Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Ceruti (Giacomo)

Peintre italien (Plaisance 1691  – Brescia apr. 1760).

Réhabilité récemment par la critique, il est considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands peintres italiens du XVIIIe s. La majeure partie de son œuvre, et la plus connue, est composée de peintures de genre et de portraits d'un réalisme dépouillé et d'une grande intensité psychologique (Portrait du comte G. M. Fenaroli, Corneto, Lombardie, coll. du comte Fenaroli ; Portrait d'un jeune homme fumant, Rome, G. N. Gal Corsini ; la Jeune Fille à l'éventail, Bergame, Accad. Carrara ; Portrait d'une religieuse, Milan, musée Poldi-Pezzoli ; Portrait d'homme, musée de Seattle) ; les peintures de genre sont le plus souvent représentées avec des personnages grandeur nature (différence essentielle par rapport aux Bamboccianti du XVIIe s.) : scènes de la vie populaire (Brescia, pin. Tosio-Martinengo ; Padernello, Lombardie, coll. des comtes Salvadego-Molin), mendiants (" pitocchi ", d'où le surnom du peintre), représentés seuls (Bergame, coll. Bassi-Rathgeb ; Brescia, coll. Nobili-Seccamani ; Padernello, coll. des comtes Salvadego-Molin) ou en groupe (Brescia, pin. Tosio-Martinengo ; Padernello, coll. des comtes Salvadego-Molin). Ces peintures étaient souvent réunies en séries ; l'une d'entre elles, intacte et admirable, est conservée dans cette collection de Padernello. On lui doit aussi des Natures mortes (Milan, Brera). À la différence de tant de " peintres de genre ", Ceruti exclut toute tentation de souligner l'anecdotique ou le pittoresque, toute tendance à marquer une supériorité de classe par rapport à la réalité populaire qu'il représente. Son observation de la vie des pauvres gens est toujours d'une totale gravité, l'exécution picturale d'un réalisme rude et insistant, mais jamais vulgaire ni pesant. Une telle attitude à l'époque où dominait le Rococo ne pouvait guère flatter le goût dominant et explique en partie le silence qui entoura sa carrière et la rareté des renseignements dont on dispose à son sujet. Citons, cependant, celles de ses œuvres auxquelles se réfère un document ou une date. Le Portrait du comte Giovanni Maria Fenaroli (1724, Corneto, Lombardie, coll. Fenaroli), semble être la plus ancienne. Le talent de l'artiste s'était certainement affirmé à Brescia lorsqu'en 1729 le podestat Andrea Memmo lui commanda 15 " portraits symboliques " pour le Broletto, ancien palais communal dont seul subsiste sans doute un Portrait équestre de commandant (Florence, Fondation Acton). En 1734, Ceruti signe un contrat pour les tableaux d'autel de Gandino (Nativité et Mort de la Vierge). Il est possible que ces tableaux, d'une qualité médiocre et sans rapports stylistiques avec ses " peintures de genre ", aient été l'œuvre d'un autre peintre à qui il aurait pu confier la commande.

   La même année, il peint la Madone au rosaire pour l'église d'Artogne, près de Brescia. Après l'exécution du Mendiant (1737, coll. R. Bassi-Rathgeb), il signe un contrat pour les deux " pale " de l'église S. Antonio à Padoue (1738). En 1739, il figure dans la liste des habitants de cette ville et peint deux grands tableaux ovales avec les Portraits d'un gentilhomme et d'une dame (Brescia, coll. part.).

   À Plaisance, en 1743, il exécute le Portrait d'un condottiere. Enfin, il reçoit un paiement, en 1757, de l'Ospedale Maggiore de Milan pour le Portrait du noble Attilio Lampugnani Visconti. Une exposition a été consacrée à l'artiste (Brescia) en 1987.

Cesare da Sesto

Peintre italien (Sesto Calende, Lombardie, 1477  – Milan 1523).

C'est l'un des élèves les plus connus de Léonard de Vinci ; Vasari signale sa première activité v. 1505, à la Rocca di Ostia, aux côtés de Peruzzi. Certains auteurs s'appuient sur cette indication pour lui attribuer une fresque de style vincien, à S. Onofrio à Rome, tandis que d'autres, au contraire, y voient l'œuvre de Boltraffio. Il travailla certainement avec Léonard de Vinci durant la seconde période milanaise de celui-ci, donnant à ses compositions, chargées de clair-obscur, une plastique un peu lourde (Madone, Brera). À Messine, à partir de 1514, toujours influencé par son maître, il peint l'Adoration des mages (Naples, Capodimonte), où les figures, d'inspiration léonardesque, sont groupées dans une riche mise en scène dérivée de Raphaël. Il laisse inachevée l'imposante " Pala " de Saint Roch, commandée en 1523 (ce qui en subsiste est conservé à Milan, au Castello Sforzesco) ; son art, tributaire à la fois de Vinci et de Rome, y traduit déjà un goût maniériste dans l'éclat sculptural des formes. C'est à cette époque (et non dix ans auparavant, comme on le pense habituellement) qu'il exécute, sur un fond du Flamand Bernazzano, le grand Baptême du Christ (Milan, coll. part.). Il est aussi l'auteur de la Vierge à l'Enfant avec saint Roch et saint Jean-Baptiste de San Francisco (De Young Memorial Museum).

Cesari (Giuseppe) , dit le Cavalier d'Arpin

Peintre italien (Arpino 1568  – Rome 1640).

Il arriva à Rome en 1582 et les premières informations relatives à son activité remontent à sa participation à la décoration des " logge " de Grégoire XIII au Vatican, dirigée par Pomarancio et I. Danti, qui influencèrent sensiblement ses débuts. C'est en effet à Pomarancio que se réfèrent encore les œuvres exécutées dans le cloître de la Trinité des Monts (v. 1585), dans le palais de Corradino Orsino (1583-1589) et dans l'église de S. Atanasio dei Greci. À partir de 1589, date des travaux pour la décoration de l'église de S. Lorenzo in Damaso, commandée par le cardinal Farnèse (les fresques, fort vantées dans les textes contemporains, sont perdues), sa renommée est définitivement établie : elle résistera même, après 1600, à l'imposante personnalité d'A. Carracci et symbolisera l'opposition du milieu officiel romain à la peinture de Caravage. Après un voyage à Naples (1589) pour décorer le chœur de la chartreuse de S. Martino (où il reviendra en 1596 pour exécuter les fresques de la voûte de la sacristie), Arpin travailla à Rome dans la chapelle Olgiati de l'église Sainte-Praxède, (1593-1595), dans la chapelle Contarelli à Saint-Louis-des-Français (commande datée de 1593), dans la salle des Conservateurs au Capitole (1593 : scènes de l'Histoire de Romulus et Remus et de la Bataille avec les Sabins), à Saint-Jean-de-Latran (1599-1601 : direction de la décoration du transept) et à Saint-Pierre (1603-1612 : cartons pour les mosaïques de la coupole). Il fit entre-temps un voyage à Ferrare (1598) et en France (1600). C'est après sa collaboration avec Guido Reni dans la chapelle Pauline à Sainte-Marie-Majeure (1610-1612) que l'on situe, d'après les sources, les œuvres qui ont subsisté, le début de son déclin, aisément décelable dans les dernières scènes peintes pour la salle des Conservateurs à partir de 1635 (Fondation de Rome, Vestales et Rapt des Sabines), scènes dont la qualité médiocre est due aussi, en partie, à l'intervention de l'atelier. Sa manière décorative, tendre et plaisante, au dessin fluide et au chromatisme changeant, inspirée de celle de Baroche, répond parfaitement au goût qui régnait à Rome pendant les dix dernières années du siècle et dont il fut, grâce à son extrême réceptivité, le représentant le plus recherché.