Ugolino di Nerio
Peintre italien (documenté à Sienne de 1317 à 1327).
Il fut le plus fin et le plus remarquable continuateur de l'art de Duccio, dont il donne une exquise interprétation dans le sens du Gothique, sans toutefois trahir les conceptions de son maître. Il exécuta le grand Polyptyque à plusieurs registres superposés de l'église S. Croce à Florence, aujourd'hui dispersé, où, au XVIIIe s., Della Valle lut sa signature. Les musées de Berlin, la N. G. de Londres, le Museum of Art de Philadelphie (coll. Johnson), le Metropolitan Museum (coll. Lehman) conservent entre autres des panneaux (Saints ou Scènes de la Passion de la prédelle provenant de ce polyptyque). On attribue à Ugolino notamment le Polyptyque (n° 39) et l'admirable Crucifixion (n° 34) de Sienne (P. N.), une prédelle avec la Crucifixion et deux donateurs (Londres, Courtauld Inst.), un Saint François de S. Casciano Val di Pesa (confrérie de la Miséricorde), plusieurs polyptyques avec la Vierge et l'enfant et des Saints à mi-corps (Williamstown, Clark Art Inst. ; musée de Cleveland) et plusieurs Madones (Louvre ; Florence, Pitti, donation Contini-Bonacossi), une Crucifixion (Madrid, fondation Thyssen-Bormenisza) et Sainte Anne et la Vierge enfant (Ottawa, National Gallery of Canada).
Ugolino di Prete Ilario
Peintre italien (documenté à Orvieto de 1357 à 1384 – v. 1404).
Les repeints qui ont défiguré les fresques de la chapelle del Corporale au dôme d'Orvieto, exécutées entre 1357 et 1364, rendent difficile l'étude de la formation et de l'évolution stylistique de ce peintre (pourtant, la restauration d'autres zones presque intactes, étrangement négligées jusqu'ici par la critique, pourrait fournir des indications intéressantes). L'art d'Ugolino apparaît dans toute sa maturité dans l'œuvre principale qui nous reste de cet artiste : la grande décoration du chœur du dôme d'Orvieto, exécutée entre 1370 et 1380 avec des aides, dont Cola Petruccioli et Andrea di Giovanni en particulier. Ugolino eut un rôle de chef d'école, car les peintres orviétans de la seconde moitié du trecento se formèrent tous en collaborant avec lui à l'exécution de fresques dont il était finalement le responsable. Le cycle du chœur d'Orvieto est caractérisé par une observation attentive des " incidents " de la vie quotidienne, unie à une recherche d'épisodes lumineux dans les costumes, dans les paysages, dans la couleur, tendant toujours aux registres clairs et lumineux. À l'église S. Giovenale (Orvieto) se trouvent aussi 4 tondi figurant les 4 Évangélistes, une Annonciation et une Adoration des bergers de sa main.
Uhde (Fritz von)
Peintre allemand (Wolkenburg, Saxe, 1848 – Munich 1911).
Après avoir commencé des études à l'Académie de Dresde, Uhde fit une carrière militaire de 1867 à 1877. De 1877 à 1879, il résida à Munich et se consacra dès lors à la peinture. En 1879-80, il travailla à Paris chez le peintre hongrois Munkácsy et exposa ensuite régulièrement au Salon. Il se fixa ensuite à Munich.
Ses sujets de prédilection sont des tableaux de genre ou des scènes bibliques transposées dans l'ambiance réaliste et sentimentale de son époque, comme le Christ chez les paysans (1887, Paris, musée d'Orsay), Viens Seigneur Jésus, sois notre hôte (1885, musées de Berlin). Un peu misérabiliste, son art montre la condition des pauvres et célèbre la grandeur du labeur des champs (les Glaneurs, 1889, Munich, Neue Pin.) ; son art comporte des œuvres d'un naturalisme franc (Homme enfilant son manteau, 1885, Hanovre, Niedersächsisches Landesmuseum) et peut se rapprocher de celui de Lhermitte ou de Cazin en France, y compris par la technique claire, légère et pochée. Dans ses œuvres tardives, Uhde fut influencé par l'Impressionnisme (les Filles de l'artiste au jardin, 1906, Cologne, W. R. M.).
Uitz (Béla)
Peintre hongrois (Timisoara 1887 – Budapest 1972).
Élève de K. Ferenczy à Budapest, Uitz réalisa en 1910 une série de fusains dont la conception monumentale et le modelé vigoureux influencèrent profondément les jeunes peintres hongrois de la génération suivante, en particulier Szönyl. Il fut un membre marquant des Activistes, groupés autour des périodiques A Tett (Action, 1915-16) et Ma (Aujourd'hui, 1916-1919), dirigés par son beau-frère Kassák. Son intérêt s'est porté, à cette époque, vers le dynamisme expressif de Nemes Lampérth.
Comme chez cet artiste, le dessin occupe une place importante dans son œuvre, où les encres de Chine de couleur, de grand format, sont traitées comme des peintures à l'huile (Vue de Városliget, Budapest, G. N. H.). À la suite de ses activités sous la République des Conseils, il fut contraint d'émigrer en 1920. Il vécut d'abord à Moscou jusqu'en 1922, puis à Vienne et à Paris ; en 1926, il obtint la nationalité soviétique et s'installa à Moscou. Ses albums d'eaux-fortes réalisées en Union soviétique annoncent l'œuvre graphique de Derkovits. Uitz est représenté à Budapest (G. N. H.) et à Moscou (musée Pouchkine).
unisme
L'Unisme est un programme artistique créé par le peintre polonais Wladyslaw Strzemiński et formulé par lui dans sa brochure Unizm w malarstwie (Unisme dans la peinture, Varsovie, 1928). Ancien disciple de Malévitch et propagateur du Constructivisme en Pologne, dès 1923 Strzemiński cherche sa propre voie plastique pour aboutir enfin à l'élaboration, plus théorique que picturale, d'un nouveau système de composition qui repose sur une " objectivation absolue de l'œuvre ". En effet, l'esthétique de l'Unisme reconnaît dans l'existence objective du tableau sa seule raison d'être, voulant ainsi éliminer toute valeur non plastique : évocative, émotive, symbolique. Dans l'esprit de Strzemiński, l'œuvre, purifiée de cette manière, peut alors s'unir à l'ensemble des objets constituant son environnement. Les couleurs et les lignes, visibles sur la toile (dont chaque centimètre carré possède la même valeur), doivent créer une unité organique et homogène. Dans ses compositions unistes — il en exécuta environ 10 —, Strzemiński s'efforçait d'obtenir l'homogénéité de l'abstrait et du concret, en utilisant dans ce but la monochromie et les systèmes de lignes en relief, légèrement courbées. À l'épisode uniste, dont l'importance, dans l'ensemble du mouvement constructiviste polonais, est incontestable, participèrent également Katarzyna Kobro, la femme de Strzemiński et auteur de nombreuses sculptures unistes, ainsi que, d'une manière moins signifiante, J. Lewin et S. Wegner.