Biedermeier (style)
Le mot Biedermeier, dû au poète L. Eichrodt (1850), vient de la contraction des noms Biederman et Bummelmeier, par lesquels Victor von Scheffel avait désigné deux personnages de la bourgeoisie allemande en 1848. Péjorative à l'origine, cette dénomination de la culture bourgeoise de 1815 à la révolution de 1848 succède au Romantisme. Elle s'applique à la peinture abondante de cette époque, que distinguent une conception sensible de la nature, une exécution précise de haute qualité et une prédilection pour les petits formats.
Le style Biedermeier fut surtout illustré par des paysagistes (Kobell, Gensler, Waldmüller, Blechen, Gärtner), des portraitistes (Krüger, Begas, Hess, Stieler, Amerling, Oldach, Wasmann), des peintres de scènes de genre (Schwind, Ludwig Richter, Spitzweg, Schrödter) et des peintres d'histoire (Bendemann, Rethel, Lessing).
Bierstadt (Albert)
Peintre paysagiste américain d'origine allemande (Solingen, près de Düsseldorf, 1830 – New York 1902).
Les parents de Bierstadt émigrèrent aux États-Unis en 1832 et il passa son enfance et sa jeunesse à New Bedford, dans le Massachusetts. Il exposa quelques œuvres en 1851-1853 avant de partir étudier en Allemagne, à Düsseldorf (1853-1855), puis en Italie (1855-1857) avec W. Wittredge, Leutze et S. R. Gifford. Revenu aux États-Unis (1857), il se joignit à une expédition d'exploration dans les montagnes Rocheuses (1858-59). Ce devait être le premier voyage d'une longue série, Bierstadt devenant pour le public le peintre des paysages de l'Ouest. Son Orage dans les Rocheuses (1859, Boston, M. F. A.) établit sa réputation et il fut désormais ardemment recherché par les collectionneurs. Il s'essaya aussi au genre historique durant la guerre de Sécession (Attack on the Union Picket Post, 1862, New York, Century Association ; Bombardement de Fort Summer, v. 1862, Union League of Philadelphia), et le Congrès lui commanda deux scènes historiques pour le Capitole de Washington (la Découverte de la Rivière du Nord par H. Hudson, l'Expédition de Vizcaino débarquant à Monterey en 1601, 1875), mais ce sont ses paysages qui firent sa gloire et sa fortune. Bierstadt ne cessa de voyager : dans l'Ouest en 1863, ce qui devait fournir à son compagnon, le journaliste F. Ludlow, la matière de son livre The Heart of the Continent, 1870 ; en Europe à deux reprises (1867-68 ; 1878-1881) ; sur la côte du Pacifique (1871-1873) ; dans le Labrador et au Canada (1881 et 1889).
Il donna ainsi de vastes panoramas de la nature américaine, emprunts de romantisme, souvent de grande taille mais soucieux également du détail (les Montagnes Rocheuses, 1863, New York, Metropolitan Museum). La critique lui devint moins favorable après 1890 mais le public lui conserva sa faveur. On lui doit également de petits tableaux décrivant la vie pittoresque de l'Ouest : The Impending Storm (1869, Washington, Corcoran Gallery). Ses œuvres ont été présentées à San Francisco en 1991.
Bigot (Trophime)
Peintre français (Arles 1579 – id. apr. 1650).
Le nom de Trophime Bigot, identifié avec le Trufemond ou le Trofamone des chroniques romaines du XVIIe s. et avec le " Maître à la Chandelle " de l'érudit anglais Benedict Nicolson, est un des derniers que l'on ait récemment introduit dans l'histoire de l'art français. Parmi toutes les " nuits " caravagesques qui ne pouvaient être attribuées ni à Georges de La Tour, ni à Honthorst, ni à l'un des disciples du maître d'Utrecht, un groupe de tableaux fut constitué, sur lequel des recherches d'archives (J. Boyer) permirent de proposer un nom, celui de Bigot. Ce peintre semble avoir quitté sa patrie v. 1605 pour se rendre à Rome, où il séjourne jusqu'aux alentours de 1634. De retour à Arles, il y exécute, pour les églises locales, une série de tableaux (Assomption, Arles, Saint-Trophime et Martyre de saint Laurent, église de Saint-Césaire, tous deux de 1635 ; autre Assomption, 1639, église de La Tour-d'Aigues) qui auraient perdu ce dépouillement, cette simplification des formes et cette gravité qui caractérisaient les créations romaines de l'artiste. Ces dernières (l'œuvre du " Maître à la Chandelle " de Nicolson) une cinquantaine de tableaux stylistiquement fort voisins, représentent dans une gamme colorée rougeoyante très caractéristique des scènes nocturnes éclairées " à la chandelle ", en général avec des personnages cadrés à mi-corps : Jésus enfant avec Joseph charpentier (Hampton Court), Saint Sébastien soigné par les saintes femmes (Bologne, P. N.). Souper d'Emmaüs (Chantilly, musée Condé), Allégorie de la Vanité (Rome, G. N., Gal. Corsini). On trouve aussi dans l'œuvre de Bigot des figures en buste (Rome, Gal. Doria Pamphili). Deux au moins des trois tableaux de la chapelle de la Passion à l'église romaine de S. Maria in Aquiro, autref. donnés à Honthorst, lui sont attribués avec certitude (Lamentation du Christ, Couronnement d'épines) ; ils montrent, exception dans l'œuvre du peintre à Rome, des personnages vus en pied. L'identification du " Maître à la Chandelle " avec Bigot n'est pas uniquement acceptée.
Bijl (Guillaume)
Artiste belge (Anvers 1946).
Guillaume Bijl conçoit ses premières œuvres au sein de l'esprit critique et anarchiste des années 70. Dès son projet S. O. S. liquidation de l'art, il développe un propos relevant de la fiction et interrogeant l'objet dans une optique du monde organisée en structures closes. Bijl signale ces entités par des installations stéréotypées réalisées à l'échelle 1/1 (Institut psychiatrique, 1981 ; Abri antiatomique, 1985 ; Centre d'information de l'armée, 1987), qu'il insère dans les lieux réservés aux expositions d'art contemporain (musées ou galeries). Grâce à une perfection mimétique, il provoque ainsi une confusion des espaces concernés. L'interprétation des désirs constitue le thème de ces tableaux vivants en forme de redoublement, dont l'effet de miroir clarifie le processus d'une vie sociale organisée autour de besoins personnels, notion que Bijl réfute. À l'instar des rayons de grands magasins (Nouveau Supermarché, gal. Litmann, Bâle, 1990), ces " opérations fallacieuses " s'ouvrent sur l'indicible et le grand nombre. Les œuvres récentes de Bijl, les Compositions trouvées, manifestent un intérêt pour le fragment, où la partie vaut pour le tout, telle une nature morte à trois dimensions.
Bijl démantèle également le système de la production artistique avec l'exposition Four American Artists (1987-1988, Milan puis Dortmund). Rassemblant quatre artistes fictifs, dont l'inexistence est compensée par des œuvres à la mode (néo-expressionnistes, néo-conceptuelles) et par un appareil biographique et bibliographique, cette exposition fixe le caractère convenu de la diffusion et de la réception de l'art. Inassimilable aux artistes simulationnistes américains comme Haim Steinbach, Bijl radicalise la violence contenue dans le ready-made de Marcel Duchamp et accorde une attention picturale à l'esthétique des lieux publics. Ses Compositions ont été présentées (Paris, gal. I. Brachot) en 1993 et une exposition a eu lieu (Anvers, M. A. C.) en 1996.