Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Seekatz (Johann Conrad)

Peintre allemand (Grünstadt  1719  – Darmstadt  1768).

Il fait son apprentissage chez son frère Johann Ludwig, puis, de 1748 à 1751, chez P. H. Brinckmann à Mannheim. En 1753, il est nommé peintre de la cour de Darmstadt et se trouve en contact avec les peintres bourgeois de Francfort (Nothnagel, Trautmann et Juncker). Il séjourne chez le père de Goethe et influe sur la conception de l'art du jeune poète. Il passe des mythologies conventionnelles dans le goût aristocratique et des compositions religieuses axées sur l'effet décoratif à des scènes de genre observées avec simplicité, à la manière néerlandaise, où il représente la vie paysanne allemande : le Mois de juillet (Francfort, musée Goethe), la Diseuse de bonne aventure (musée de Weimar), le Feu de camp (Oldenburg, Landesmuseum), Scène champêtre (Düsseldorf, K. M.), Dédicace d'une église (musée de Darmstadt). Son dernier travail, en 1765, est une suite de 17 dessus-de-porte, auj. au château de Darmstadt, provenant du château de Braunshardt et représentant des scènes galantes pleines de légèreté et de finesse. Le musée de Darmstadt conserve un important ensemble de ses œuvres : peintures, esquisses à l'huile et dessins.

Segal (Arthur)

Peintre et sculpteur d'origine roumaine (Jassy, Roumanie,  1875  – Londres  1944).

Après des études à l'Académie de Berlin, il part en 1896 à Munich pour suivre l'enseignement de Schmidt-Reute, puis de Hoelzel (qui fut également le professeur de Schlemmer et de Baumeister), et voyage en 1902-1903 en Italie et en France. En 1904, il se fixe à Berlin, où il expose aussitôt avec le groupe de la Berliner Secession. Il participe en 1910 à la fondation de la Neue Secession et aux expositions de ce groupe, qui comptait Nolde, Heckel, Kirchner, Pechstein et Schmidt-Rottluff. Pendant la durée de la guerre, Segal séjourne à Ascona (Suisse), où il rencontre Jawlensky et Arp. Cette période sera déterminante : Segal abandonne en 1916 l'Expressionnisme pour élaborer ce qu'il appellera l'" équi-balance ", système d'équivalence optique du tableau, divisé en surfaces picturales égales et agencées tout d'abord suivant un seul, puis suivant plusieurs points focaux. Il va jusqu'à poursuivre en contrepoint, sur le cadre, les gammes colorées issues de la peinture elle-même. Son retour à Berlin en 1920 est marqué par sa première exposition personnelle à la gal. Altmann. Dès cette date, Segal s'impose comme un des membres les plus importants du Novembergruppe, avec lequel il exposera jusqu'en 1932 ; il fait également partie de la Juryfreie Kunstschau. En 1923, l'étude de la théorie des couleurs de Goethe l'amène à réaliser des peintures " prismatiques " et, quelques années plus tard, des sculptures " optiques " où la lumière, l'ombre jouent un rôle plastique essentiel. Une deuxième exposition personnelle lui est consacrée en 1926 à Rotterdam et à La Haye ; l'année suivante, il figure à l'exposition Wege und Richtungen abstrakter Malerei in Europa, organisée par la Städistche Kunsthalle de Mannheim. Tirant toujours ses études optiques des leçons de la nature, il appliquera dès 1927 le terme de " nouveau naturalisme " à ses nouvelles expériences picturales où se marque un retour à la figuration et au divisionnisme. En 1929, il participe à l'exposition Judische Künstler unserer Zeit au Henri Brendle Salon de Zurich et écrit à cette même date son livre théorique les Lois impersonnelles de la peinture. En 1933, il quitte l'Allemagne pour l'Espagne et Majorque et, en 1936, se fixe définitivement à Londres, où il meurt en 1944. L'année suivante, une grande rétrospective lui est consacrée à la Royal Society of British Artists Galleries. En 1987, le Kunstverein de Cologne lui a consacré une importante rétrospective. L'œuvre de Segal est représenté dans les musées de Zurich (Kunsthaus), de Genève (Petit Palais), de La Haye (Gemeentemuseum) et en Allemagne.

Segall (Lasar)

Peintre brésilien d'origine russe (Vilna 1891  – São Paulo 1957).

L'art de Segall est un lien vivant entre l'Expressionnisme germanique et celui de l'Amérique latine. Ses débuts se situent en effet à Berlin et surtout à Dresde (1916-1923), avant que le peintre ne s'établisse au Brésil (1923), pays dont il prit la nationalité après y avoir séjourné en 1912. D'abord marqué par le réalisme impressionniste de Liebermann et de Corinth, Segall pratique à Dresde un expressionnisme issu de Die Brücke (album de lithographies la Douce, 1917 ; attestant une forte influence de l'art nègre) ; ce style fut bientôt modifié par l'adoption de procédés que le Blaue Reiter (Campendonk, Feininger) avait empruntés au Cubisme, dans des compositions illustrant la misère sociale, la déchéance physique et morale de l'individu (" Intérieurs d'indigents ", " Intérieur de malade ", 1920). Au Brésil, Segall connut une existence plus stable et rechercha davantage dans son art une mise en forme équilibrée, à l'image de la " raison de vivre " nouvelle qu'il s'était donnée et que soutiennent le paysage, le petit peuple brésiliens : Mère mulâtresse, 1924 ; Paysage brésilien, 1925, où le dessin limite des surfaces strictes qu'envahissent de douces tonalités. Mais les événements politiques devaient bientôt amener le peintre, d'origine juive, à témoigner contre le fascisme en des œuvres de vaste format et nécessairement plus réalistes, car la prise de position l'emportait impérativement sur l'esthétique : Pogrom (1936-37), Navire d'émigrants (1939-1941), Camp de concentration (1945), tableaux dont l'effet est dû au raccourci perspectif et à l'accumulation des " motifs " qu'offrait une humanité réduite à l'objet. Segall a laissé également des sculptures, des lithographies, notamment pour Bubu de Montparnasse (1921) de Charles-Louis Philippe, et un ouvrage : Souvenirs de Vilna. Il est bien représenté au M. A. C. de São Paulo.

Segantini (Giovanni)

Peintre italien (Arco, prov. de Trente, 1858  – Schafberg 1899).

Dès ses premiers travaux, consécutifs à sa formation à l'Académie de Brera (1876-1878), il s'oriente vers un naturalisme attentif aux effets lumineux et dérivant surtout de Millet et de ses disciples européens (l'Ave-Maria en barque, 1882). Sa rencontre avec Vittore Grubicy, dès 1880, l'amènera plus tard (1887-88) à adopter, non exclusivement pourtant, la technique divisionniste, qui modifie son langage : en effet, sa palette s'éclaircit et il accorde plus d'importance aux éléments rythmiques et géométriques (Jeune Bergère tricotant, 1888, Zurich, Kunsthaus ; les Deux Mères, 1890, Milan, G. A. M.). À partir de 1890, à l'exemple de Previati, il se lance avec enthousiasme dans le Symbolisme, qui, par le choix des sujets et l'emploi exaspéré de l'arabesque, domine la production de ses dernières années, influencée aussi par les préraphaélites et par la Sécession viennoise (l'Ange de la vie, 1894, Milan, G. A. M. ; l'Amour aux sources de la vie, 1896, id. ; la Déesse de l'Amour, 1894-1897, id. ; le Châtiment de la luxure, 1897, Zurich, Kunsthaus ; les Mauvaises Mères, id.), mais le paysage alpestre reste le motif préféré de ses fonds de composition. Dans d'autres œuvres, le peintre reste plus attaché au réalisme (Pâturage au printemps, 1896, Brera), tantôt par les études d'éclairage qu'exalte la division des tons (Portrait de Carlo Rota, 1897 ; Portrait de Mme Casiraghi Oriani, 1899), tantôt en y mêlant un sentiment nouveau du rythme décoratif ou des allusions mystiques et symboliques (la Récolte des foins, 1891-1899 ; le Triptyque des Alpes, 1886-1899, Saint-Moritz, musée Segantini). L'œuvre de Segantini, dont le musée Segantini de Saint-Moritz conserve un ensemble de toiles, est représenté dans les musées de Bâle, de Zurich, de Leipzig, de Munich, de Berlin, de Vienne, de Hambourg, de Wuppertal, de Bruxelles, de La Haye et de Liverpool (les Mères).