Bruly Bouabré (Frédéric)
Peintre ivoirien (Zeprégühé 1923).
Après avoir traversé une importante expérience mystique en mars 1948, Frédéric Bruly Bouabré se consacre, parallèlement à divers emplois dans l'administration coloniale, à l'élaboration d'une écriture susceptible de retranscrire la langue vernaculaire de son ethnie Bété. Il met au point pour cela un syllabaire de plus de 400 pictogrammes permettant la transmission de cette écriture qu'il enseigne à plusieurs étudiants et à laquelle Théodore Monod consacre une analyse en 1958. Passionné d'ethnologie, Bruly Bouabré livre par ailleurs plusieurs études sur les scarifications, les méthodes de comptabilité primitives, les échanges commerciaux du continent noir. Il est surtout l'auteur d'une série importante de dessins réalisés à la bille ou au crayon de couleurs sur des cartons découpés (9,5 x 15 cm) qui livrent chaque fois un récit plus ou moins élaboré mettant en scène soit des formes géométriques stylisées, des objets quotidiens ou des portraits détournés, qui constituent les éléments épars d'un répertoire de traditions vivantes, une véritable encyclopédie de la culture Bété classée ici suivant sa libre fantaisie. Chaque dessin est reporté sur une carte, numérotée et datée. Ses travaux ont fait l'objet de nombreuses expositions en Europe, notamment lors de l'exposition parisienne des Magiciens de la Terre (1989).
Brüning (Peter)
Peintre allemand (Düsseldorf 1929 – Ratingen – 1970).
Après avoir étudié de 1949 à 1952 chez Baumeister à Stuttgart, il séjourne deux ans à Paris, puis en 1961 à Rome. Brüning fait partie, à Düsseldorf, du " groupe 53 " dans lequel on retrouve Konrad Klapheck et Otto Piene. Attiré d'abord par l'abstraction lyrique, il réalise de nombreux tableaux dans lesquels le geste de l'artiste suscite et crée l'espace. Après 1961, Brüning dépasse l'écriture et aboutit au signe. En 1964, l'iconographie de la carte routière lui fait découvrir une nouvelle illustration du paysage (série des Légendes). À partir de 1967, dans la série Superland, des formules cartographiques rehaussent des photos de panoramas. En outre, le signe formel se concrétise, devient objet plastique (Moulins des routes, monument d'autoroute près de Wuppertal, 1968) ou boîtier lumineux. Grâce à la cartographie, où les signes sont à la fois porteurs d'information et figures plastiques autonomes, Brüning parvient à unir l'Op'Art au pop art sans abandonner ses propres réalisations dans le domaine de l'Informel.
L'artiste a participé à de nombreuses expositions collectives, notamment la Documenta II, III et IV, et plusieurs rétrospectives lui furent consacrées, notamment à Düsseldorf en 1970, Mannheim en 1971 et Bonn en 1972.
brunir
Opération, pratiquée spécialement à l'époque médiévale, qui consiste à polir et à rendre brillantes les feuilles d'or ou d'argent qui forment les fonds de certains tableaux, en écrasant, à l'aide d'une pierre (agate ou sanguine), d'une dent-de-loup ou d'un brunissoir en acier, les aspérités de la surface.
brunissoir
En peinture, c'est un outil formé d'une pierre lisse emmanchée (agate, hématite) ou d'un bloc d'acier sans arêtes, que l'on frotte à plat sur les fonds d'or et d'argent pour leur donner du poli.
En gravure, c'est un instrument en forme de poinçon que l'artiste utilise à plat pour effacer sur le métal, enlever les barbes ou aplanir les tailles peu profondes.
Brunswick (monogrammiste de)
Le nom de ce peintre anonyme anversois du XVIe s. vient d'un tableau monogrammé conservé au Herzog Anton Ulrich-Museum de Brunswick : le Repas des conviés. On s'interroge diversement sur la signification de ce monogramme et par conséquent sur l'identité de l'artiste. Est-il Jan Van Hemessen, Jan Van Amstel ou une personnalité distincte dont on ne connaît rien, tels Mayken Verhulst, belle-mère de Pieter Bruegel l'Ancien, ou Hendrik Van Cleve ? On avait groupé une vingtaine de tableaux autour de l'œuvre de base, mais il semble qu'on ne puisse en attribuer avec certitude que 5 au Monogrammiste. Dans l'Entrée du Christ à Jérusalem (Stuttgart, Staatsgal.), le Sacrifice d'Abraham (Bordeaux, coll. part.), l'Ecce Homo (Mauritshuis), le Repas des conviés de Brunswick, on note la même minutieuse palette claire, les mêmes faiblesses de composition où de nombreux personnages s'accumulent sans ordre dans un paysage sans atmosphère ; la 5e œuvre, le Golgotha (musée de Bâle), fait exception par sa valeur picturale, ses lignes plus souples et permet de rapprocher l'artiste de celui qui dut être son contemporain, Pieter Bruegel l'Ancien.
Brus (Günter)
Peintre autrichien (Ardning 1938).
Après avoir fréquenté la haute école des Arts appliqués de Vienne (1957-1960), il fonde en 1964, avec Muehl, Nitsch et Schwarzkogler, le " Wiener Aktionismus " (voir actionnisme). Il s'intéresse aux œuvres de Schiele, Gertz, Munch et Kubin, mais c'est surtout à partir de l'œuvre de Rainer qu'il va reconsidérer son propre dialogue avec l'informel. Son œuvre est faite de peintures corporelles, symbioses de son propre corps et de la peinture (Selbtsbemalung, 1964), de performances où, par son constant recours à la provocation scatologique, il est le plus souvent nu (Selbtsverstümmelung, 1965), de photographies, de films d'action (Wiener Spaziergang, 1965), de dessins et d'écrits (Irrwish, roman, 1971). Vers 1970, il se détache de l'actionnisme et présente son œuvre dans de nombreuses expositions internationales (1976, Kunsthalle de Berne ; 1980, Biennale de Venise ; 1982, Documenta 7 de Kassel et Biennale de Sydney ; 1988, Kunst-halle de Hambourg, Serpentine Gallery de Londres). Günter Brus continue à travailler, participant à de grandes rétrospectives sur l'actionnisme, comme celle présentée à Vienne (Österreichisches Museum für Angewandte Kunst) en 1988. Une exposition (Paris, M. N. A. M.) lui a été consacrée en 1993-94.
Brusse (Mark)
Artiste hollandais (Alkmaar, Pays-Bas, 1937).
Installé en 1960 à Paris, Mark Brusse, par une production d'objets hétéroclites et débarrassés de tout souci formel (Maritime, 1963), sera, avec Erik Dietman et Robert Filliou, l'un des premiers diffuseurs de l'esprit Fluxus, allant jusqu'à collaborer avec le musicien John Cage. Il commence à s'intéresser, vers 1965-1967, à l'environnement créé par la juxtaposition d'œuvres au sein d'un espace. Il réalise alors une série de pièces géométriques recouvertes de laques vives, pour revenir ensuite au bois brut. Par l'utilisation de ce matériau empreint d'une tradition sentimentale, son travail se distingue de l'art minimal qui récuse toute volonté de signifier. En 1968, à la Kunsthalle de Berne, il occupe totalement une salle en y introduisant un immense cube de bois, rendant son accès impossible. Ainsi l'objet, n'ayant plus de fin en soi, témoigne d'un phénomène qui lui est extérieur. En 1977, Mark Brusse participe à l'exposition " Paris-New York " au M. N. A. M., à Paris. La Moderna Galerija de Ljubljana (Slovénic) lui a consacré une exposition en 1996. Plus récemment, ses œuvres rapprochent des matériaux composites (Endless, 1988, bronze et pierre) produisant, à l'écart de tout effet de mode, des images d'une poésie énigmatique.