Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Marées (Hans von)

Peintre allemand (Eberfeld  1837  – Rome  1887).

Il fit ses premières études à Berlin de 1853 à 1855 dans l'atelier de Carl Steffeck. De 1857 à 1864, il travaille à Munich, peint des scènes militaires (Soldats au fourrage, 1862, Wuppertal, Von der Heydt Museum) et des portraits inspirés de Rembrandt. En 1863, il crée sa première œuvre vraiment personnelle, le Bain de Diane (Munich, Neue Pin.), composée d'un groupe de nus décoratifs se détachant sur un fond de paysage. De 1864 à 1870, son évolution stylistique se poursuit en Italie, où il rencontre Feuerbach, sous l'influence dominante de la peinture du cinquecento. Grâce à l'aide matérielle que lui donne le philosophe Konrad Fiedler, Marées peut réaliser ses projets artistiques. En 1869, il entreprend un voyage en Espagne, en France, en Belgique et en Hollande où il s'intéresse à la peinture ancienne (Philippe et l'eunuque, 1870, musées de Berlin). De 1870 à 1873, il travaille à Berlin et à Dresde. À Naples, en 1873, il décore avec Hildebrand (Autoportrait avec Hildebrand, 1873, Wuppertal, Von der Heydt Museum) la salle de la bibliothèque de l'Institut zoologique allemand de fresques illustrant la vie des paysans et des pêcheurs de la région. En 1874-75, il réside à Florence, puis à Naples et enfin à Rome, où il restera jusqu'à sa mort. À partir de 1874, ses compositions représentent presque uniquement des groupes de corps nus aux carnations lumineuses sur un fond de paysage sombre dont le rôle accessoire consiste surtout à servir de lien entre les figures et où se fonde un nouveau rapport à l'Antiquité. Ses personnages sont l'image d'une humanité supérieure. Son art, chargé de préoccupations éthiques (l'Âge d'or, 1879-85, Munich, Neue Pin.), séduit par sa recherche passionnée de pureté formelle. Brossées dans une pâte généreuse et travaillée (Ganymède, 1887, Munich, Neue Pin.), ses scènes toujours très claires sont savamment équilibrées par des formes contrebalancées et se détachent dans une atmosphère crépusculaire. Marées reprenait souvent ses œuvres principales. À partir de 1879, il exécute de grands triptyques, comme les Hespérides (2e version de 1884-1887), les Trois Cavaliers, saint Martin, saint Hubert et saint Georges (1885-1887) et Die Werbung (1885-1887), tous conservés à Munich (Neue Pin.). Vers 1874, sa production graphique atteint une rare qualité. La plupart de ses dessins sont des études préliminaires pour ses peintures (Ausfahrt der Fischer, Wuppertal, Von der Heydt Museum). Ceux de ses dernières années sont parmi les plus beaux que l'on connaisse dans ce genre en Allemagne au XIXe s.

   Le meilleur élève du peintre fut le sculpteur Adolf von Hildebrand. Von Marées, qui ne connut pas la célébrité de son vivant, fut universellement reconnu après l'importante rétrospective qui eut lieu à Munich et à Berlin en 1908-1909. Il est surtout représenté à Munich (Neue Pin.), à Berlin, à Dresde (château de Pillnitz), à Hambourg, à Mannheim, à Wuppertal.

Marfaing (André)

Peintre et graveur français (Toulouse 1925  – Paris 1987).

Il a commencé à travailler dans un atelier de sculpture avant de se consacrer à la peinture. Il voyage en Espagne, découvre Goya à Castres et au Prado, et admire en même temps Rembrandt. Après une première exposition à Toulouse en 1946, il se fixe à Paris en 1949, participe au Salon de la jeune peinture en 1950, au Salon de mai en 1953 et au Salon des Réalités nouvelles l'année suivante. Figuratif à ses débuts, il s'est orienté depuis 1953 vers l'abstraction. Il peint d'abord des toiles gris et ocre, très empâtées, puis va s'exprimer dans des contrastes violents de noir et blanc d'une rare qualité. Il a produit également des gravures et des lavis marqués par la même vigueur tonale : Peintures sur papier, 1964. Il représente la France à la Biennale de Venise de 1959 et expose dans de nombreuses galeries en France et à l'étranger, avant d'être emporté, en 1987, par une leucémie. Une rétrospective lui a été consacrée (La Tronche, Isère, musée Hébert) en 1996.

Margarito d'Arezzo

Peintre italien (actif au XIIIe s.).

Un document de 1262 le concerne vraisemblablement, mais on ne sait pas avec certitude si ses œuvres connues appartiennent à la première ou à la seconde moitié du XIIIe s. Une inscription datant de 1636, relative à une Madone à l'Enfant sur un trône (Montelungo, près d'Arezzo, église S. Maria), nous donne un renseignement sans doute tiré de l'inscription originale ; ce panneau aurait été peint par Margarito en 1250. On estime généralement que cette œuvre serait la dernière en date parmi les œuvres documentées du peintre arétin, qui auraient été exécutées successivement entre 1230 et 1250 env. et dans l'ordre suivant : Saint François, signé, mais remanié (musée d'Arezzo) ; devant d'autel (la Vierge et l'Enfant, scènes de la Navitité et de la vie des saints), signé (Londres, N. G.) ; Madone avec quatre scènes de la vie de la Vierge (S. Maria delle Vertighe à Monte S. Savino, près d'Arezzo) la Madone de S. Maria de Montelungo (signée et datée de 1250 si l'on donne foi au relevé de la date au XVIIIe s.) ; enfin, la Croix peinte de Pieve di Arezzo. Si cette reconstitution est exacte, elle expliciterait les rapports entre Margarito et certains peintres florentins de l'époque, comme le Maître du Bigallo. Margarito aurait exercé une influence sur les Florentins, thèse plus vraisemblable que celle qui supposerait une influence des Florentins sur lui. Les modèles byzantins vers lesquels se tourne le peintre ne sont pas encore ceux qui eurent une grande vogue à Florence dans la seconde moitié du XIIIe s., caractérisés par un linéarisme compliqué et mécanique.

   La préférence de Margarito pour la simplification formelle, sa vivacité expressive, son goût des ornements et des étoffes riches démontrent sa connaissance d'exemples plus anciens et d'origine populaire remontant aux courants copto-syriaques de l'époque paléochrétienne. Arétin également, Vasari s'est particulièrement intéressé à Margarito, lui attribuant, en plus de son activité de peintre, un rôle d'architecte que la recherche moderne n'a pas encore corroboré.