Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Bartolo di Fredi

Peintre italien (Sienne v.  1330  – id.  1410).

L'un des mieux connus parmi les petits maîtres travaillant à Sienne et dans la région environnante grâce à une vie politique active et à une intense production artistique dont une partie est bien documentée mais parfois perdue. Sa première œuvre documentée, la Madone de la Miséricorde, (v. 1364), est conservée au musée de Pienza. Parmi ses œuvres identifiées, citons les fresques de l'Ancien Testament à la collégiale de San Gimignano, de 1367, les fresques de la Vie de la Vierge de S. Agostino de San Gimignano et celles de S. Agostino de Montalcino, et les parties des retables de 1382 et de 1388 au musée de Montalcino ; il fut un vulgarisateur fécond, et dépourvu d'imagination, des thèmes les plus dépassés de la tradition siennoise. La P. N. de Sienne conserve plusieurs de ses œuvres (Adoration des mages), le Louvre, une Présentation au Temple (1388), qui imite celle d'Ambrogio Lorenzetti (Offices). Le musée du Petit Palais à Avignon conserve plusieurs œuvres de Bartolo, notamment l'Adoration des Bergers dont il existe une interprétation voisine (New York, Metr. Museum, Cloisters) et un Saint Jean l'Évangéliste qui fait partie d'un polyptyque dont d'autres panneaux sont conservés aux musées de Quimper et de Kansas City. Au musée de Chambéry est présenté un grand retable provenant de San Domenico de Sienne (1397).

 
Son fils Andrea di Bartolo (connu à Sienne de 1389 à 1428) travailla dans la manière de son père. En 1389, il s'inscrit au " Breve dell'arte " et collabore avec Luca di Tommé et avec son père à une œuvre destinée au dôme de Sienne. Ses œuvres, souvent des panneaux provenant de polyptyques démembrés, figurent dans la plupart des musées (Avignon, Baltimore) possèdant des collections de primitifs italiens et à la P. N. de Sienne.

Bartolomeo (Fra)

Peintre italien (Florence 1472  – id. 1517).

Il est connu sous le nom monastique qu'il portait au couvent de San Marco, où l'on voit encore plusieurs de ses chefs-d'œuvre. Il travaille en collaboration avec Mariotto Albertinelli, mais s'affirme très tôt comme la figure clé du début du cinquecento florentin, résumant à lui seul les aspirations parfois contradictoires d'une culture qui hésite entre l'exemple de Raphaël — présent à Florence en 1506 — et l'irréalisme anxieux du premier Maniérisme, sensible à partir de 1510-1515. Il quitte deux fois Florence pour se rendre à Venise (1508), puis à Rome (1514), séjour qui sera déterminant pour lui. Sa formation est ombrienne et marquée par la leçon de Pérugin. Il est l'élève de Cosimo Rosselli en même temps qu'Albertinelli et Piero di Cosimo. Sa première œuvre est sans doute une Annonciation (dôme de Volterra) terminée par Albertinelli. À la même date, il peint en grisaille les deux faces des volets d'un tabernacle destiné à abriter une Vierge de Donatello (Nativité, Circoncision et Annonciation, Offices) et un grand Jugement dernier à fresque (Florence, 1499, museo di San Marco). Il prend l'habit à Prato en 1500 ; de retour à Florence, il peint une Apparition de la Vierge à saint Bernard pour la Badia ; version calme et simplifiée du tableau peint par Filippino Lippi pour cette même église, l'œuvre ne sera achevée qu'en 1507. Au retour d'un bref voyage à Venise en 1508, il ouvre avec Albertinelli l'atelier (1509) de San Marco, où se succéderont, après 1512, Fra Paolino et Sogliani. Fra Bartolomeo réalise à cette époque ses plus vastes compositions, dramatiques et solennelles aux sujets religieux, synthèses un peu froides des nouvelles aspirations de la haute Renaissance, soumises à l'exemple de Raphaël et de Léonard de Vinci (le Mariage mystique de sainte Catherine, 1511, Louvre ; Retable Carondelet, en collaboration avec Albertinelli, 1511-12, cathédrale de Besançon ; Dieu le Père avec deux saints, 1509, musée de Lucques ; Madone avec sainte Anne et dix saints, réalisée en 1512 pour la seigneurie de Florence [Florence, museo di San Marco] et laissée inachevée). En 1514, au cours d'un voyage à Rome, il reçoit la commande de 2 figures monumentales de Saint Pierre et de Saint Paul pour S. Silvestro al Quirinale, que Raphaël achèvera (Vatican). Ses dernières années semblent marquées par une emphase un peu apprêtée (Vierge de la miséricorde, 1515, musée de Lucques ; Salvator Mundi, 1516, Florence, Pitti ; Annonciation, 1515, Louvre). La construction rigoureuse de la Déposition du palais Pitti, terminée après sa mort par Bugiardini, influencera certaines des recherches du jeune Andrea del Sarto. Les premiers dessins de Fra Bartolomeo, exécutés à la plume, évoquent, par leur facture extrêmement déliée, le style le plus cursif de la fin du quattrocento florentin (Filippino Lippi et Piero di Cosimo). Certains constituent de rares et subtiles études de paysage pur, dont la liberté d'exécution est, à cette date, remarquable (Louvre et série de Paysages autref. dans la coll. Gabuzzi). Une exposition Fra Bartolomeo et l'école de Saint-Marc a été présentée (Florence, museo di San Marco) en 1996.

Bartolomeo della Gatta (Pietro d'Antonio Dei, dit)

Peintre italien (Florence 1448  – dit 1502).

Les œuvres de jeunesse qui lui sont raisonnablement attribuées (Assomption de la Vierge, à S. Domenico de Cortone ; Sainte martyre et saint Jérôme, fresque à S. Domenico de Pistoi) permettent de penser qu'il se forma à Florence dans l'entourage de Verrocchio en même temps que Pérugin. Vers 1470, il entre dans l'ordre des Camaldules, prend le nom de Bartolomeo et se fixe définitivement à Arezzo. Piero della Francesca, qui décora l'église S. Francesco de cette ville, eut une profonde influence sur son œuvre. On retrouve la clarté lumineuse et le sens de l'espace du maître dans son Saint Laurent (1476, fresque à la Badia d'Arezzo), sa peinture datée la plus ancienne, et dans son Saint Roch (1479, pin. d'Arezzo). Bartolomeo travailla, en 1482-83, au cycle des fresques de la chapelle Sixtine en collaboration avec Pérugin (le Christ remettant les clefs à saint Pierre) et peut-être avec Signorelli (Testament et mort de Moïse). Sa collaboration avec ce dernier devait se prolonger quelques années ; il en retira lui-même plusieurs schémas de composition, tandis que, grâce à lui, la manière de Signorelli acquérait un certain fini flamand. Cependant, dans la Madone à l'Enfant entre les saints Pierre, Paul, Julien et Michel (1486) et dans les Stigmates de saint François (1487, pin. de Castiglione Fiorentino), Bartolomeo, se dégageant de l'influence de Signorelli, revient à ses compositions en perspective oblique. On ne possède aucun document concernant l'activité du peintre durant la dernière décennie du siècle, à moins qu'on ne lui attribue un ensemble d'œuvres regroupées sous le nom de " Maître de Griselda ". Ces peintures, d'une élégance graphique toute botticellienne, marquées de hachures serrées, d'ombres au relief profond, rappellent en effet celles de Bartolomeo della Gatta. Cet artiste en marge n'appartient vraiment à aucune des cultures prépondérantes de son temps. Son originalité et la haute qualité de son œuvre le situent au cœur des échanges artistiques qui unirent dans la seconde moitié du XVe s. la Flandre à l'Italie centrale (Piero di Cosimo, Biagio d'Antonio), la Toscane à l'Ombrie (Pérugin, Signorelli) et cette dernière à Venise (Piero della Francesca, Carpaccio).