre, des scènes intimes. Sa Joueuse de luth (Hambourg, Kunsthalle) reste l'une de ses meilleures peintures. Il était aussi graveur au burin et à la manière noire. On pense qu'il aurait abandonné la peinture pour le commerce.

Verspronck (Jan Cornelisz)

Peintre néerlandais (Haarlem 1597  – id. 1662).

Fils et élève de Cornelis Engelsz Verspronck, il travailla dans l'atelier de Frans Hals à Haarlem. Inscrit à la gilde de Saint-Luc de cette ville en 1632, il peignit exclusivement des portraits, qui se dégagèrent vite de l'influence de son maître et s'y opposèrent même par la sagesse et le raffinement de l'exécution, par une exquise prédilection pour des nuances fines et claires — notamment des gris et des blonds — et par des fonds monochromes d'une grande transparence. À la finesse de l'analyse psychologique, il sait joindre une incomparable douceur dans le modelé, une exécution raffinée et précise et une grande souplesse dans l'écriture. Parmi ses chefs-d'œuvre, citons la Petite Fille en bleu, à l'exceptionnel accord de blond et de bleu (1641, Rijksmuseum), le Docteur Akersloot (1655, Haarlem, musée Frans Hals), le Jeune Garçon (1634, musée de Lille), Agatha Van Schoonhoven (1641, Louvre) ainsi que des tableaux de Régents (de bons exemples au musée Frans Hals de Haarlem). Avec Jan de Bray, et après Frans Hals, Verspronck fut l'un des meilleurs représentants de l'école harlémoise de portrait.

Vesnine (Aleksandr)

Artiste soviétique (Iourienets 1883  – Moscou 1959).

À partir de 1917, Aleksandr, le plus jeune des trois frères Vesnine, travaille dans l'atelier de Tatline et y rencontre Popova, dont l'influence artistique est notable dans ses peintures de cette période (série Compositions chromatiques). Celles-ci s'avèrent peu inventives, prétextes à des recherches sur l'organisation de l'espace et l'élaboration de théories. Son rôle dans l'avant-garde moscovite est incontestable — participant des expositions Création sans-objet et suprématisme (1919), 5 |m~ 5 = 25 (1921), membre de l'Inkhouk dès 1920, enseignant à partir de 1921 aux Vhutemas —, mais son art ne s'épanouit véritablement que dans ses décors de théâtre et son architecture, lesquels font de lui un des meilleurs représentants du constructivisme soviétique. Ainsi, si ses premières réalisations en tant que peintre-décorateur du Théâtre de chambre de Taïrov se situent dans le sillage d'Exter, les choix élaborés pour le Nommé Jeudi de Chesterton (1923) —structure squelettique, échafaudage— se révèlent novateurs. En 1925, il fonde avec ses frères l'OSSA, société des architectes constructivistes revendiquant une politique fonctionnelle de l'architecture. Des années 1920 restent essentiellement des projets, dont celui, remarquable et signé à trois, pour le palais du Travail de Moscou (1923). Le palais de la Culture du quartier Proletarskii (1930-1934), l'immeuble pour l'Association des anciens détenus (1931-1934) constituent ses œuvres majeures à Moscou, et son projet pour le concours du palais des Soviets (1932) atteste son admiration envers Le Corbusier. Il est essentiellement représenté au musée d'architecture Scusev (Moscou).

Vestier (Antoine)

Peintre et miniaturiste français (Avallon 1740  – Paris 1824).

Il fit son premier apprentissage à Paris auprès d'un émailleur bourguignon, Antoine Révérend, voyagea en Hollande et à Londres (1776) avant de revenir à Paris. Là, élève de J.-B. Pierre (v. 1778), il fut reçu à l'Académie en 1786 (Doyen, Louvre ; Brenet, Versailles), puis se consacra exclusivement au portrait, exécutant même quelques miniatures (Louvre ; Paris, musée Carnavalet, musée des Arts décoratifs). Dans la première partie de sa carrière, l'artiste reste sensible à la tradition du portrait d'apparat, tel que l'avaient défini Rigaud et Largillière, et s'attache à l'exécution brillante des détails, en particulier dans la transparence des tissus (Jean-Henri Riesener, 1785, Versailles).

   À dater de son entrée à l'Académie, il semble reporter son intérêt davantage sur la physionomie de ses personnages, réduisant au minimum l'accessoire et le drapé (Jean Theurel, 1788, musée de Tours). Entre, d'une part, le portrait sensible issu de Greuze, et souvent d'une charmante intimité (la Leçon de dessin, 1777, coll. part.), et, d'autre part, le romantisme, Vestier, comme Vigée-Lebrun, David ou H. Robert, est, au nombre des peintres de transition, plus soucieux de la représentation d'une individualité humaine (Latude, Versailles) que d'une personnalité sociale. Il est représenté à Paris, au Louvre (Madame Vestier, 1787), au musée Carnavalet (John Moore) et au musée de l'Opéra (Gossec, 1791), ainsi que dans les musées de Dijon, Épinal, Mâcon (Mademoiselle Roland), Sens et Tours (Bacchantes ; Femme couronnée de roses, 1789), et aux États-Unis (musée de Memphis).

Veyrassat (Jules)

Peintre français (Paris 1828  – id. 1893).

Paysagiste, il se spécialisa dans la représentation des cours de ferme, des campagnes paisibles, des calmes rivières animées de bacs, aux rives longées par des chevaux de halage (le Bac, 1861, musée de Lyon). Il renouvela peu son inspiration, et les redites abondent dans son œuvre. Il puisa ses thèmes et ses figures chez les peintres néerlandais et flamands du XVIIe s., auxquels il emprunta également une facture minutieuse et le goût des tonalités bistre. D'un voyage en Afrique du Nord, il rapporta des études, bien différentes, par lesquelles il se rapprocha de Fromentin (musée de Rouen).

   Veyrassat est représenté dans de nombreux musées de province (Alençon, Bagnères-de-Bigorre, Béziers, Château-Gontier, Denain, Dijon [musée Magnin], Grenoble, La Roche-sur-Yon, Marseille, Narbonne, Pau, Pontoise, Reims, Valence).