Grünewald (Mathis Nithart, dit Matthias) (suite)
L'art de Grünewald
L'art de maître Mathis Nithart, tel qu'il apparaît dans les œuvres incontestées, est en tout point exceptionnel. Il ne paraît guère emprunter à d'autres, si ce n'est à Holbein le Vieux, et ne transmettra que fort peu à ses successeurs. Les conditions de son apprentissage sont des plus obscures. Rieckenberg le fait naître v. 1480 aux environs d'Aschaffenburg, dans une famille modeste, apprendre les éléments de son art v. 1500 à Francfort dans l'atelier de Hans Fyell, au temps où Holbein le Vieux peignait le retable de l'église des Dominicains. Sandrart le désigne comme élève de Dürer. Mais ces exemples ne semblent pas avoir été déterminants pour lui. Pareillement, Mathis Grünewald n'a pas formé d'école ; on ne lui connaît pas d'élève ou d'imitateur caractérisé.
Selon E. Ruhmer, des sculpteurs, inspirés par les panneaux de Saint Érasme et de Saint Maurice, dans la cathédrale de Halle (aujourd'hui Munich, Alte Pin.), des orfèvres pourraient être considérés comme des suiveurs du maître, ainsi que, peut-être, quelques peintres et graveurs, saisissables dans certaines œuvres isolées — ainsi dans des dessins trouvés à Marburg après la dernière guerre.
La violence sauvage de son expression et de son écriture, l'éclatement parfois inorganique de ses formes, la magie de sa lumière et de sa palette, diluées dans le rayonnement mystique ou, au contraire, comme " empoisonnées " de désespérance glauque, la démarche spirituelle très particulière que ces traits suggèrent définissent une personnalité hors du commun et même hors de toute tradition picturale bien définie.