Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Cotes (Francis)

Peintre britannique (Londres 1726  id. 1770).

Il étudie le pastel chez Knapton, alors que ce dernier fait des portraits pour la Dilletanti Society, et l'une de ses premières œuvres est un pastel (Portrait d'homme, 1747, musée de Leicester). Il continue à pratiquer cette technique jusqu'en 1760 env. et s'inspire de Rosalba Carriera (Portrait de son père, 1757, Londres, Royal Academy). À la même époque, on commence à le remarquer comme représentant du nouveau style du portrait, très vivant, dans la lignée de ceux de Reynolds et de Ramsay (Portrait de Paul Sandby, 1761, Londres, Tate Gal.). Une fois établi à Cavendish Square en 1763, il se consacre à la peinture à l'huile et, en 1764, devient un professionnel à la mode (Portrait d'homme, 1765, id.). Ce fut un concurrent sérieux de Reynolds et de Gainsborough ; ses prix se situaient entre les leurs. En 1767, il exécute un portrait en pied de la reine et il est nommé membre fondateur de la Royal Academy en 1768. Un exemple typique de sa manière est la Femme inconnue (1768, Londres, N. G.), où il parvient à rendre tout à la fois le charme et la vivacité, la jeunesse et la vigueur de son modèle.

Cotman (John Sell)

Peintre britannique (Norwich 1782  – Londres 1842).

Il arrive à Londres en 1798, où il travaille pour l'éditeur Ackermann, puis chez le Dr Monro, grâce auquel il devient un personnage en vue parmi les aquarellistes du cercle de Girtin, l'un et l'autre comptant parmi les principaux animateurs de l'" Academy " du docteur. Il prend alors souvent ses sujets dans Ossian ou d'autres sources littéraires. De 1800 à 1805, à la suite de plusieurs voyages dans le pays de Galles et le Yorkshire, il acquiert progressivement un style très personnel, utilisant de simples lavis par teintes plates sur des surfaces presque géométriques (Chirck Aqueduck, v. 1804, Londres, V. A. M. ; Greta Bridge, 1805, British Museum). Il expose à la Royal Academy de 1800 à 1806, mais en 1807, de retour à Norwich, il n'expose plus qu'à la Norwich Society, dont il devient président en 1811. En 1812, il s'installe à Yarmouth, où Dawson Turner encourage son goût pour les antiquités. C'est ce dernier qui rédigea le texte explicatif des Architectural Antiquities of Normandy, ensemble d'une centaine d'eaux-fortes publiées à Londres en 1822, dont Cotman avait trouvé la source dans ses voyages en France en 1817, 1818 et 1820. Il avait, sur le même principe, fait paraître entre 1812 et 1819 une série d'ouvrages sur le Norfolk (Ornamental Antiquities in N., 1812-1818 ; Sepulcral Brasses of N., 1814-1819 ; Specimens of Norman and Gothik Architecture in N., 1816-1818). Entre-temps, il s'efforça de donner à son style très analytique un tour plus pictural, se servant de bleus intenses, et il commença à pratiquer de plus en plus souvent la peinture à l'huile (The Drop Gate, 1826, Londres, Tate Gal.). En 1834, il revient à Londres pour enseigner le dessin à King's College. Son œuvre se rapproche alors davantage de celle de Turner, et il ajoute à son médium un mélange de farine et de pâte de riz pour lui donner une densité que l'on ne trouve pas dans ses aquarelles précédentes : Tempête sur la plage de Yarmouth (1830, Norwich, Castle Museum) ; Paysage rocheux ; Coucher de soleil et le Lac (Londres, V. A. M.). Bien qu'au début de sa carrière il ait été considéré comme l'un des maîtres de l'aquarelle en Angleterre, il perdit, mais moins qu'on ne l'a prétendu, la faveur du public. Aujourd'hui, ce sont cependant ses premières œuvres qui sont les plus estimées, car elles s'apparentent à des tendances modernes telles que le Cubisme. Il est représenté à Édimbourg (N. G.), à Leeds (City Art Gal.), à Londres (British Museum, N. G., Tate Gal., V. A. M.). Le musée de Norwich possède une importante collection de dessins et d'aquarelles de l'artiste. Une exposition rétrospective a été consacrée à Cotman en 1982 à Londres (V. A. M.).

Cottet (Charles)

Peintre français (Le Puy 1863  – Paris 1925).

Élève de l'Académie Julian, ami des Nabis, Cottet ne retient guère leur esthétique et suit les conseils de Roll et de Puvis de Chavannes (Messe des morts à Camaret, musée de Brest). Réaliste, inspiré par Courbet, soucieux d'expression, sans toujours éviter l'écueil d'un moralisme anecdotique et cultivé, il se consacre, après quelques natures mortes solides (1883-1887 ; Nature morte : pommes et bouteille, Paris, Orsay) et hormis ses notes de voyage (Espagne, Algérie, Italie, Égypte), à l'exaltation du pays breton, découvert en 1885, dans des toiles à l'élan dramatique et à la pâte épaisse (Au pays de la mer, 1898, triptyque, Paris, Orsay ; Au pays de la mer. Douleur, 1908, id. ; Rayons du soir, port de Camaret, 1892, id.). En 1889, il expose au Salon et participe à la fondation de la Société nationale l'année suivante et de la Société nouvelle en 1900 ; il se manifeste également chez Le Barc de Boutteville. Par ses couleurs sombres, il devient le chef de file du groupe de " la Bande noire ", qui réunit L. Simon, Prinet, Ménard et Dauchez. À partir de 1896, Cottet multiplie sa participation à des expositions en Europe et à l'étranger. Il est représenté aussi bien en Europe, dans les musées de France (musées d'Orsay et du Petit Palais à Paris ; musées de Rennes, Rouen, Bordeaux, Lille et Marseille ; musée Crozatier au Puy-en-Velay), de Belgique, d'Allemagne, d'Espagne et d'Italie, qu'au Japon, en Russie et aux États-Unis.

Coubine (Ótakar)
ou Ótakar Kubín

Peintre, graveur et sculpteur tchèque (Boskovice, Moravie, 1883  – Marseille 1969).

Après deux années d'études à l'école de Sculpture de Hořice, il se tourna vers la peinture, qu'il étudia de 1900 à 1904 à l'Académie des beaux-arts de Prague. Dès 1903, il entreprit des voyages d'étude en France, en Belgique et en Italie. Ses premières œuvres se rattachent au groupe des Huit, dont il fit partie. Leur caractère expressif trahit l'influence de Van Gogh (la Récolte des pommes de terre, 1908, musée de Prague), puis de Cézanne, dans l'intérêt porté à la construction des volumes.

   En 1912, Coubine part pour la France et se fixe en Provence, à Apt, puis à Simiane-la-Rotonde. Séduit par l'esprit néo-classique développé à la même époque par Dunoyer de Segonzac ou Derain, il y élaborera une vaste œuvre comprenant des paysages, des natures mortes aux fleurs, des figures, des nus (Nu, 1926, id. ; la Cruche au bouquet, 1928, id. ; le Printemps à Simiane, 1934, id.). Coubine resta en contact avec son pays d'origine, participant régulièrement aux expositions de la société d'art pragoise Umělecká beseda. Il illustra notamment Allen de Larbaud, Orages de Mauriac. Rentré en Tchécoslovaquie en 1951, l'artiste s'adonna uniquement au paysage : évocations de la Provence ou vues de la Moravie du Sud, où l'éclat de la lumière éteint les couleurs, dissout les formes, à peine retenues par un cerne haché. En 1966, il retourna en Provence.