Rodakowski (Henryk)
Peintre polonais (Lvov 1823 – Cracovie 1894).
Tout en faisant ses études juridiques à Vienne, il étudie la peinture à l'Académie des beaux-arts, chez Danhauser, Amerling et Eybl. Entre 1846 et 1850, il poursuit ses études artistiques à Paris chez Cogniet. De retour en Pologne, il réside à Lvov, Bortniki, Zakopane et Cracovie, avant d'aller achever sa formation en Italie, en France et en Autriche. Auteur de quelques compositions historiques (les Envoyés du pape et de l'empereur suppliant Jean III de délivrer Vienne des Turcs, France, château Montrésor ; une crise décorative, intitulée les Bienfaits de la culture, pour le Parlement de Galicie à Lvov), il est considéré comme l'un des plus éminents portraitistes du XIXe s. en Pologne. Citons le portrait du général Dembiński (1852, musée de Cracovie), représentant, dans une ambiance romantique, le vieux guerrier polonais, noble et pensif, et le Portrait de la mère de l'artiste (1853, Łódź, musée Sztuki). La composition harmonieuse, l'élégance et l'attitude, le coloris fin et lumineux caractérisent cette dernière œuvre, dont Delacroix écrivait dans son Journal qu'elle était " un vrai chef-d'œuvre ".
Rodin (Auguste)
Sculpteur et dessinateur français (Paris 1840 – Meudon 1917).
Le grand statuaire aima toute sa vie dessiner, et ses dessins, qui se trouvent pour la plupart au musée Rodin (Paris), reflètent assez fidèlement les phases de son évolution de sculpteur. Il étudia à la " petite école " où enseignait Lecoq de Boisbaudran et, plus tard, auprès de Carrier-Belleuse. Ses études anatomiques, ses croquis d'après les maîtres et ses dessins d'architecture ont beaucoup d'intérêt. À la suite du scandale de l'Âge d'airain et de la commande officielle de la Porte de l'Enfer, Rodin fit entre 1880 et 1900 de nombreuses esquisses inspirées par la Divine Comédie de Dante et les Fleurs du mal de Baudelaire. Ces évocations, qui constituent un des points majeurs de son œuvre dessiné, expriment avec force son sens profond du drame humain. Ce sont des apparitions angoissées, des damnés contorsionnés, des barques en perdition, mais aussi des étreintes éperdues et des mères protégeant leurs enfants. Les dessins, au crayon ou à la plume, sont rehaussés vigoureusement de gouache ou de lavis sombre et acquièrent ainsi un modelé d'une solidité toute sculpturale. La série des études concernant Ugolin et ses enfants est particulièrement tragique et expressive. Parfois, la couleur est étalée largement et Rodin joue de teintes étranges, roses et violines, cernées d'un épais trait noir ; parfois, des taches blanches soulignent les lumières sur les musculatures saillantes des corps. Son expérience de graveur (Victor Hugo, de face, 1884, musée Rodin) fait souvent traiter à l'artiste les ombres par hachures entrecroisées. Après la réalisation de son Balzac, à partir de 1900, Rodin dessine plus fréquemment afin de saisir les attitudes fugitives des modèles, qu'il fait évoluer librement autour de lui. Il croque ceux-ci d'un trait, tantôt incisif, tantôt flou, souvent multiplié pour détailler les étapes imperceptibles du mouvement, préfigurant ainsi les recherches du Futurisme. Il néglige les détails au profit de l'arabesque et de l'instantané : les visages sans expression, les pieds et mains informes n'appartiennent plus au langage graphique du XIXe s. mais débouchent sur l'Expressionnisme du XXe s. Ses aquarelles, très largement traitées, sont d'une grande beauté par leurs accords raffinés de tons clairs et le jeu décoratif, assez japonisant, de leurs aplats. Rodin pose, en effet, sur un dessin, souvent démultiplié, des plages de couleurs lumineuses. Passionné de danse — comme le furent Degas et Toulouse-Lautrec — , il évoque les poses hardies du french cancan mais surtout les attitudes novatrices de Loïc Füller, d'Isadora Duncan et de Nijinsky. Attiré par les danses orientales javanaises (1896) ou japonaises (Hanako, 1908), il exécuta en 1906, d'après des danseurs cambodgiens, une suite d'aquarelles. Ses nombreux nus féminins, accroupis, alanguis, érotiques ou saphiques, qu'il expose en 1908 à la gal. Devambez, influenceront fortement Bourdelle, Maillol, Campigli et Kolbe. Ils annoncent déjà par leur synthétisme les simplifications de Picasso et de Matisse, qui seront aussi vivement intéressés par ses jeux de collages. Le musée Rodin à Paris, ancienne demeure habitée par l'artiste, conserve un ensemble de ses œuvres. Un autre musée est consacré à l'artiste (musée Rodin, Meudon).
Rodrigues (Simon)
Peintre portugais .
Peut-être formé en Italie, il a dirigé à Lisbonne un atelier fort achalandé dont les commandes, provenant du centre et du sud du pays, l'occupèrent pendant la plus grande partie de sa carrière. C'est vers 1590 que l'on doit dater le Retable de sainte Hélène de Monte Calvario (Évora) et les principaux panneaux du maître-autel de la cathédrale de Portalegre. Parmi les œuvres de Rodrigues exécutées en collaboration avec Domingos Vieira Serrão, citons le retable de l'abside de l'église do Carmo (Coimbra, v. 1597) ainsi que les retables du maître-autel de S. Cruz de Coimbra (1612, auj. à la sacristie de l'église do Carmo, Coimbra) et de l'abside de la chapelle de l'université de Coimbra (1612-13). Rodrigues est également l'auteur du retable de l'abside de la cathédrale de Leiria (v. 1610). À l'activité de son atelier se rattachent, par affinités stylistiques, de nombreux panneaux dispersés entre les églises de Coimbra, d'Évora, d'Elvas et de Tomar. L'artiste signait en 1620, en collaboration avec Domingos Vieira Serrão, un contrat pour plus de 20 tableaux, destinés au monastère de Santa Cruz de Coimbra, qui n'ont pas été retrouvés. Sa présence est encore signalée à Lisbonne en 1628. Peintre de la Contre-Réforme, en relation avec les Jésuites, Rodrigues utilise des thèmes qui sont ceux des dévotions contemporaines (Enfance et passion du Christ, Scènes de la vie de la Vierge). Son œuvre, de dessin parfois maniériste et de couleurs austères, suit le sillage de Vasari et d'autres maîtres italiens.