Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Canova (Antonio)

Sculpteur et peintre italien (Possagno, Trévise, 1757  – Venise 1822).

Canova exerça son activité de peintre, qui fut beaucoup moins importante que son activité de sculpteur, entre son premier séjour à Venise et 1800 (Complainte du Christ, 1799, Passagno, Tempio et Venise, musée Correr). Dans ses tableaux à sujets mythologiques, il interprète d'une manière " moderne ", adoptant le langage de Batoni et de Mengs, le Classicisme du cinquecento. Certains de ses premiers thèmes picturaux (Vénus et Satyre, 1785-1790, Possagno, Gipsoteca Canoviana) se retrouveront plus tard développés en sculpture (Vénus victorieuse). Ses portraits (l'Antiquaire Amedeo Svaier, v. 1777-1779, Venise, musée Correr ; Autoportrait, 1792, Offices ; Portrait de la Giuli, 1798-99, Possagno, Gipsoteca Canoviana), dans lesquels l'influence de la culture vénitienne prévaut sur le goût romain, présentent un plus grand intérêt. Le musée Correr à Venise et celui de Bassano conservent un ensemble de dessins de l'artiste. Une importante rétrospective a été consacrée à Canova (Venise, Musée Correr et Possagno, Gipsoteca Canoviana) en 1992.

Cantarini (Simone)

Peintre italien (Pesaro 1612  – Vérone 1648).

Originaire d'une ville qui lui offrait peu d'exemples d'art " moderne ", il se rend très tôt à Bologne, où, v. 1634, il est l'élève de Guido Reni. Dès ses premières œuvres, Cantarini fait preuve d'un délicat naturalisme, que soulignent des clartés argentées et qui, par-delà la beauté, exprime les sentiments profonds d'un humanité passionnée et douloureuse. Il rentre à Pesaro en 1639 : renforcée par l'exemple des œuvres que Gentileschi avait laissées dans les Marches, son orientation naturaliste s'affirme. Avant de revenir à Bologne, v. 1642, il séjourne à Rome, où — en peinture comme en gravure, expression dans laquelle, comme Pietro Testa, il fait autorité — il adopte la nouvelle manière néo-vénitienne. Bien qu'il n'obtînt jamais une réelle notoriété et malgré la brièveté de sa carrière, on le tient néanmoins aujourd'hui, en raison de la force pathétique de sa peinture, du raffinement et de l'éclat de son coloris, pour un des meilleurs artistes italiens de son temps. Parmi ses principales œuvres, on peut citer : la Vierge avec trois saints (Bologne, P. N.), plusieurs compositions sur le thème du Repos de la Sainte Famille (Brera ; Louvre ; Rome, Gal. Doria, Pamphili), un Miracle de saint Pierre (Fano, église S. Pietro in Valle).

Canuti (Domenico Maria)

Peintre italien (Bologne 1620  – id. 1684).

Formé dans la tradition de Ludovico Carracci, il assimila — en étudiant en particulier les fresques de Pierre de Cortone au cours de son séjour à Rome (1651) — les éléments nouveaux apportés alors par la peinture baroque. Il connut un grand succès à Bologne, où sa décoration à fresque du plafond du palais Pepoli, celle de la bibliothèque et de la coupole de S. Michele in Bosco comptent parmi les œuvres essentielles du baroque bolonais. En 1672, il était retourné à Rome pour peindre la voûte de l'église S. Domenico et Sisto, où il adopta des solutions décoratives fort audacieuses, qui font de l'œuvre l'un des plafonds les plus spectaculaires de l'époque.

Capanna (Puccio)

Peintre italien (actif durant le deuxième quart du XIVe siècle).

Cet artiste est connu par des documents en 1341 et 1347, ainsi que par Vasari qui le dit florentin et élève de Giotto. La comparaison entre une Vierge à l'Enfant fragmentaire du musée d'Assise, qui pourrait faire partie d'un ensemble de fresques dont Puccio Capanna reçut la commande en 1341, et le groupe de fresques et de petits panneaux réunis par R. Longhi, pour des raisons stylistiques, sous le nom mythique de " Stefano ", a conduit la plupart des historiens à transférer sous le nom de Capanna une bonne partie de l'œuvre de Stefano, l'un des disciples les plus originaux de Giotto, travaillant surtout à Assise ainsi qu'à Florence et peut-être en Lombardie.

Čapek (Josef)

Peintre tchèque (Hronov nad Metují  1887  – Bergen-Belsen  1945).

Il se forma à l'École des arts et métiers de Prague et à Paris. En 1911-12, il fut rédacteur du mensuel Umělecký Měsíčník, revue d'art où s'exprimait la jeune génération. Il participa à la fondation du groupe des Plasticiens (1911), puis à celle du groupe des Obstinés (1918). Il emprunta au Cubisme français certains procédés qu'il sut allier à sa vision lyrique, du monde simple de la vie quotidienne. Dans ses premiers tableaux, on perçoit parfois une note d'exotisme (le Marin, 1913, musée de Prague). En 1920, il réalise encore des œuvres par une décomposition cubiste, par plans, dans l'esprit de certaines œuvres de Juan Gris ou de Kasimir Malevitch (le Roi nègre, 1920, Prague, N. G.). Plus tard, son attention se tourne vers la vie des banlieues misérables (l'Homme au sac, 1926, id.). Frère de l'écrivain Karel Čapek (1890-1938), il se consacra également à l'art du livre et laissa de nombreux écrits et critiques d'art. On lui doit aussi plusieurs décors de théâtre. De 1928 au début des années 1930, Čapek peint une série de toiles à motifs d'enfants et de campagne, dans un style très simple (Vacances, Olomouc, galerie régionale des Beaux-Arts), avant d'exécuter des œuvres plus expressionnistes (le Peuple, 1933, Ostrava, galerie des Beaux-Arts). Vers la fin des années 30, il peignit les cycles des Feux (1938, musée de Prague) et des Aspirations (1939, id.), dirigés contre le fascisme. Il est représenté au musée de Prague, qui lui a consacré une rétrospective en 1979. Des œuvres de l'artiste ont été présentées à l'exposition Cubismes tchèques (Paris, C. C. I.) en 1992.

Capogrossi (Giuseppe)

Peintre italien (Rome 1900  – id.  1972).

Il séjourne à Paris de 1927 à 1933 et son œuvre évolue lentement du réalisme à l'abstraction. En 1948, sa peinture encore figurative se rattache à la Scuola Romana (école romaine). À partir de 1949, il devient l'un des plus importants représentants de la peinture abstraite en Italie. Faisant radicalement table rase de ses expériences précédentes, il invente un schéma non figuratif obtenu par l'extrême simplification d'un signe et sa réduction à une forme graphique constante : un " E " dont le jambage gauche est arrondi. Cette " lettre " pure prend alors une valeur de symbole et, répétée sur un fond vide et neutre, devient en même temps la base rythmique de la composition ainsi que la forme elle-même. À partir de 1928, il figure régulièrement aux Biennales de Venise et participe en outre aux plus importantes manifestations internationales. Dès 1950, il expose avec le groupe romain Origine. En 1962, le Guggenheim Museum de New York lui a consacré une rétrospective, ainsi que la Biennale de Venise. Ses œuvres sont conservées dans de nombreux musées européens et américains (New York, M. O. M. A. ; Londres, Tate Gal. ; Rome, G. A. M. : Superficie n° 35, 1959).