Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Rippl-Rónai (József)

Peintre hongrois (Kaposvár  1861  – id. 1927).

Formé à Munich, il vint à Paris en 1887 (travaillant avec Munkácsy jusqu'en 1890) et s'intéressa aux tendances décoratives du Postimpressionnisme (Femme en robe à pois blancs, 1889). Une toile réalisée en 1894 (Grand-mère, Budapest, G. N. H.) attira sur lui l'attention de Gauguin et des Nabis. Dès lors, avec son ami Maillol, Rippl-Rónai devint membre du groupe, dans lequel son talent lui assura une place de choix (Femme au jardin, 1897, id ; Tapisserie, jeune femme à la robe rouge, Budapest, M. A. D. ; Portrait de Maillol, 1899, Paris, musée d'Orsay). En 1902, il revint en Hongrie, où il peignit des paysages, des portraits et surtout des scènes de la vie familiale, d'une observation vivante et colorée, interprétées avec ampleur. Le chef-d'œuvre de cette période est sans doute Lorsqu'on vit pour ses souvenirs (1904, Budapest, G. N. H.), qui fait écho à ses meilleures compositions réalisées à Paris. Rippl-Rónai aborda ensuite un style richement décoratif, au dessin large et cloisonné, où les couleurs pures sont cernées d'un noir épais (Nature morte, Intérieur au fauteuil vert, 1910, id.). Après un nouveau séjour à Paris (1914), il rentra en Hongrie en 1915. Dans sa dernière période (1920), il préféra le pastel et réalisa des paysages et des portraits dont l'éclat et la vibration ont un caractère impressionniste (Équipages dans la rue Kelenhegy, 1924 ; Autoportrait, 1927, id.). Il exécuta la décoration du palais Andrassy à Budapest.

Rivalz (les)
ou les Rivals

Famille de peintres français.

 
Jean-Pierre (Labastide-d'Anjou, Languedoc, 1625 – Toulouse 1706). Il fut à Toulouse l'élève d'Ambroise Frédeau, termina sa formation à Rome, dans l'entourage de Poussin, puis revint à Toulouse comme peintre de la ville et ingénieur des remparts. Peintre et architecte du Capitole, il décora la salle des Illustres d'une grande fresque (disparue).

   Jean-Pierre s'est illustré dans tous les genres : la Visitation (cathédrale de Toulouse), Allégorie de la naissance du duc de Bourgogne (église des Minimes), Autoportrait, terminé par son fils Antoine (musée de Toulouse).

 
Son fils Antoine (Toulouse 1667 – id. 1735) fut son élève avant de devenir peintre de la ville (de 1673 à 1688). À Rome (1688-1701), il remporta le second prix de dessin avec Jupiter foudroyant les Titans (1694, Rome, Accademia di S. Luca). Peintre du Capitole de 1703 à 1735, il a décoré la galerie des Peintures (1701-1727, id.) et l'église des Frères mineurs (id.). Il a peint la Chute des anges (1727, cathédrale de Narbonne), la Flagellation (église de Castelnaudary), la Guérison de l'aveugle-né (Louvre) pour les Pénitents blancs, la Mort de Cléopâtre (musée de Dijon), le Portrait de son père (musée de Toulouse), son portrait seul (1726, id.) ou avec son épouse (av. 1735, coll. du baron de Puymaurin). Ces œuvres constituent ses meilleures réussites avec ses dessins (la Communion de Saint-Jérôme, Montpellier, musée Atger ; Cassandre traînée par ses cheveux et les Mégariens qui se font dévorer par les lions, Toulouse, musée Paul-Dupuy) et ses estampes originales, supérieures à celles qui furent gravées d'après ses compositions par Barthélemy Rivalz, son cousin (Toulouse 1692 ou 1724 – id. apr. 1772) . Ce dernier, inspiré par les Romains et les Bolonais, a cependant pastiché dans son Homme qui pile (musée de Toulouse) l'Ésope de Velásquez (Prado), qui n'avait pas été gravé. Antoine Rivalz fut le maître de Despax, son gendre, et de son fils Jean-Pierre le Jeune, dit le Chevalier de Rivalz (Toulouse 1718 – id. 1785) , peintre du Capitole de 1756 à 1777.

Rivera (Diego)

Peintre mexicain (Guanajuato 1886  – Mexico 1957).

Élève de l'École des beaux-arts de Mexico, il obtint une bourse pour achever sa formation en Europe (1908), travailla à Madrid, puis surtout à Paris, où il se lia avec Modigliani (Portrait de Diego Rivera, 1914, musée de São Paulo) et fréquenta le groupe des cubistes. Après une assimilation rapide de l'Impressionnisme et du Divisionnisme, il fut davantage retenu par un Cubisme synthétique proche de celui de Juan Gris (Paysage zapatiste, 1915 ; l'Architecte, v. 1916, Mexico, Musée national). Mais, en 1920-21, un séjour en Italie lui révéla Giotto, le décor mural et la fresque, et Rivera se désintéressa dès lors des solutions offertes par l'avant-garde parisienne. De retour dans son pays (1921), il devint le pionnier de la renaissance de la peinture mexicaine ; il chercha son inspiration dans la vie du peuple de souche indienne et adopta la technique du décor monumental précolombien (peinture à la détrempe et à la cire). Ses premières réalisations, en 1922-23 (amphithéâtre Bolívar à l'École nationale préparatoire), connurent un grand retentissement et furent suivies par beaucoup d'autres : École nationale d'agriculture de Chapingo (1926-27), ministère de l'Éducation publique (1927-28), ministère de la Santé publique (1929-30), Palais national (Histoire du Mexique, 1929-1935, 1945). En 1932-33, Rivera travailla aux États-Unis (comme ses compatriotes Orozco et Siqueiros), à Detroit, au Rockefeller Center, où il collabora avec Ben Shahn à une fresque consacrée aux travailleurs américains. Certains de ses motifs ornementaux sont empruntés au répertoire précolombien, et la stylisation relative des scènes et des personnages fit place rapidement à un réalisme vigoureux, qu'expliquent le souci d'un art social aisément accessible comme l'exaltation des vertus du terroir ou du machinisme nécessaire au XXe s. " Je voulais, dit Rivera, que mes tableaux soient un miroir de la vie mexicaine. " Le meilleur de son œuvre consiste également dans des tableaux de chevalet moins ambitieux, encore que de grand format, ayant pour thème l'existence du petit peuple et exécutés avec une franchise virile (la Broyeuse, 1926 ; Mère et enfant, 1935 ; le Marchand de fleurs, 1935, musée de San Francisco). Les dernières grandes compositions de Rivera furent exécutées pour la Cité universitaire (1953) et pour un pavillon de la Sécurité sociale (Histoire de la médecine, 1955). Soigné à Moscou en 1956, Rivera put assister au défilé d'Octobre, qui lui a inspiré un beau tableau (Défilé pour l'anniversaire de la Révolution russe, 1956). L'artiste est notamment représenté au M. O. M. A. de New York (Agrarian Leader Zapata, 1931).