Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Coccapani (Sigismondo)

Peintre italien (Florence 1583  – id. 1643).

Élève de Cigoli, dont il fut l'aide à Rome, il peignit à fresque en 1613 une lunette du cloître de S. Marco à Florence. Peu de temps après, toujours à Florence, il exécute une toile du cycle dédié à Michel-Ange à la Casa Buonarroti. Cependant, ses meilleures qualités de coloriste fleuri et vivace se révèlent dans des tableaux de chevalet, comme le Concert de bohémiens (Florence, Coll. Corsini) ou la Jeune fille endormie (musée de Budapest), auxquels on redonne aujourd'hui toute leur valeur. Dans ces peintures, Coccapani obtient des résultats assez semblables à ceux de Fetti, avec qui il a été parfois confondu et qui avait, d'ailleurs, été son condisciple à l'atelier romain de Cigoli. La décoration de la chapelle Martelli dans l'église des S. Michele e Gaetano à Florence constitue sa dernière œuvre importante (1642).

Cochereau (Léon-Mathieu)

Peintre français (Montigny-le-Gannelon, Eure-et-Loir, 1793  – mer Ionienne 1817).

Il se fit remarquer au Salon de 1814 par une vue de l'Atelier de David (son maître), achetée par Louis XVIII (Louvre). Habile praticien de la perspective et de la lumière, il persista dans la peinture de genre avec le Boulevard des Capucines (1814, musée de Chartres) et le Peintre Prévost expliquant le principe du panorama (1816, id.). C'est lors d'un voyage, au cours duquel il devait aider son oncle Pierre Prévost, peintre de paysages, à relever des panoramas, qu'il mourut, probablement en mer Ionienne et non au large de Bizerte.

Cochin (les)

Famille d'artistes français d'origine champenoise.

Quelques peintres d'intérêt local répondaient déjà à ce nom, à Troyes, au cours du XVIe s.

 
Au début du XVIIe s. apparaît Noël (?), descendant probable des précédents, maître peintre dans la même ville v. 1606. Naquirent de son premier mariage Nicolas et d'une seconde union Noël, tous deux graveurs à l'eau-forte, mais dont les initiales, identiques, ont souvent provoqué la confusion de leurs œuvres respectives. Celles-ci constituent un ensemble assez important, composé de sujets religieux, de copies et de contrefaçons de Callot, de paysages, de scènes de chasse, de vignettes et de planches d'histoire.

 
Nicolas (Troyes 1610 – Paris 1686 [?]) est signalé à Paris en 1644 comme peintre-graveur. Il y est encore en 1649, mais on ignore la suite de sa carrière tout comme la date de sa mort. On lui attribue avec certitude des reproductions de thèmes religieux et la gravure des planches du Recueil des divers portraits des principales dames de la porte du Grand Turc (Paris, 1648) ainsi que des imitations de Jacques Callot (la Prédication de saint Jean-Baptiste, Paris, B. N.).

 
Noël (Troyes 1622 – ?) travailla également à Paris, mais on ne possède aucune certitude sur l'évolution de sa carrière et la fin de sa vie. Il a signé de son prénom sa participation au recueil de S. von Pufendorf, Histoire du règne de Charles-Gustave de Suède (Nuremberg, 1697), et quelques planches des Glorieuses Conquêtes de Louis le Grand, du chevalier de Beaulieu. L'ensemble du volume, qui relate les campagnes de Louis XIV de 1630 à 1676 et qu'on appelle aussi Grand Beaulieu, a été réalisé par les Cochin et les Pérelle. Il comporte de nombreuses estampes signées d'un seul N. précédant le nom de Cochin et, par conséquent, attribuées aux deux frères, mais qu'on présume être de la main de Noël. Celui-ci ne doit pas être confondu avec le peintre paysagiste Noël-Robert (?), qui vivait à Venise vers le milieu du XVIIe s. et dont le fils et homonyme Noël-Robert (?), graveur, collabora au recueil Tabellae selectae ac explicatae de Caroline Catherine Patin, publié à Padoue en 1691.

   On ignore tout du peintre Charles (?) , dont les gendres Nicolas Tardieu et A. S. Belle et le fils Charles-Nicolas jouèrent un grand rôle dans le milieu artistique parisien de la première moitié du XVIIIe s.

 
Charles-Nicolas, dit le Père (Paris 1688 –id. 1754) , commença à graver vers vingt-deux ans après une formation de peintre dans l'atelier familial. Il fut reçu académicien en 1731, sur présentation des portraits d'Eustache Le Sueur et de Charles Sarrasin. Considéré comme l'un des meilleurs et des plus complets parmi les graveurs de reproduction de son temps, il a laissé une œuvre considérable, tant par le nombre (plus de 300 pièces) que par la qualité. Ses estampes à l'eau-forte reprise au burin sont des modèles de gravure libre qui témoignent, en outre, d'un rare souci d'adaptation aux peintres interprétés. Parmi ceux-ci figurent principalement Lajoue, Lancret, de Troy (le Jeu du pied de bœuf, 1735), Watteau (la Mariée de village, 1729 ; l'Amour au théâtre italien, 1734) et surtout Chardin (la Blanchisseuse, 1739 ; le Garçon cabaretier, 1740). Collaborateur de son fils, Charles-Nicolas reproduisit les fêtes de la Cour : le Bal paré (1746) ; le Bal masqué (id.) ; le Jeu du roi (1747). Il a également participé à la réalisation de grandes entreprises de gravure : la suite de D. Quichotte d'après Ch. A. Coypel (1724), le Cabinet Crozat (1729), l'Histoire de l'hôtel royal des Invalides (1736).

 
Leur fils et élève, Charles-Nicolas, dit le Fils (Paris 1715 – id. 1790), fréquenta les ateliers de Restout et de Le Bas, qui lui apprit la technique de l'eau-forte. Il débuta brillamment comme dessinateur et graveur des Menus-Plaisirs en 1739 : exactitude, gentillesse, légèreté et une imagination plus vive que celle de son père lui permettent alors de faire revivre les cérémonies de la Cour, où triomphent les mises en scène des frères Slodtz. Il a dessiné et gravé lui-même la Pompe funèbre de la reine de Sardaigne (1743), la Cérémonie du mariage de Louis Dauphin de France avec Marie-Thérèse Infante d'Espagne (1746). Le Bal paré dans la petite écurie, le Bal masqué dans la galerie des Glaces, la Décoration de la salle de spectacle, réalisés à l'occasion de ce même mariage et dont le Louvre conserve les dessins, ont été gravés par son père (1746). Cette série, la plus brillante de l'œuvre de Cochin le Jeune, s'achève sur la Pompe funèbre de la Dauphine à Notre-Dame et son Enterrement à Saint-Denis (1748). Un voyage en Italie (1749-1751), en compagnie du marquis de Vandières, de Soufflot et de l'abbé Leblanc, clôt cette période : dès son retour, Cochin est reçu à l'Académie (Lycurgue blessé, 1751, Louvre, cabinet des Dessins) et, protégé par Mme de Pompadour, dont il est le maître à dessiner, il devient garde des Dessins du roi (1752). Il réalise alors des illustrations moins spontanées, dirige certains grands travaux de gravure (les Conquêtes de l'empereur de la Chine d'après les dessins d'Attiret, 1767-1773), mais ne grave pratiquement plus, si ce n'est, en collaboration avec Le Bas, la série des Ports de France d'après les originaux de J. Vernet (Louvre), commande du marquis de Marigny, dont la publication s'échelonne de 1761 à 1778. Son rôle est désormais tout autre : en 1755, Cochin est nommé secrétaire de l'Académie et commence une carrière de théoricien et de critique d'art. Le chroniqueur des Fêtes, le dessinateur de mille détails gracieux se fait le censeur de la Rocaille en de multiples pamphlets qui seront rassemblés dans ses Œuvres diverses (3 vol. 1771). Partisan modéré du retour à l'Antique (Observations sur les fouilles d'Herculanum, 1754), il tire toute la leçon de son voyage d'Italie dans le Recueil de notes sur les ouvrages de peinture et de sculpture qu'on voit dans les principales villes italiennes (3 vol., 1758). Ses opinions sur la peinture — essentiellement, la défense du " grand art " — seront de nouveau développées dans les Lettres à un jeune artiste peintre (v. 1774). À l'influence du critique s'ajoute celle du conseiller artistique, qui se voit confier par le marquis de Marigny, devenu son ami, le menu détail de l'administration des Beaux-Arts : en ce domaine, son influence fut considérable, et il usa volontiers de son crédit pour faire valoir ses idées et ses goûts (Diderot le consultait avant de rédiger ses Salons).

   En marge de ses activités, Cochin n'a cessé, durant toute sa carrière, de travailler pour le livre illustré. Son nom même était devenu synonyme de " vignette ". Citons parmi les innombrables ouvrages auxquels il a participé : les Œuvres de Virgile (1743, gravées par son père), les Fables de La Fontaine (éd. dite " d'Oudry ", 1755-1759, 4 vol.), l'Histoire du règne de Louis XV (1753-1770). L'œuvre du dessinateur qui a fondé sa réputation ne doit pas faire oublier l'art du graveur (on compte plus d'un millier de pièces de sa main). Ses médaillons, portraits dessinés de ses contemporains les plus célèbres, ont été gravés par lui (le Comte de Caylus, 1750 ; Monsieur de Vandières, 1752 ; J. Restout, 1753 ; le Duc de La Vallière, 1757) avant d'être reproduits par ses confrères. Un ensemble complet de son œuvre gravé, provenant de la Bibliothèque du roi et probablement constitué par l'artiste lui-même, est conservé à Paris au cabinet des Estampes de la B. N.