Strzemiński (Wladyslaw)
Peintre et théoricien polonais (Minsk 1893 – Łódź 1952).
Né en Russie, il accomplit ses études artistiques à Moscou entre 1917 et 1920, où il rencontre Malévitch et subit l'influence du Suprématisme. Rentré en Pologne en 1922 avec sa femme Katarzyna Kobro, le principal sculpteur du mouvement constructiviste, il participe à la fondation et aux activités du groupe Blok en 1925 et de Praesens l'année suivante. Principal représentant avec Mieczyslaw Szczuka du Constructivisme en Pologne, il publie en 1928 à Varsovie l'Unisme en peinture, où il proclame que le tableau n'a pas d'autre signification que lui-même et que peinture, matière, couleur, forme, fond, surface doivent constituer une seule unité. Ses tableaux unistes présentent en 1930-31 une texture régulière qui occupe toute la surface d'une manière homogène, en l'absence de toute forme ou composition. En 1929, il fonde à Łódź avec le poète Jan Brzekowski, le peintre Henryk Staźewski et Katarzyna Kobro le groupe " a. r. " (artistes révolutionnaires), avec lequel il rassemble une collection d'art constructif qui sera donnée en 1931 au Museum Sztuky de Łódź. Il s'est pratiquement arrêté de peindre au début des années 30. Ses œuvres ont été exposées en Allemagne en 1978 (Düsseldorf, Kunstmuseum) et à Paris dans l'exposition Présences polonaises (Centre Georges-Pompidou, 1985). Il est représenté au Museum Sztuky à Łódź et à Otterlo (Rijksmuseum Kröller-Müller).
Stuart (Gilbert)
Peintre américain (Narragansett, Rhode Island, 1755 – Boston 1828).
Ce portraitiste quitta son pays natal en 1775 à la veille de l'indépendance américaine. Il gagna Londres, où les leçons de Reynolds et la protection de B. West, dont il devint l'élève en 1776, lui valurent un succès rapide. Il exposa à la Royal Academy en 1777 et se fit remarquer en 1782 grâce à son Patineur (Portrait de Mr. Grant, Washington, N. G.), une de ses rares figures en pied, l'artiste aimant surtout à peindre les têtes. Il quitta l'atelier de West en 1783 et prit place parmi les portraitistes notoires après Reynolds, Gainsborough et Romney. Fuyant ses créanciers, il partit pour l'Irlande (1787), séjournant à Dublin puis à Paris ; il rentra en Amérique en 1793 et s'installa à Philadelphie (1794-1803), à Washington (1803-1805), enfin à Boston à partir de 1805. Ses premières œuvres établirent sa réputation (Madame Richard Yates, Washington, N. G.). Puis les 3 portraits qu'il fit de Washington (en buste, 1795, Washington, N. G. ; en pied, 1796, Philadelphie, Pennsylvania Academy of Fine Arts ; 1796, en buste, en pendant au portrait de Martha Washington, Boston, M. F. A., et Washington, N. G.) et dont il exécuta par la suite d'innombrables copies le rendirent célèbre. Dès lors, les militaires et les hommes politiques de la jeune république défilèrent dans son atelier (James Madison, John Adams, Thomas Jefferson). Stuart finit ses jours à Boston, où il s'établit en 1805, et exerça une vive influence sur les jeunes peintres. Son style s'apparente à celui de l'école anglaise tant par la fluidité de la touche que par le sens de la couleur et le naturel des physionomies. L'artiste est représenté dans de nombreux musées américains (Cleveland, Chicago, Newport, San Francisco, Washington) ainsi que dans certains musées anglais (Londres, N. P. G. : Benjamin West) et français.
Stubbs (George)
Peintre britannique (Liverpool 1724 – Londres 1806).
Après avoir travaillé avec un peintre fort secondaire, Hamlet Winstanley, v. 1740, il débuta comme portraitiste dans le nord de l'Angleterre. Il se trouvait à Wigan en 1744, à Leeds et à York de 1744 à 1752, à Hull et à Liverpool juste avant son départ pour l'Italie en 1754. À la même époque, il étudiait l'anatomie à York. Son voyage en Italie devait le convaincre de " la supériorité de la Nature sur l'Art " ; et Stubbs fut peut-être le témoin au Maroc de l'attaque dramatique d'un cheval par un lion, sujet qu'il illustra de nombreuses fois et qui, gravé par Benjamin Green en 1769, influença Delacroix et plus directement encore Géricault (plusieurs versions existent de cette composition, qui s'inspire peut-être aussi d'un groupe antique vu par l'artiste lors de son voyage à Rome : dans la coll. Paul Mellon, à l'Art Gal. de Yale, à la Walker Art Gal. de Liverpool et à Londres, Tate Gal.). Il étudia l'anatomie des chevaux de 1756 à 1758 dans le Lincolnshire et exécuta des dessins pour un ouvrage sur l'Anatomie du cheval, publié en 1766 et dont il grava lui-même les planches. Il s'établit à Londres en 1759 ou 1760 et commença à exposer à la Free Society of Artists, dont il devint directeur en 1773. À partir de 1760-1762, se faisant une clientèle dans le cercle des aristocrates amateurs de chevaux (Richmond, Grosvenor, Rockingham), il devint le peintre de la " sporting life " le plus recherché de son temps. Le Deuxième Duc et la duchesse de Richmond regardant des chevaux à l'exercice (v. 1760, coll. part.) est un exemple typique de son œuvre, où hommes et bêtes s'harmonisent dans un cadre champêtre anglais. Stubbs ne fut pas membre fondateur de la Royal Academy, étant considéré comme simple animalier, mais il devint A. R. A. en 1780 et R. A. en 1781. Il fut renvoyé en 1783 pour ne pas avoir observé le règlement de l'Académie. Vers 1790, il bénéficia de la protection du prince de Galles et, en 1802, il fut invité à publier une " exposition sur l'anatomie comparée de l'homme, du tigre et des volatiles ", ouvrage inachevé, mais dont les dessins préparatoires sont à Worcester (Public Library). Chercheur inlassable, il parvint, avec l'aide de Wedgwood, à fixer les émaux colorés sur un support de cuivre.
Son œuvre est finalement très variée : scènes de la " sporting life ", de course ou de chasse (le Cheval Gimcrack au repos et à l'entraînement, Londres, Newmarket, Jockey Club ; autres exemples à Goodwood House, dans la coll. Grosvenor, dans celle du marquis de Bute), portraits aristocratiques dans la campagne (Gentleman et dame dans une calèche, 1787, Londres, N. G. ; le Colonel Pocklington et ses sœurs, Washington, N. G. ; les Familles Melbourne et Milbanke, Londres, N. G.) et " portraits " d'animaux les plus variés : animaux exotiques (Guépard avec deux serviteurs indiens, Manchester, City Art Gal. ; Babouin et macaque albinos, Londres, Hunterian Coll. et Association des chirurgiens, peint pour le célèbre chirurgien John Hunter ; Élan, 1770, peint pour le frère de ce dernier, aussi homme de science, William Hunter, et aujourd'hui conservé dans la Hunterian Art Gal. de l'université de Glasgow), chiens (Londres, Tate Gal.) et surtout chevaux. Stubbs aborda la peinture des chevaux par l'étude de leur anatomie ; il montrait ainsi le même penchant scientifique que son contemporain Wright of Derby et dessinait toujours ses chevaux avec une extrême précision. Sa toile Poulinières et poulains 1762, coll. Fitzwilliam), révèle sa méthode : sur un fond uni et abstrait, les chevaux sont d'abord mis en place avant que le paysage ne soit composé. Les chevaux ou juments sont souvent disposés en frise, suivant un rythme calme et d'une mélodieuse élégance, auquel répond celui des arbres ou des collines devant lesquels ils sont placés (exemples à la Tate Gal. et dans plusieurs coll. part. britanniques). Les Moissonneurs (1783, Upton House, Warwickshire, National Trust, et la version de 1785, Londres, Tate Gal.), qui font partie d'une série d'idylles rustiques, témoignent de son amour de la campagne sous ses divers aspects saisonniers. Dans ses meilleures œuvres, où il rejoint les plus grands maîtres, la composition fluide présente des lignes doucement incurvées, malgré la tendance de l'artiste à considérer ses tableaux comme la juxtaposition de plusieurs parties et non comme un tout. Stubbs est principalement représenté dans la plupart des musées anglais, notamment à Manchester (City Art Gal.), à Londres (N. G. et Tate Gal.) et dans de nombreuses collections, ainsi qu'à Dublin (N. G.), à Baltimore (Museum of Art), à Philadelphie (Museum of Art) et dans la coll. Paul Mellon. Une rétrospective a été présentée (Londres, New Haven) en 1985.