Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Verelst (les)

Peintres néerlandais.

 
Pieter (Dordrecht v.  1618  – ? apr.  1668). Élève de Dou, il est inscrit en 1638 à la gilde de Saint-Luc de Dordrecht. De 1643 à 1668, il réside à La Haye. Il peignit des scènes de genre, inspirées de Van Ostade, et des portraits : Tête de vieillard (musée de Toulouse), Famille hollandaise (1665, Haarlem, musée Frans Hals), Portrait de femme (musée de Dijon), qui, par leur atmosphère, font penser à Rembrandt.

 
Son fils Herman Pietersz (La Haye 1641/42 –Londres v. 1690) fut son élève. Il est inscrit en 1663 à la gilde de La Haye, dont il est maître en 1666 ; de 1667 à 1670, il est à Amsterdam. En 1683, il part rejoindre son frère en Angleterre, où il restera. Il peignit des portraits : Johann de Witt et sa femme (Rijksmuseum), William Russel, 1er duc de Bedford (Woburn Abbey, coll. du duc de Bedford).

 
Simon Pietersz (La Haye 1644 – Londres 1721) , frère du précédent, le plus important peintre de la famille, fut aussi l'élève de son père. Membre de la confrérie Pictura de La Haye en 1663, il se fixa à Londres en 1669 et entra au service du duc de Buckingham. Il peignit des sujets de fleurs (Vase de fleurs, musées de Grenoble et de Reims), des portraits entourés de guirlandes mais aussi des portraits d'un style plus officiel, mais non moins élégant (Femme de qualité, Louvre, autref. à Compiègne) et qui furent très appréciés, les commentaires de l'écrivain anglais Samuel Pepys nous le font savoir. À la fin de sa vie, atteint de folie, Simon Pietersz s'intitulait le " Dieu des fleurs ". On le soigna sans toutefois le guérir, et ses dernières œuvres sont nettement plus médiocres.

Vergara (José)

Peintre espagnol (Valence 1726  – id. 1799).

Fécond autant qu'habile, instaurateur à Valence avec son frère aîné, le sculpteur Ignacio (1714 – 1776), des disciplines académiques et d'un Néo-Classicisme assez éclectiquement modéré, José Vergara a régné sur la peinture valencienne de la seconde moitié du XVIIIe s. Par ses mérites de professeur et son prestige, il a contribué à un renouveau incontestable, mais il est responsable aussi d'une facilité un peu molle, qui est le lot de ses héritiers comme le sien. Fils de sculpteur, venu très jeune à la peinture, il fonde en 1744 une école de dessin placée sous l'égide de la patronne de la reine (" Santa Bárbara "), alors que l'Académie de Madrid est encore dans les limbes. Son école deviendra en 1768 l'Académie de San Carlos, filiale de celle de Madrid et dont il sera l'organisateur et, à plusieurs reprises, le directeur. La virtuosité de Vergara apparaît surtout dans les nombreuses fresques exécutées pour les églises de Valence (1760, Sainte Rose de Lima ; chapelle Saint-Vincent-Ferrier du couvent dominicain) et en dehors de la capitale pour Saint-Jean-Baptiste de Chiva (1769-1790) et le baptistère de la cathédrale de Palma. Pour toutes ces compositions le musée de Valence conserve une série importante de dessins préparatoires. Ses peintures sur toile ou sur bois, aussi bien religieuses (Immaculée à la cathédrale de Valence, Sainte Famille au musée), que profanes (Télémaque dans l'île de Calypso, 1754, Madrid, Academia S. Fernando), sont souvent dépourvues de sentiment personnel. En revanche, ses portraits, fermes de dessin et souples d'exécution (Autoportraits à l'Academia San Fernando à Madrid et au musée de Valence, Portrait de son frère Ignacio au même musée), justifient pleinement sa renommée.

Vergos (les)

Famille de peintres espagnols actifs en Catalogne dans la seconde moitié du XVe s.

Cette dynastie de peintres catalans tint une place importante dans la peinture barcelonaise, surtout dans les dernières années du XVe s., pendant la vieillesse et après la mort de Jaime Huguet (1492) ; l'atelier des Vergos collabora étroitement avec ce maître et recueillit peut-être sa succession. Son caractère assez industriel rend presque impossible la différenciation des divers membres de la famille et l'identification d'œuvres dont beaucoup, attribuées massivement aux Vergos par les premiers historiens de la peinture catalane, leur ont été retirées par la suite. Aucune œuvre certaine n'a survécu des " fondateurs ", Jaime Vergos I (doc. 1425 à 1460) et Francisco Vergos II († 1503) , peintre connu (il fut conseiller municipal), ni aucune œuvre de son second fils, Rafael, tous trois apparaissant comme des satellites du fils aîné, Pablo († 1495) , le grand nom de la famille, auquel ils survécurent. Le retable de Granollers (M. A. C. de Barcelone), commencé par Pablo en 1493, fut terminé par eux en 1506. Si les scènes de la Vie de saint Étienne sont un reflet affaibli de l'art de Jaime Huguet, les grandioses figures de Prophètes attestent à la fois la vigueur de Pablo et son archaïsme, avec leurs couronnes d'or compliquées chargées de reliefs en stuc, leur indifférence à l'espace et au mouvement.

Verhaecht (Tobias)

Peintre flamand (Anvers 1561  – id. 1631).

Maître en 1590, il se consacra essentiellement, après un séjour en Italie, à la peinture de Paysages animés (Ermitage ; Bruxelles, M. R. B. A. ; Munich, Alte Pin. ; musée de Saint-Omer) et à la représentation du thème de la Construction de la tour de Babel (Mayence, Mittelrheinisches Landesmuseum). Ses paysages sont encore conçus dans la tradition du XVIe s., mais, parfois, l'ampleur des panoramas évoque l'art de Joos de Momper. Verhaecht témoigne, surtout dans ses dessins (Paris, E. N. B. A.), de l'évolution du style maniériste vers le baroque. Il eut parmi ses élèves Rubens, sur qui il ne semble pas avoir eu d'influence.

Verhaegen (Pieter Josef)

Peintre flamand (Aerschot 1728  – Louvain 1811).

Élève de Beschey, il fut influencé par Rubens et par Crayer. À partir de 1753, il se fixa à Louvain, qu'il quitta pendant deux ans (1771-1773) pour voyager en France, en Italie et en Autriche. En 1771, il était nommé, par Charles de Lorraine, peintre ordinaire de la cour de Bruxelles, et Marie-Thérèse lui accorda ensuite le titre de premier peintre de Sa Majesté. En 1800, Verhaegen devait fonder l'École des beaux-arts de Louvain. Il est peintre de portraits ainsi que de sujets historiques et religieux, et ses meilleurs tableaux, les Disciples d'Emmaüs (1779, Bruxelles, M. R. B. A.), le Festin de Balthazar (id). le Festin d'Hérode (musée de Dijon), exécutés en 1783 pour l'abbaye de Saint-Bernard-sur-Escaut à Hernixem, les deux Continences de Scipion (musée de Valenciennes), le Martyre de saint Jacques (1765, Louvain, église Saint-Jacques) et le Calvaire (Louvain, Béguinage), révèlent un artiste baroque avant tout coloriste somptueux qui eut l'audace de poursuivre le lyrisme rubénien à une époque tout autre, dans des toiles de très grand format. Insensible à la révolution davidienne, il ne le sera pas moins à l'art italien et demeure fidèle à Rubens et à Gaspar de Crayer. Il se fit aider par son frère aîné, Jan Josef (Aerschot 1726-Louvain 1795) , épigone attardé de Téniers, qui dut son sobriquet de " Pottekens " (le petit pot) à ses Natures mortes de vaisselle (un bel exemple au musée de Besançon).