Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Van Loo (Jacob)

Peintre français d'origine néerlandaise (Sluis v. 1614  – Paris 1670).

Il était le fils de Johannes Van Loo, fondateur de la dynastie. Il travailla de 1641 à 1661 à Amsterdam, où il fut le maître d'E. Van der Neer. Appartenant au milieu romaniste, il y peignit des portraits (la Famille Meebeeck Cruywaghen ; Portrait d'homme, 1656, Rijksmuseum) et des scènes mythologiques ou de genre, d'un Classicisme tout italianisant, où le nu féminin tient une grande place : le Coucher à l'italienne (1650, musée de Lyon), Bacchantes (1653, Rijksmuseum), Diane et ses nymphes (1654, Copenhague, S. M. f. K. ; autres versions à Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum, et au musée d'Alès). Établi à Paris en 1662, il connut un certain succès comme portraitiste et fut reçu en 1663 à l'Académie avec le Portrait de Michel Corneille (Louvre). Il mourut à Paris en 1670, et son fils, ses petits-fils et arrière-petits-fils peuvent être considérés comme des peintres français.

 
Son fils Louis-Abraham, dit Louis (Amsterdam v. 1656 – Nice 1712) , travailla à Nice et à Toulon à la décoration de navires royaux. On conserve de lui un tableau du Saint Rosaire (Toulon, chapelle de l'hôpital de la marine). Il eut deux fils peintres, Jean-Baptiste et Carle.

 
Son fils Jean-Baptiste (Aix-en-Provence 1684 – id. 1745) fut aussi son élève. Il travailla à Toulon (1706-1708), à Aix (1708-1712), où il peignit Saint Bernard dictant sa règle (1710, Aix-en-Provence, musée des Tapisseries), à Nice (1712), à Gênes et à Turin (1713), à Rome (1714). Il vint à Paris en 1720 et fut reçu académicien en 1731 avec Diane et Endymion (Louvre), puis se rendit à Londres de 1737 à 1742, où il exécuta de nombreux portraits : le Général James Dormey (1738, coll. part.). Il reçut de nombreuses commandes pour les églises de Paris (l'Institution de l'ordre du Saint-Esprit par Henri III [...] le 31 décembre 1578 [1733, Louvre, en dépôt au musée de la Légion d'honneur de Paris]), mais il fut surtout célèbre pour ses portraits : Portrait équestre du roi (1723, en collab. avec Ch. Parrocel, Versailles), Madame d'Albert en jardinière (1736, musée d'Aix-en-Provence), nombreux Portraits de Louis XV (musées d'Amiens, de Darmstadt, de Nancy ; Dresde, Gg ; Turin, Gal. Sabauda). Il eut trois fils peintres, Louis-Michel, François (Aix-en-Provence 1708-Turin 1732) et Charles-Amédée.

Van Loo (Jules César Denis, dit César)

Peintre français (Paris 1743  – id. 1821).

Fils et élève de son père, Carle Van Loo, César fut pensionnaire de l'Académie de France à Rome, sans avoir obtenu le grand prix, en 1767 et reçu académicien en 1784 ; il vécut à Turin de 1791 à 1794. La Gal. Sabauda à Turin conserve plusieurs de ses paysages. Ses vues d'hiver, que l'on peut comparer à celles de son contemporain Taunay, sont une tentative vers un plus grand réalisme, effectuée sous l'influence des Néerlandais du XVIIe s. : Paysage du Piémont sous la neige (1801, Fontainebleau), Effet de neige dans les Alpes (1804, Louvre), Paysage de neige (1810, musée d'Autun). Certains paysages de petit format (tels ceux qui sont conservés au musée de Toulouse) montrent une sensibilité qui place l'artiste, à côté de Valenciennes, parmi les précurseurs de Corot.

Van Loo (Louis-Michel)

Peintre français (Toulon 1707  – Paris 1771).

Il fut l'élève de son père, Jean-Baptiste, à Turin, à Rome et à Paris, où il obtint le prix de Rome en 1725. De 1727 à 1732, il resta à Rome avec son oncle Carle et son frère François. Il fut reçu académicien en 1733 avec Apollon et Daphné (Paris, E. N. S. B. A.), puis se rendit en Espagne de 1736 à 1753, où il devint, à la suite de Ranc, le portraitiste de la Cour (la Famille de Philippe V, 1743, Prado ; esquisse à Versailles ; Louise Isabelle de Bourbon, 1745, Prado) et fut nommé en 1752 directeur de l'Académie de San Fernando (Mercure et Cupidon, 1748, Madrid, Acad. S. Fernando). Sensible aux nécessités du portrait d'apparat à la suite de Rigaud (Louis XV, 1760, Londres, Wallace Coll. : répliques au Louvre, à Versailles, aux musées de Grenoble, Rennes, Copenhague [S. M. f. K.]), il le fut aussi aux finesses de l'étude psychologique, qui rappellent certaines figures de Greuze : portraits de Marivaux (1756, Paris, musée de la Comédie-Française), de la Princesse Galitzine (1759, Moscou, musée Pouchkine), de J. G. Soufflot (1767, Louvre), de Denis Diderot (1767, id.), de Joseph Vernet et de sa Femme (1767-68, musée d'Avignon). Louis Michel Van Loo se montra cependant plus sensible dans ses portraits de famille, souvenirs des " conversation pieces " que son père avait dû connaître lors de son séjour à Londres : Carle Van Loo et sa famille (Versailles). En 1765, il succéda à son oncle Carle comme directeur de l'École des élèves protégés.

Van Munster (Jan)

Artiste néerlandais (Gorinchem 1939).

Son œuvre, axé sur l'énergie sensible (électricité, lumière, chaleur) ou invisible (magnétisme, radioactivité, gaz), s'attache à traduire la force des contrastes. Par une suite de partis pris sur les bipolarités énergétiques, il a manipulé des sources variées : le clair et l'obscur par l'usage de néons mis en espace et peints partiellement en noir, le chaud et le froid par des tables recouvertes de glace et des objets métalliques rougis au feu, l'attraction et l'éloignement par le magnétisme réciproque de deux cubes. Ces spéculations sur l'énergie se manifestent notamment par des sculptures (The Three Elements, 1971, aluminium, électricité) et des installations lumineuses, en étroite association avec l'architecture (l'installation au musée Kröller-Müller, Otterlo, 1978). Son œuvre a été présenté en 1970 à La Haye (gal. Grez), puis à Gorinchem (Kunstcentrum Badhuis) en 1981, et, en 1983, à Paris (M. A. M.) dans l'exposition " Electra ".

Van Rysselberghe (Théophile, dit Théo)

Peintre belge (Gand 1862  – Saint-Clair 1926).

Élève des Académies de Gand et de Bruxelles, il rapporte d'un voyage au Maroc (1883-84) la Fantasia (Bruxelles, M. R. B. A.), tableau dans la tradition de l'Orientalisme, mais où se manifeste déjà son goût pour la peinture claire. Membre fondateur des Vingt, il est rapidement conquis par le Néo-Impressionnisme (la Pointe Per-Kiridec, 1889, Otterlo, Kröller-Müller ; la Partie de tennis, v. 1890 ; Madame Maus, 1890, Bruxelles, M. R. B. A. L'Homme à la barre, 1892, Paris, Orsay). Dans une fidélité instinctive au réel, il respecte pourtant l'identité de ses motifs et ne se livre guère à la stylisation qu'impose cette technique, d'où il résulte une contradiction souvent flagrante entre l'esprit et les moyens, surtout sensible dans les tableaux de figures : la Lecture (1903, musée de Gand), œuvre célèbre groupant les personnalités littéraires de l'époque et reflet du milieu de la Libre Esthétique ; vers cette date, il se rapproche de Cross dans ses paysages (les Pins à Cavalière, 1904, Otterlo, Kröller-Müller). Installé à Paris en 1898, Rysselberghe se fixe à Saint-Clair (près du Lavandou) en 1910 et s'exprime dès lors au moyen d'une palette franche, d'un métier robuste (les Pins de la Fossette, 1919). Il a laissé une œuvre graphique (dessins, aquarelles, eaux-fortes) qui rend mieux compte peut-être que sa peinture d'un talent très probe (le Port de Trieste, 1896, eau-forte). Une exposition rétrospective a été consacrée à l'artiste (Gand, M. B. A.) en 1993.