Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Haacke (Hans)

Artiste allemand (Cologne 1936).

Après des études à l'école des Beaux-Arts de Kassel en 1956, il entame une carrière de peintre et de graveur et fréquente l'Atelier 17, créé par S. W. Hayter à Paris. En 1960 –1965, il se lie d'amitié avec Y. Klein et participe au groupe Zéro à Düsseldorf, où il enseignera en 1964 –65. Ses recherches sur la lumière, qui le rattachent au Lumino-Cinétisme, l'amènent à s'inspirer des systèmes biologiques. En 1963, il s'installe à New York et construit son premier cube de condensation qui réagit à l'environnement. Il poursuit ses recherches en incluant les plantes (Grass Cube, 1967 ; Wind in the Water, 1968 ; Grass Grow, 1970). Depuis 1970, orienté vers l'art conceptuel, il fait des rapports de l'argent, de la politique et de l'art le sujet de son œuvre en dénonçant certaines connexions : il met en accusation des firmes industrielles, qu'il critique tout en donnant une apparence anonyme à ses œuvres : Guggenheim, Mobil Oil, Fondation Cartier. Il crée des installations en utilisant une très grande variété de matériaux : peinture, béton, photographie, bougies, etc. Ses œuvres sont toujours accompagnées de commentaires sur les mécanismes souterrains des connivences de l'art et de la politique (Metro Mobiltan, 1985, Paris, M. N. A. M. ; le Must de Rembrandt, 1986). Une rétrospective lui a été consacrée (Barcelone, Fondation Tàpies) en 1995.

Haberlé (John)

Peintre américain (New Haven, Conn., 1856  – ? 1933).

Sa vie reste relativement mal connue. Il avait reçu une formation de dessinateur et fut préparateur au laboratoire de paléontologie de Yale University autour de 1880. Il est surtout connu pour ses trompe-l'œil, exécutés pour la plupart entre 1887 et 1894. Sa vue commençant à baisser, il dut se consacrer à d'autres sujets (The Changes of Time, 1888, coll. part. ; Grandma's Hearthstone, 1890-1894, Detroit, Institute of Art ; A Bachelor Drawer, id., New York, Metropolitan Museum). Il avait atteint dans son genre à une remarquable perfection illusionniste, se situant ainsi dans un courant où, au même moment, s'illustraient Peto, Harnett ou J. Decker (1853-1924). Th. B. Clark, qui commandita les deux derniers, acheta d'ailleurs aussi ses œuvres, goûtées par un public relativement populaire. Il se distingue cependant par son humour quelquefois très provoquant, et qui contribua à sa redécouverte au début des années 60.

hachures

Traits parallèles ou croisés par lesquels on indique le modelé (demi-teintes et ombres) dans un dessin ou une gravure.

Hackaert (Jan)

Peintre néerlandais (Amsterdam 1628/1629  – id.  1699/1700).

Issu d'une famille originaire d'Anvers, on sait peu de chose sur sa formation. Vers 1653-1656, il se rendit en Suisse, où il dessina un certain nombre de vues impressionnantes des Alpes. L'ambiance méridionale qui règne dans ses peintures justifie l'hypothèse d'un séjour en Italie pendant les deux années suivantes (Soir italien, Rotterdam, B. V. B.). À partir de 1700, il s'installe à Amsterdam. La plus grande partie de son œuvre est constituée par des paysages ondoyants, inondés d'une lumière vespérale orangée et sur lesquels se détachent de grands arbres (exemples au Petit Palais à Paris, à l'Ermitage, au Rijksmuseum, à la Wallace Coll. de Londres). La composition de ses tableaux est souvent un peu lâche : Paysage de montagne (Hambourg, Kunsthalle). On doit à Hackaert une trouvaille, réutilisée largement par les peintres du XIXe s. : un sous-bois où l'on ne perçoit que les troncs des arbres et la partie inférieure du feuillage ; le reste est dérobé à la vue, de sorte que le spectateur ne se trouve pas devant le bois, mais s'imagine entouré d'arbres : Chasse au cerf (Londres, N. G.). Le chef-d'œuvre de l'artiste demeure la Vue du lac Trasimène (Rijksmuseum). Les figures de ses tableaux sont parfois dues à Adriaen Van de Velde, à Johannes Lingelbach ou à Nicolaes Berchem. Les dessins de villes suisses qu'il exécuta sont incorporés au célèbre Atlas de Blaeu (43 dessins réalisés en 1655).

Hackert (Jacob Philipp)

Peintre et graveur allemand (Prenzlau  1737  – San Pietro di Careggi  1807).

Il entre en 1754 à l'Académie de Berlin, où il étudie la peinture de paysage dans l'esprit classique et copie Claude Lorrain et les paysagistes hollandais. À partir de 1762, il travaille à Stralsund, qu'il quitte en 1764 pour faire un voyage en Suède. Durant cette période, outre des paysages, il exécute quelques portraits et commence à graver des vues. De 1765 à 1768, avec une interruption en 1766, il séjourne à Paris et en Normandie. Il fait venir son frère Johann Gottlieb (Prenzlau 1744 - Bath, Angleterre, 1773) et peint en étroite collaboration avec celui-ci des paysages (musée de Reims), dont certains, à la gouache, sont alors très à la mode (Stockholm, Nm). Il copie Joseph Vernet (musée de Dessau), fait paraître des gravures et dessine d'après nature ruines et paysages (Louvre). En 1768, il part pour Rome. Ses nombreuses vedute de Rome et ses environs sont très appréciées, en particulier de lord Exeter, qui en achète un grand nombre. Anglais et Allemands viennent dessiner chez Hackert. Lors d'un voyage à Naples en 1770, les deux frères travaillent pour lord Hamilton. À partir de 1770 aussi, Hackert peint pour Catherine de Russie (en tout 13 tableaux, batailles navales et paysages). Après le départ de Gottlieb pour l'Angleterre en 1772, Hackert fait venir son autre frère Georg, qui gravera sur cuivre ses peintures, jusqu'après sa mort. En 1777, il visite la Sicile avec Charles Gore et Richard Ryne Knight. En 1778, il est en Italie du Nord et en Suisse. À Rome, il reçoit des commandes des princes Aldobrandini et Borghèse. À partir de 1782, il travaille pour le compte de Ferdinand IV, roi de Naples, et c'est dans cette ville qu'il rencontre Goethe en 1787. Il avait été nommé peintre de cour en 1786. Devant l'arrivée des armées françaises, il doit fuir (1799) et se retire dans les environs de Florence. Le schématisme de ses compositions (le Parc de Caserte avec le Vésuve, Caserte, Palazzo Reale) et la raideur de ses figures, flottant parfois dans l'espace (Paysage, musée de Budapest), vont de pair avec une grande ingénuité devant le motif, qui se traduit par une attention au réel manifeste jusque dans les détails, par une exécution appliquée et minutieuse ainsi que par une harmonie lumineuse et vivement colorée (Vendanges à Sorrente, 1784, Cologne, W. R. M. ; les Cascades de Tivoli, 1785, Hambourg, Kunsthalle). Bien qu'il ait été appelé " Hackert d'Italie ", il n'appartient pas du tout au Sud, mais à la tradition nordique réaliste. Il faut le replacer dans un des courants du paysage allemand en Italie, où vérité et poésie prédominent et dont Weirotter et Kniep sont aussi les représentants. L'importance de son art réside dans l'observation de la nature, plus que dans les éléments romantiques qu'il introduit (le Temple de Vesta à Tivoli, 1769, Düsseldorf, musée Goethe).

   Son succès vint surtout de sa découverte de certaines beautés de l'Italie restées inaperçues. Goethe a écrit la biographie de Hackert et publié une Théorie de la peinture de paysage par l'artiste qui rappelle, en bien des points, les principes énoncés par Valenciennes.