écaillement
Altération de la couche picturale caractérisée par un manque partiel d'adhérence de celle-ci au support ou à la préparation. L'écaillement est dû le plus souvent à un clivage entre les différentes parties de la couche picturale. Dans la peinture à l'huile, il est dû à l'excessive siccité des couleurs, pouvant résulter de la vétusté du tableau, par suite des mauvaises conditions de conservation. L'écaillement des peintures sur panneaux peut être provoqué par le dessèchement du bois, le travail des vers ou la décomposition du support.
échappée
Vue éloignée dans un paysage ou dans une composition. Échappée de lumière, lumière qui passe entre plusieurs corps et qui éclaire une partie du tableau.
Echevarría (Juan de)
Peintre espagnol (Bilbao 1875 – Madrid 1931).
Destin curieux que celui de cet artiste solitaire, longtemps considéré comme un amateur et qui apparaît aujourd'hui comme un précurseur. Appartenant à une famille d'industriels de Bilbao, il fut élève du lycée d'Angoulême et passa par Eton College avant de poursuivre des études d'ingénieur en Saxe. De retour à Bilbao, après une crise spirituelle qui suivit la mort de sa mère, il abandonna les affaires paternelles, puis s'installa à Paris. Il y travailla avec acharnement, très influencé par Gauguin et Cézanne, ami de Degas et de Vuillard comme de Picasso et des Espagnols de Montmartre, exposant au Salon d'automne depuis 1908 pour ne rentrer en Espagne qu'en 1914. Fixé à Madrid, il y demeura à l'écart des coteries, fréquentant plutôt les écrivains. Son œuvre a contribué, au même titre que celle d'Iturrino, à acclimater en Espagne une vision " moderne ", plus proche d'ailleurs des Nabis que des fauves. Mais c'est seulement avec le recul du temps — et notamment avec la grande exposition rétrospective de 1955 au M. A. M. de Madrid — qu'elle a pris toute sa dimension, avec son mélange d'âpreté et de tendresse, de rigueur constructive et de chromatisme raffiné. Très variée, elle comprend à la fois : des paysages castillans (Ávila) et basques (Pasajes, Ondarroa), d'un sentiment aussi intense que celui des paysages de Zuloaga, mais d'une construction plus schématique ; des vues urbaines, prises souvent d'un balcon de Madrid ; des types populaires, basques ou gitans, d'une grave tristesse ; des natures mortes, fleurs ou poteries, d'une légèreté et d'une fraîcheur de tons rares dans la peinture espagnole. Mais Echeverría est aussi le meilleur portraitiste de l'Espagne de son temps, le témoin des écrivains de sa génération, Unamuno, Baroja, Juan Ramón Jimenez, Maeztu, Valle Inclan, dont il a donné des effigies " expressionnistes ", souvent tourmentées (" ascétiques et monstrueuses ", selon Valle Inclan), et dont nul n'a mieux exprimé l'inquiétude. Il est bien représenté aux musées de Bilbao et de Madrid (M. E. A. C.).
Eckart (Christian)
Artiste canadien (Calgary, Alberta, 1959).
Le travail de Christian Eckart est une analyse des différentes conventions présidant à l'élaboration, l'usage, la réception et la conservation des œuvres d'art. L'omniprésence du monochrome, débarrassé des spéculations esthétiques avant-gardistes, le rappelle à son existence industrielle (Formica, carrosserie automobile, matières plastiques) et intègre la démarche de Christian Eckart dans un système d'objets sémantiquement codés déjouant la sacralisation mise en œuvre par l'histoire de l'art.
Les cadres dorés à la feuille, relevant de l'artisanat de luxe, désignent et exposent l'à-côté du tableau : le musée et ses cimaises (Icon Type 801, 1987, musée de Grenoble). Dans cet esprit, certaines œuvres constituées uniquement d'une moulure dorée viennent encadrer le mur nu (Eidolon, 1990), alors que d'autres offrent au regard un décalage asymétrique de surfaces planes (White Painting, 1990). Quant aux coups de brosse pétrifiés, ils sont une objectivation de la touche " expressionniste ", sur le fond d'or métaphorique de la peinture religieuse. Récemment, Christian Eckart a délaissé les moulures pour se consacrer à des assemblages de panneaux émaillés dans les tons pastel propres au kitsch des produits de grande consommation. Un autre aspect de son travail se présente sous forme de blocs-couleurs monolithiques et monochromes (bleu, rouge, jaune, vert) dont les côtés exhibent une menuiserie vierge (Regular Painting, 1990-91). Les " objets " d'histoire de l'art ainsi obtenus, dans un moyen terme entre " la basilique et le brico-center ", sont les médiateurs d'un questionnement sur le statut idéal de l'œuvre d'art. D'autres œuvres, laquées sur aluminium, présentent des bandes verticales (Sacra Conversazione 1304, 1992). En 1986, Christian Eckart a participé à l'exposition " Tableaux abstraits " à la villa Arson de Nice, en 1990, à l'exposition " La couleur seule : l'expérience du monochrome " au musée d'Art contemporain de Lyon. Une exposition personnelle lui a été consacrée (Meymac, centre d'Art contemporain) en 1993.
Eckersberg (Christoffer Wilhelm)
Peintre danois (Blåkrog, Jutland-Sud, 1783 – Copenhague 1853).
Formé à l'Académie de Copenhague dans l'atelier de N.A. Abildgaard, il fut influencé par le Néo-Classicisme français pendant son séjour à Paris (1810-1813), où il étudia sous la direction de David (septembre 1811-juin 1813). Sa correspondance et son journal sont une précieuse source d'information sur la personnalité et l'enseignement de celui-ci. Il exécute alors des compositions historiques comme Agar et Ismaël dans le désert (1812-1813, Nivagaard Samling). Il se montre attentif aux valeurs dans certaines études d'après le modèle vivant (Étude de nu, 1813, Copenhague, S.M.f.K.). Paris et ses environs lui inspirent aussi des vues délicates : l'Orée du bois de Boulogne (1812, Copenhague, C. L. Davids Samling), les Environs de Meudon et le pont Royal (1813, Copenhague, S. M. f. K.). À Rome, où il séjourne à partir de 1813, il prend contact avec son compatriote Thorvaldsen, dont il fait un portrait monumental (1814, Copenhague, Académie royale des beaux-arts), et peint le Portrait d'une jeune femme, autrefois dit " d'Anna Magnani " (1814, Copenhague, Hirschsprungske Samling), ainsi que des tableaux d'histoire (Alcyone, 1813, Copenhague, S. M. f. K. ; le Passage de la mer Rouge, 1813-1816, id.) et surtout une belle série de vues de Rome et de ses environs, exécutées en partie sur le motif et caractérisées par un dessin précis, un luminisme raffiné et des tonalités très claires (Vue de la Voie sacrée, Copenhague, N. C. G. ; Vue prise du Colisée, la Villa Borghèse, la Villa Albani, Fontana Acetosa, Copenhague, S. M. f. K. ; la Place Saint-Pierre, le Colisée, Copenhague, musée Thorvaldsen ; la Colonnade de Saint-Pierre, Copenhague, C. L. Davids Samling). Après Valenciennes et avant Corot, il se classe parmi les interprètes les plus délicats du paysage romain. Il s'inspire aussi parfois de la vie populaire italienne (Devant la Porte sainte à Saint-Pierre, 1814-1815, Nivagaard Samling ; Carnaval romain, 1815, Copenhague, S. M. f. K.), qu'il décrit avec un goût très sûr. De retour à Copenhague en 1816, il devient membre de l'Académie en 1817, puis, en 1818, professeur, et reçoit v. 1828 la commande de tableaux illustrant l'histoire danoise pour le palais de Christiansborg, tâche qui contrarie quelque peu sa nature. En revanche, dans ses nus (Femme au miroir, 1837, Copenhague, Hirschsprungske Samling ; le Modèle, 1839, Louvre) et ses portraits (le Baron et la baronne Bille Brahe, 1817, Copenhague, N.C.G. ; Madame Lovenskjold et sa fille, 1817, Copenhague, S. M. f. K. ; la Famille Nathanson, 1818, id. ; Émilie Henriette Massmann, 1820, id. ; les Sœurs Nathanson, 1820, id.), il affirme un classicisme d'une stricte élégance. Il a laissé d'admirables paysages de la campagne et des côtes danoises, lumineux et toujours construits avec une grande netteté. Il se fit une spécialité des vues de ports et de bateaux, qu'il détailla avec une précision attestant sa parfaite connaissance de la construction des voiliers et de la navigation (Copenhague, S. M. f. K. et Hirschsprungske Samling ; Louvre). Théoricien, il publia des ouvrages sur la perspective (1833-1841). L'influence de son enseignement fut décisive sur la formation de Wilhelm Bendz, de Constantin Hansen et de Christen Købke, dont les œuvres formèrent ce qu'on a pu appeler l'âge d'or de la peinture danoise.