Berlewi (Henryk)
Peintre polonais (Varsovie 1894 – Paris 1967).
Il étudia à l'École des beaux-arts de Varsovie (1906-1909), à celle d'Anvers (1909-10) et à celle de Paris (1911-12). Lié avec le groupe d'artistes Blok, il est l'un des précurseurs de l'Art abstrait en Pologne. Sa Nature morte aux bouteilles (1922, musées de Berlin) a été son premier tableau annonçant sa rupture avec l'Art figuratif. En 1922, il fit à Berlin la connaissance de Lissitsky, de Van Doesburg et de Richter. Sous l'influence des constructivistes russes et des néo-plasticiens hollandais, il interpréta d'une façon personnelle la peinture abstraite, qu'il voulait rapprocher de la mécanique. C'est sous le titre de Mechano-Faktura qu'en 1924 il publie à Varsovie une plaquette-manifeste qui accompagne sa première exposition d'œuvres abstraites, inspirées par des formes géométriques et par celles de la machine et qu'il présente volontairement dans un garage. La même année, la Mechano-Faktura, publiée en allemand dans la revue Der Sturm, accompagnait l'exposition de Berlewi à la galerie du même nom à Berlin. Entre 1947 et 1956, Berlewi énonce la théorie de la " réintégration de l'objet " (Fantôme de lady Macbeth), mais, dès 1957, il reprend ses expériences dans un style à la fois construit et lyrique. En 1961, il a fondé à Paris les Archives de l'Art abstrait de l'avant-garde internationale. Il vivra en France de 1928 à sa mort.
Berlinghieri (les)
Famille de peintres italiens.
Berlinghiero (actif à Lucques, documenté de 1225 à 1235 ; mort en 1236). Un document de 1228 nous apprend que, accompagné de ses fils Bonaventura et Barone et d'autres citoyens de Lucques, il prêta alors serment de paix avec les Pisans. Bien que le document l'appelle " melanese ", il est certain qu'il était originaire de Lucques. Ses œuvres connues (Crucifix peint du musée de Lucques, Madone du Metropolitan Museum) montrent bien l'origine de son art : le Crucifix de Lucques révèle, dans les types des figures et dans le chromatisme précieusement émaillé (révélé par la récente restauration), l'imitation de modèles byzantins ; cette imitation est également évidente dans la Vierge Odighitria, à mi-corps, peinte à la partie supérieure du crucifix. Un autre Crucifix, plus tardif, provenant de l'église de S. Salvatore de Fucecchio (maintenant au musée de Pise), vient d'être identifié : il porte la signature " Berlingerius Vulteranus me pinxit ".
Bonaventura (actif à Lucques et documenté de 1228 [alors qu'il devait être âgé de plus de dix-huit ans] à 1274). Fils de Berlinghiero, il fut aussi miniaturiste. Le retable de l'église S. Francesco de Pescia (près de Pistoia), représentant Saint François et six scènes de sa vie, daté de 1235, est authentifié par sa signature. En raison de leur affinité avec cette œuvre, un panneau avec Saint François recevant les stigmates (Florence, Accademia), un diptyque avec la Madone et l'Enfant et la Crucifixion provenant du couvent de S. Chiara de Lucques (auj. id.) ainsi que le Crucifix du couvent des Oblats à Florence ont été attribués à Bonaventura ou à son école. Ces œuvres montrent une parfaite assimilation du courant byzantin de stricte observance qui régnait à Lucques dès le XIIe s. et au début du XIIIe, courant illustré par le propre père de Bonaventura. Berlinghieri fut longtemps considéré comme le représentant d'une " manière nationale " cherchant à se dégager des mécanismes stylistiques figés de la culture tardive byzantine et se distinguant par une veine intense et pathétique. Toutefois, certains critiques le jugent au contraire tout à fait étranger au grand renouvellement qui, à partir de l'époque romane, intéressa la meilleure part de l'art italien.
Berman (Eugène)
Peintre américain d'origine russe (Saint-Pétersbourg 1899 – New York 1972).
Il quitte la Russie en 1918 pour venir à Paris étudier à l'Académie Ranson sous la direction de Maurice Denis et de Vuillard. Mais son style particulier s'est élaboré essentiellement sous l'influence de De Chirico et des périodes bleue et rose de Picasso ; il se caractérise par un romantisme fantastique, souvent surréalisant. En 1935, il émigre aux États-Unis, où il connaît une certaine notoriété grâce à ses tableaux de paysages imaginaires (Desolate Landscape, 1936).
Bermejo (Bartolomé)
Peintre espagnol (documenté de 1468 à 1495).
La carrière de ce peintre nomade, restée longtemps énigmatique, a pu être précisée grâce à la découverte de nouveaux documents et aux études menées depuis 1963 par J. Brown, E. Young et J. Berg Sobré. D'après la signature de la Pietà de la cathédrale de Barcelone, Bermejo serait né à Cordoue et vraisemblablement vers 1440. Mais ses premières œuvres témoignent d'une connaissance précise de l'art tel qu'il était pratiqué à Gand et à Bruges : la Dormition de la Vierge (Berlin) présente des similitudes iconographiques avec un tableau de même sujet peint par Petrus Christus, et le Saint Michel (Londres, N. G.) signé " Bartolomeus Rubeus " exécuté en 1468, pour l'église de Tous (Valence), rappelle l'archange du retable de Beaune de Van der Weyden et celui de Memling à Gdańsk pour les reflets sur l'armure. De cette première époque valencienne datent également la Vierge allaitant (musée de Valence), le Christ mort soutenu par deux anges (coll. Mateu de Barcelone), 4 panneaux relatant des épisodes de la vie du Christ (coll. Amatller et M. A. C. de Barcelone). Puis il travaille en Aragon ; pour l'église de Daroca, il peint le Retable de santa Engracia (Gardner Museum de Boston, musées de Daroca, de Bilbao et de San Diego, Calif.) et, entre 1474 et 1477, Saint Dominique de Silos (Prado), grandiose figure solennelle, hiératique et ruisselante d'or, d'une majesté paisible rarement égalée. Entre 1481 et 1486, il est de nouveau à Valence où le marchand gênois Francesco della Chiesa lui commande le triptyque de la Vierge de Montserrat pour la cathédrale d'Acqui Terme (Italie). Il peint le panneau central et les Osona terminèrent les volets. À partir de 1486, il est à Barcelone et participe avec Jaime Huguet au concours pour les portes d'orgue de Santa Maria del Mar. Pour la cathédrale, il exécute la Pietà avec saint Jérôme et le chanoine Desplà, signée et datée 1490, œuvre puissante, profondément originale par la vigueur expressive des figures et le traitement fantastique du paysage ; ensuite il trace le carton pour la verrière de la chapelle du baptistère représentant le Noli me tangere, exécuté par Fontanet entre 1493 et 1495. On lui attribue plusieurs panneaux aujourd'hui isolés : Saint-Jean-Baptiste dans un paysage (musée de Séville), Saint Damien (musée de Lisbonne), Saint Isidore (Art Institute de Chicago). L'influence de Bermejo fut prépondérante sur les peintres de la Couronne d'Aragon dans la seconde moitié du XVe siècle.